Encore marginalisé et méconnu il y a quelques semaines, la très forte flambée du bitcoin, jusqu'à 266 dollars le 12 avril dernier, l'a projeté sur le devant de la scène. Sauf qu'il a depuis connu un krach sans précédent. Mardi, le cours peinait à dépasser les 50 dollars, avant de reprendre une légère progression depuis, aux alentours des 75 dollars à l'heure actuelle. Cette volatilité en fait pour le moment une valeur difficile à appréhender.
Le bitcoin, une monnaie jeune et volatile
Le bitcoin n'est rattaché à aucune entité matérielle. Il est généré de toute pièce au moyen d'un algorithme mathématique opensource des plus complexes. Son cours ne dépend en réalité que de la seule spéculation, de la politique de l'offre et de la demande sur les plateformes d'échange. Il en existe plusieurs, la plus connue étant MT Gox, concentrant à elle seule près de 70% des transactions.- Pour aller plus loin, voir : Bitcoin : une monnaie virtuelle pas comme les autres
Inutile de chercher une quelconque autorité de régulation, le bitcoin s'en affranchit. Il s'agit de l'un de ses principes fondateurs, créé en marge des systèmes monétaires classiques et de ses potentielles dérives. Le bitcoin ne tire sa crédibilité que de son émaillage sur tout le réseau. Plus celui-ci sera dense, plus il gagnera en stabilité, grâce au système de génération dégressive et limitée de la devise, le « bitcoin mining ».
La monnaie restant jeune, personne n'est à ce jour capable d'en estimer la valeur réelle. Cette incertitude de long terme accentue ainsi encore un peu plus la spéculation à brève échéance. Ce que confirmait à l'AFP Gavin Andresen, le responsable scientifique de la Fondation bitcoin, « avec des gens qui voient que le prix monte et veulent se lancer, faire de l'argent, et ensuite s'en aller avant que (le prix) s'effondre ».
Le bitcoin tirerait donc sa volatilité de ses propres caractéristiques. A en croire les spécialistes, il faudra sans doute plusieurs années avant que son cours ne se stabilise réellement. En attendant, les investisseurs ont donc intérêt à avoir le cœur bien accroché...
L'histoire d'une bulle qui enfle, qui enfle...
Jusqu'au 12 avril dernier, le bitcoin voyait son cours grimper continuellement, atteignant un plus haut de 266 dollars. Une appréciation découlant en premier lieu de la rareté de la monnaie, à la manière d'une matière première de référence telle que l'or. L'offre a effectivement été limitée à 21 millions d'unités dès sa création. Ce seuil devrait être atteint d'ici à 2040. A ce jour, 11 millions de bitcoins transitent déjà sur le réseau.Vincent Pellizzari, trader au sein du courtier RTFX à Malte, n'y voit que le schéma de la bulle spéculative par excellence. « Je dirai que dans un premier temps ce qui a fait monter le prix du bitcoin c'est la confiance que lui ont apporté les premiers utilisateurs. Par la suite un engouement s'est créé autour ». Pour preuve, la création d'un premier hedge fund spécialisé dans l'investissement en bitcoins, basé à Malte.
La formation de la bulle spéculative pourrait aussi avoir des origines plus étonnantes. Elle se serait notamment accentuée du fait de la crise chypriote, servant de valeur refuge aux yeux d'investisseurs apeurés devant la lourde taxation des actifs qui se profilait.
... et finit par exploser
Le 13 avril, le bitcoin lâchait 80% de sa valeur, aux alentours des 54 dollars. Un effondrement, un krach difficilement compréhensible pour nombre de commentateurs. « Il s'agit de la cinquième dégringolade du cours de la jeune devise », rappelle Vincent Pellizzari. Mais jamais elle n'avait été aussi brutale. Plusieurs pistes ont alors été avancées. Le japonais MT Gox expliquait ainsi officiellement cette tendance par la difficulté à gérer les transactions suite à un afflux massif de nouveaux utilisateurs. Le ralentissement du service aurait poussé nombre d'entre eux à se débarrasser de leurs devises.Reste que le service a également (surtout ?) été victime d'une attaque DDoS d'envergure, l'obligeant même à suspendre le marché. L'objectif supposé des hackers ? Racheter du bitcoin bradé après avoir engendré la méfiance de ses utilisateurs.
Les failles du bitcoin ne s'arrêteraient pas là. Des chercheurs en sécurité de chez Kaspersky Lab ont ainsi déniché un malware circulant sur le net via le service de télécommunication en ligne Skype, au moyen d'un URL invitant à télécharger un fichier corrompu. S'en suivait l'installation de logiciels malveillants capables d'abuser des ressources GPU et CPU des machines des « miners » pour générer des bitcoins. De quoi remplir sans effort les portefeuilles électroniques des pirates.