L’apocalypse numérique est-elle pour 2015 ?

Olivier Robillart
Publié le 29 mars 2011 à 17h38
Depuis quelques jours, une passe d'armes fait frétiller certains spécialistes du numérique. Suite à une tribune publiée par Michel Riguidel au sujet de la nécessité de mieux réguler Internet afin d'en prévenir les dangers, de nombreux experts s'opposent à cette vision « chaotique » du Net.

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Dans une tribune publiée sur LeMonde.fr, Michel Riguidel a donné sa vision de l'avenir numérique. Son article, « Un chaos numérique est possible en 2015 », évoque la fragilité du cyberespace et l'urgence « d'inventer des instruments de sécurité, opérés par des instances légales ».

Il précise : « Une politique numérique industrielle volontariste doit changer la feuille de route de cette urbanisation balkanisée de boîtes noires en une architecture consolidée. Il reste à imaginer une ingérence numérique démocratique afin de reconquérir notre souveraineté numérique ». En postant cet article qui prône une intervention étatique dans la gestion du réseau, de nombreuses voix se sont élevées.

L'un des plus prompts à répondre fut Jean-Marc Manach sur le blog Bug Brother (hébergé par LeMonde). Le billet intitulé « Non, l'apocalypse numérique n'est pas pour 2015 » met à mal les positions du chercheur. Il précise : « sur l'Internet, il ne peut pas y avoir de souveraineté numérique, ou alors il faudrait nous expliquer qui serait en droit d'exercer cette souveraineté : l'Hadopi, le gouvernement français, celui des Etats-Unis ? ».

La question de l'essence même d'Internet et de son architecture sont soulevés. Manach insiste : « L'internet est un réseau décentralisé, mondial, conçu pour que les paquets d'information arrivent à destination, quelles que soient les routes utilisées. Sauf à imaginer un gouvernement mondial, je ne vois pas de quelle souveraineté Michel Riguidel voudrait parler ».

Dès lors, de nombreux experts reconnus ont également contesté la position de l'enseignant-chercheur. C'est le cas notamment de Stéphane Bortzmeyer (Architecte systèmes et réseaux à l'AFNIC) qui, sur son blog, met en doute les connaissances techniques de Michel Riguidel : « Michel Riguidel est à l'Internet ce que les frères Bogdanoff sont à l'astrophysique : un imposteur ». Il rapproche même ces positions à un principe bien connu du monde de la sécurité: « Ceux qui n'ont rien à se reprocher n'ont rien à craindre »...

Riguidel et l'Hadopi

Certains connaissaient peut être déjà Michel Riguidel. Partisan du Deep Packet Inspection (il détient d'ailleurs un brevet sur la sécurisation des flux), il avait donné sa vision de la neutralité du réseau dans une vidéo publiée sur le site de l'Arcep. Ce chercheur participe également aux travaux de l'Hadopi. Il a en charge d'établir de nouvelles spécifications fonctionnelles, sorte de feuille de route technique, afin de labelliser les logiciels de sécurisation. Riguidel doit donc donner le La de la sécurisation d'une ligne à domicile pour les néophytes de la sécurité.

Outre les réactions sur Twitter, La Quadrature du Net s'est également exprimée sur le sujet. Son porte-parole Jérémie Zimmerman a expliqué à PcInpact, au sujet du « rétrécissement de tuyaux » évoqué par Michel Riguidel : « Peut-être que tout ce qui ne correspondrait pas à la notion d'un Internet civilisé pourrait ainsi, selon le bon vouloir du gouvernement, se retrouver exclu ? On imagine le sort qui serait réservé à des sites comme Wikileaks, ThePirateBay, ou toute forme d'expression citoyenne venant chatouiller les narines du pouvoir en place »...
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