Free a de nouveau jeté un pavé dans la mare, avec l'annonce hier du passage à 1 Gb/s de son offre fibre. L'annonce a beau tenir de la communication, compte tenu du nombre d'abonnés (environ 60 000) et du quasi arrêt du déploiement (selon les estimations du site francois04), l'arrogance de l'opérateur a suscité de vives réactions d'un concurrent, d'experts mais aussi et surtout du régulateur.
La promesse trompeuse d'un débit « dédié »
Dans un communiqué ciblant directement le fournisseur d'accès à Internet, ce qui est un événement en soi, l'Arcep reproche effectivement au groupe Iliad « le caractère parfois inexact » de ses annonces, qui sont « de nature à induire en erreur les utilisateurs ».Dans son propre communiqué PDF, Free prétend effectivement que les utilisateurs peuvent oublier la notion de « jusqu'à », généralement associée aux débits des connexions à Internet, car son réseau FTTH point à point offrirait un « débit dédié », contrairement à la FTTH GPON d'Orange, de SFR et de Bouygues Telecom ou au FTTLA de Numericable.
L'infrastructure en question
Mais il y a bien un stade à partir duquel les connexions sont mutualisées. Si Free peut effectivement délivrer 1 Gb/s à chacun de ses abonnés depuis ses nœuds de raccordement optique (NRO), sur la boucle locale, ce n'est pas garanti au-delà, sur la collecte (des NRO au réseau national de Free) puis sur les interconnexions avec d'autres opérateurs (peering).L'autorité de régulation des télécoms tient à souligner que « le service offert aux utilisateurs dépend aussi du dimensionnement de l'ensemble de son infrastructure ». Elle donne à ce titre l'exemple problématique de YouTube : « Sauf à ce que Free ait massivement investi dans l'amélioration de ses capacités d'interconnexion, ses annonces ne correspondent pas à l'expérience des utilisateurs qui visionneront des vidéos en ligne ».
SFR, vexé de s'être à nouveau fait doubler, n'a pas manqué de revendiquer le dimensionnement approprié de son réseau lorsqu'il a lui aussi annoncé le passage de son offre à 1 Gb/s. Contacté par nos soins, l'opérateur avait également vanté les mérites du GPON, selon lui parfaitement à la hauteur, plus évolutif et retenu à ce titre par l'Arcep et d'autres acteurs mondiaux.
Une connexion bridée par la Freebox ?
Quoi qu'il en soit la Freebox ne permettrait pas, dans la plupart des cas, de profiter de 1 Gb/s. Un comble ? Des tests de débit le montrent pourtant.Lorsqu'il fait lui-même office de routeur, comme dans la quasi totalité des cas, le Freebox Server ne délivre pas plus de 400 Mb/s en réception via ses ports Gigabit Ethernet, comme l'ont constaté les membres du forum La Fibre. C'est certainement dû à la conception interne du routeur, à une bande passante insuffisante entre la puce chargée de la fibre optique et la puce du switch Gigabit Ethernet. Naturellement le Wi-Fi N ne permet pas d'atteindre des débits élevés.
Les plus téméraires peuvent atteindre près d'1 Gb/s en utilisant leur Freebox en « mode bridge », après avoir appliqué la mise à jour 2.0.6 publiée hier. Dans ces conditions il faut utiliser un routeur externe (ou se contenter d'un seul ordinateur)... et renoncer à l'utilisation du Freebox Player (à moins de pouvoir et de savoir configurer un VLAN).
Autrement dit la fibre à 1 Gb/s de Free a tout d'un effet annonce, puisqu'elle ne sera exploitable que par une infime partie de ses rares bénéficiaires.