La légende, et rien de moins ! L'écusson d'ArianeGroup annonce la couleur. Crédits ArianeGroup
La légende, et rien de moins ! L'écusson d'ArianeGroup annonce la couleur. Crédits ArianeGroup

C'est la dernière ligne droite. Les équipes du Centre spatial guyanais vont bientôt hisser les deux satellites militaires Syracuse 4b et Heinrich Hertz avec leur coiffe sur Ariane 5. Cette dernière tentera de s'élancer le 16 juin pour son ultime mission, tandis qu'au sol il faudra faire place au démantèlement.

Un chapitre se referme !

Il faut en parler (sauf des satellites)

C'est un dilemme que les équipes de communication auraient sans doute voulu éviter. Le dernier tir d'Ariane 5, après vingt-sept années de carrière et plus d'une centaine de décollages… Et il est, hasard du calendrier, dédié à deux satellites militaires. Un Français (Syracuse 4b) et un Allemand (Heinrich Hertz) qui vont être éjectés vers une orbite de transfert géostationnaire, avant d'aller assurer des communications chiffrées et sécurisées pour les armées des deux pays (H. Hertz est aussi dédié à la recherche). Deux charges utiles bien discrètes… pour un décollage qui voudrait être une fête ! Au Centre spatial guyanais, comme sur tous les sites industriels qui produisent depuis près de 30 ans les composants pour celle qui est devenu un fleuron européen, c'est une page de l'histoire des lanceurs qui se tourne !

La dernière Ariane 5 presque assemblée (il ne reste que le composite supérieur). Crédits ESA/CNES/Arianespace/CSG/S.Martin
La dernière Ariane 5 presque assemblée (il ne reste que le composite supérieur). Crédits ESA/CNES/Arianespace/CSG/S.Martin

Tout est (presque) prêt

Il ne reste que dix jours avant le décollage, et actuellement les deux satellites doivent être à l'étape de la mise sous coiffe. Le plus petit des deux satellites est installé sous le SYLDA, qui sert à superposer les deux véhicules, tandis que le plus lourd est placé sur le dessus. Les deux sont ensuite recouverts par la longue coiffe d'Ariane 5 ECA (et éventuellement par une extension, selon leur taille, que l'on appelle une virole). Une fois l'ensemble sous coiffe, cette dernière est soulevée et installée sur Ariane 5 au sein du BAF, le bâtiment d'assemblage final. Trois jours avant le décompte final, toutes les équipes se réunissent pour donner le feu vert, puis environ 48 heures avant le tir, Ariane 5 est transférée sur sa zone de lancement. Reste ensuite la longue et stressante chronologie de pré-lancement, avec le remplissage des réservoirs d'hydrogène et d'oxygène, puis les autorisations météorologiques… Tout se terminera avec l'allumage des moteurs et le top du DDO, le directeur des opérations.

C'est aussi la dernière fois qu'on voit rouler un lanceur avant longtemps en Europe, les autres (Vega et Ariane 6) restent sous leur portique jusqu'au moment du lancement. Crédits ESA/CNES/arianespace/CSG/S.Martin

La fin d'une légende !

Il s'agira du 117e et dernier lancement d'une fusée Ariane 5, connue pour ses lancements lourds et son impressionnante fiabilité, l'une des meilleures au monde depuis 2002 (les premières années, elle ne brillait pas tant). Devenue chère à opérer, elle devait être progressivement remplacée par Ariane 6, mais cette dernière est en retard, et la période assurant une continuité entre les deux puissants lanceurs européens n'a finalement pas eu lieu. Pour économiser, la norme était en effet de commander des lots d'Ariane 5, et la dernière commande de dix a eu lieu en janvier 2018. Il n'est donc plus possible, et depuis plusieurs années, de rajouter des fusées alors que l'outil industriel est progressivement démantelé et orienté vers sa successeure. Au Centre spatial guyanais, il faudra également penser à cette reconversion, avec plusieurs bâtiments inutiles d'ici peu, comme le BIL (bâtiment d'intégration lanceur), le BAF ou la zone de lancement, l'ELA-3. Tous les regards seront pourtant tournés un peu plus à l'ouest avec les derniers (et les plus importants) essais combinés d'Ariane 6 à l'ELA-4…

Elle va nous manquer. Crédits ESA

Source : dlr.de