Le 1ᵉʳ avril dernier, ASUS annonçait une console portable à travers une vidéo qui pouvait laisser croire à un poisson très élaboré. À la surprise générale, le constructeur confirmait dès le lendemain le sérieux de l'annonce. Certainement motivée par le succès du Steam Deck de Valve, Asus, marque de grande renommée sur le matériel gamer, se lance sur le marché des consoles portables sous architecture PC. Avec une telle expertise sur les composants, les périphériques et l'intégration, on ne peut qu'être impatient de savoir ce que cette ROG Ally, annoncée plus performante sur tous les points que le Steam Deck, a dans le ventre. Réponse dans ce test.
- L'écran flatteur et l'excellent contraste
- Les performances
- La prise en main
- Les faibles nuisances sonores
- Windows 11 pour la compatibilité
- La console ultime pour le cloud gaming
- La surcouche Armory Crate SE pas encore au point
- Les profils optimisés pour les jeux inexistants
- La croix directionnelle
- L'autonomie « tout à fond »
Fiche technique ASUS ROG Ally (Z1 Extreme)
© ASUS
Nous avons réalisé ce test sur près de trois semaines avec une ROG Ally prêtée par ASUS. Le hardware est définitif, mais le logiciel est en préversion. Comme pour le Steam Deck, on peut s'attendre à des améliorations plus ou moins importantes dans les mois à venir si Asus assure efficacement le suivi de sa console. Le modèle que nous avons testé est le seul vendu en France, embarquant le Z1 Extreme d'AMD et 512 Go de stockage SSD. Ce modèle sera disponible en France le 13 juin, et les précommandes seront disponibles le 11 mai chez Fnac-Darty, Boulanger, Cdiscount et sur l'eShop d'Asus pour 799 €. Un abonnement de 3 mois au Xbox Game Pass PC est inclus avec la console.
ROG Ally : un PC au format console portable
Comme pour le Steam Deck, la ROG Ally adopte un design de console portable, mais fonctionne sous une architecture issue du monde PC. L'avantage de cette solution, c'est la compatibilité avec toute la logithèque dématérialisée que vous possédez déjà. Vous avez l'habitude de jouer sur PC fixe ou portable ? La ROG Ally vous permettra de jouer à vos jeux n'importe où. Et, le fait que la console tourne sous Windows 11 rend l'intégralité de votre ludothèque compatible, y compris les jeux utilisant des logiciels anti-triche, souvent non compatibles avec le Steam Deck.
Mais ne vous y trompez pas, le format console portable ne gomme pas les spécificités du jeu vidéo sur PC. Ici, il faudra configurer ses jeux pour tirer le meilleur parti de la ROG Ally. Que vous vouliez les meilleurs graphismes, les meilleures performances ou l'autonomie la plus importante, il faudra jouer avec les paramètres des jeux pour adapter l'expérience à vos besoins. On est loin de la facilité d'utilisation d'une Nintendo Switch, mais d'un autre côté, la flexibilité inhérente au monde PC permettra aux utilisateurs avertis de faire à peu près tout ce qu'ils veulent. Pour ceux intéressés par le sujet, Nerces a testé récemment la GPD Win 4 qui embarque également Windows, mais ajoute au format un clavier coulissant.
Design, écran et prise en main
ASUS livre sa console dans un packaging bien bling bling comme on l'aime, mais étonnamment compact. La console est livrée bien emballée, avec un chargeur secteur USB-C compatible avec la charge rapide 65 W, mais pas de sacoche de transport, pourtant indispensable pour ce type d'appareil. Dans la boite, vous trouverez également un petit support pour la maintenir en mode « dock ».
© Colin Golberg pour Clubic
Le design de la console est plus original que celui du Steam Deck. Pour le modèle testé, ASUS a choisi un boitier blanc du plus bel effet. Si l'on espère que celui-ci vieillira bien sans trop virer vers le jaune, le rendu de l'appareil neuf est très agréable. Le design est orienté gamer, mais avec le juste équilibre pour ne pas tomber dans le too much. Finalement, c'est principalement la base des deux sticks, équipée d'un anneau RGB qui apportera cette touche fantaisiste. Que l'on aime ou non, la fonctionnalité est évidemment désactivable.
L'écran est parfaitement intégré, et les deux grilles des haut-parleurs l'encadre de part et d'autre. Concernant le placement des touches, nous sommes ici en terrain connu, puisque c'est le placement classique Xbox. Deux boutons supplémentaires sont présents pour ouvrir les surcouches de configuration d'ASUS. Sur l'arrière de l'appareil, le constructeur a ajouté deux boutons palette supplémentaires. Utile pour les jeux qui demandent beaucoup de commandes différentes, comme les simulateurs par exemple.
© Colin Golberg pour Clubic
Pour notre part, la prise en main nous a semblé excellente, plus confortable que sur le Steam Deck. Bien qu'ayant des mains plutôt petites, pas besoin de se contorsionner pour atteindre les gâchettes et les boutons latéraux RB/RT ou LB/LT. De même, les sticks sont beaucoup plus souples que sur le Steam Deck, se rapprochant de la souplesse des sticks de la DualSense de chez PlayStation. En revanche, la croix directionnelle au matériau glissant nous semble peu précise, ce qui pourra repousser les aficionados d'émulation. Notons aussi qu'ASUS n'a pas utilisé de sticks à effet Hall, probablement pour réduire la facture.
Enfin, les plastiques utilisés pour le boitier sont texturés pour offrir un grip efficace, et même après de longues sessions de jeu, nous n'avons pas eu les mains moites et glissantes, ni de fatigue particulière. Le format réduit et le poids inférieur à celui du Steam Deck améliorent considérablement la prise en main sur ce point-là.
Un écran magnifique
Point fort mis en avant par ASUS face à la concurrence, la ROG Ally embarque un écran tactile de 7 pouces, IPS Full HD avec une dalle 120 Hz compatible FreeSync Premium. Celui-ci peut monter jusqu'à 500 nits, et promet une résistance exemplaire face aux rayures en adoptant le Gorilla Glass Victus présents sur les smartphones haut de gamme, ainsi que le traitement anti-reflet DXC. On peut légitimement se demander si équiper une console d'un écran si performant n'est pas contre-productif, car plus la résolution et le taux de rafraichissement sont élevés, plus le besoin en ressources graphiques et énergétiques est important. Mais, qui peut le plus peut le moins, et profiter d'un affichage Full HD 120 Hz est très confortable lors de l'utilisation sur le bureau de Windows (nous y reviendrons) et dans les jeux peu gourmands.
Mais, ce qui frappe en utilisant cet écran, c'est la qualité de celui-ci. Les contrastes sont excellents, les couleurs flatteuses et le rendu global est très largement au-dessus de l'écran du Steam Deck, un excellent point pour la ROG Ally.
Windows 11 et Armory Crate SE, encore du travail
Point fort mis en avant par ASUS, la ROG Ally tourne sous Windows 11. L'OS de Microsoft est la plateforme principale pour le jeu vidéo sur PC, c'est donc le seul système qui permet une compatibilité totale avec tous les stores et launchers sur le marché : Steam, Epic Games Store, Xbox, EA App, Ubisoft Connect, GOG Galaxy et Battle.net. C'est donc un avantage concurrentiel par rapport au Steam Deck de Valve qui tourne sous SteamOS et demande parfois un peu de bricolage pour lancer certains titres (voire ne les lance pas du tout). Certes, on peut installer Windows sur le Deck, mais l'expérience n'est pas optimale. Pour notre part, nous pensons que SteamOS est le point fort du Deck, malgré ses limitations en termes de compatibilité.
Mais, Windows 11 est-il adapté à un écran de 7 pouces ? À Notre grande surprise, nous avons trouvé l'expérience plutôt agréable. Le mode tactile de l'OS de Microsoft fonctionne assez bien, et l'utilisation du stick droit et des gâchettes pour émuler la souris est également très efficace quand il s'agit d'être précis. De même, le clavier virtuel est réactif et la saisie des caractères se fait sans accroc. Windows oblige, il suffit de brancher un hub USB-C équipé d'une sortie HDMI pour brancher un moniteur PC ou une TV, un clavier et une souris, pour obtenir une expérience bureau traditionnelle. Sachez juste que pour le moment, l'écran externe est cantonné au 1080p60 ou 2160p30, (pas de 1440p60).
Armory Crate SE à la ramasse
Pour améliorer l'expérience et proposer une interface plus proche de celle d'une console de salon, ASUS propose Armory Crate SE, une variante de son logiciel embarqué sur tous les PC portables de la marque… Cet utilitaire — qui peut être ouvert à tout moment d'une pression sur le bouton dédié — permet de configurer la console, mais également de gérer sa bibliothèque de jeux. Un écran permet d'installer d'une simple pression tous les principaux launchers du marché (sauf Battle.net ?). L'utilitaire détecte ensuite les jeux installés et permet de les lancer sans passer par l'interface Windows.
Armory Crate SE permet également de gérer tous les réglages associés aux surfaces de contrôle, et de configurer des profils pour chaque jeu ou application. Sans pousser jusqu'au niveau du Steam Deck, la personnalisation reste suffisamment poussée pour que tout le monde s'y retrouve.
L'utilitaire permet également de régler les effets RGB des sticks, et d'installer les mises à jour. À ce propos, en trois semaines de test, nous n'avons reçu qu'une mise à jour mineure pour le clavier virtuel, là où pour le Steam Deck, nous recevions une voire deux MàJ par jour lors de la période de test. Espérons qu'Asus mettra vraiment des ressources sur le suivi logiciel de sa console. Un autre écran permet de configurer les profils de performances de l'appareil : « Windows », « Silencieux », « Performances » et « Turbo ». Il est par ailleurs possible de créer un profil manuel et de configurer finement le CPU (SPL, SPPT et FPPT).
© Colin Golberg pour Clubic
Enfin, d'une pression sur le bouton dédié, un overlay permet de rapidement switcher d'un profil de performance à un autre, de changer de mode de contrôle (manette de jeu ou « bureau » avec souris virtuelle), d'activer des fonctionnalités AMD (RSR ou RIS), de régler la luminosité ou de modifier la résolution et le taux de rafraichissement de l'écran (720p/1080p et 60 Hz/120 Hz). Enfin, il est possible d'activer un moniteur des performances en temps réel, et un limiteur de FPS (multiples de 15 : 15, 30, 45, 60).
Sur le papier, ça semble complet et idéal, mais c'est là que le bât blesse. L'overlay de configuration rapide est très capricieux, il refuse souvent de s'ouvrir et quand il s'ouvre, il est très peu réactif. Il faut parfois appuyer 4 ou 5 fois sur un élément pour qu'il s'active, ou bien attendre plusieurs secondes après une pression pour que les options daignent changer. On sent clairement que le logiciel est précoce, et on espère vraiment qu'Asus corrigera rapidement le tir. D'autant que tout fonctionne, il manque seulement la réactivité.
Performances et autonomie à la carte
Venons-en au nerf de la guerre, les performances et l'autonomie. Difficile de comparer le Ryzen Z1 Extreme de la ROG Ally (Zen 4 / RDNA 3) et l'Aerith du Steam Deck (Zen 2 / RDNA 2), mais voici nos mesures sur différents outils et jeux. Nous avons réglé la ROG Ally en mode « Turbo » (3O W) pour ne pas la brider dans les tests. Le Steam Deck est configuré à son maximum également (15 W).
À gauche la ROG Ally, à droite le Steam Deck (sous Windows) - © Colin Golberg pour Clubic
Sur 3DMark, la ROG Ally écrase sa concurrente, vérifions maintenant que ce scénario se reproduise en jeu :
Sur Cyberpunk 2077, l'un des jeux les plus exigeants du moment, nous obtenons un score de 71,30 images/sec sur le benchmark intégré. Nous avons utilisé le preset « bas » (avec le FSR 2.1 réglé sur « équilibré »)en 720p pour le comparer efficacement avec le Steam Deck qui atteint le score de 41,50 images/sec. Ici encore la victoire est écrasante.
Sur Shadow of the Tomb Raider, la ROG Ally obtient un score de 63 images/sec en réglages « haut ». De son côté, le Steam Deck ne dépasse pas les 41 images/sec.
Notez bien que nous testons les performances maximales, mais qu'en utilisation réelle, nous déconseillons d'activer le mode Turbo, sous peine de voir l'autonomie fondre comme neige au soleil, et les ventilateurs s'affoler. Dans le cas précis de Shadow of the Tomb Raider, il est intéressant de noter qu'en verrouillant le TDP à 15 W (identique au Steam Deck), on atteint une moyenne de 52 images/sec, soit 11 de plus que le Steam Deck, avec une chauffe et des nuisances sonores bien inférieures. À consommation égale, le Ryzen Z1 Extreme est plus efficace que l'APU du Steam Deck.
Sur ce point d'ailleurs, ASUS a fait un travail remarquable, et sa solution à deux ventilateurs est très efficace. C'est simple, à plein régime en mode « Turbo » sur un jeu exigeant, la console est largement moins bruyante que le Steam Deck. Avec le profil « Performance », adapté pour jouer dans de bonnes conditions, les nuisances sonores sont très faibles, voire totalement couvertes par les excellents haut-parleurs de la console. Les profils « silencieux » et « Windows » adaptés aux jeux peu gourmands (2D) et à l'utilisation de Windows en mode bureau poussent la barre encore plus haut avec une console parfaitement silencieuse.
Une autonomie qui dépendra de vos usages
Concernant l'autonomie, nous avons tâché de configurer un jeu très gourmand pour trouver un bon équilibre entre qualité graphique, performance et autonomie. Ainsi, nous avons effectué notre test sur Cyberpunk 2077, en 720p (en améliorant la netteté avec AMD RIS), puis en verrouillant le framerate à 40 images/sec. Nous avons sélectionné le preset « moyen », et activé le FSR 2.1 sur « équilibré », le tout sur le profil de performance de la ROG Ally « Performance ». Le TDP ne dépasse ainsi pas les 20 W, et nous avons pu jouer dans cette configuration près de 2 h. Bien sûr, en verrouillant le framerate à 30 et en passant en preset « bas », il est tout à fait possible de jouer bien plus longtemps.
Finalement, la flexibilité permise par les réglages d'un jeu PC est à double tranchant. D'un côté la puissance de l'appareil permet de jouer dans des conditions exceptionnelles pour un appareil aussi compact, de l'autre, plus on poussera les curseurs, plus l'autonomie sera réduite, ce qui peut forcément être déceptif. Il faudra faire des compromis en fonctions de vos besoins et envies.
À gauche le SSD de la ROG Ally, à droite celui du Steam Deck - © Colin Golberg pour Clubic
Concernant le stockage, ASUS a opté pour un SSD PCIe Gen4. Notre benchmark annonce d'excellents débits en lecture et écriture, bien supérieurs à ceux du Steam Deck en lecture notamment. Nous actualiserons ce test avec les débits en lecture/écriture du lecteur de carte MicroSD, que nous n'avons pas pu encore tester.
Un petit mot sur le Cloud Gaming
Si l'écran 1080p120 parait surdimensionné pour une console portable, en réalité celui-ci permet de profiter du cloud gaming dans des conditions exceptionnelles. Par exemple, GeForce Now Ultimate permet de jouer en 1080p120 à Cyberpunk 2077, avec toutes les options au maximum y compris le tout récent pathtracing. Et, la claque est monumentale, sans parler du fait que la consommation énergétique est minime, permettant de jouer des heures sans la moindre chauffe ou nuisance sonore. La ROG Ally est évidemment compatible avec xCloud et Shadow. Le pied !
Quid du prix ?
Disponible en précommande à 799 €, soit 120 € de plus que le modèle de Steam Deck le plus cher (512 Go de SSD également), la ROG Ally propose une configuration supérieure en tous points, logiciel mis à part. Si Asus déploie ne serait-ce que la moitié des efforts de Valve pour assurer le suivi et l'optimisation de sa machine, la ROG Ally devrait encore s'améliorer dans les prochains mois. Reste à savoir si cette console est faite pour vous, passé l'aspect « bijou technologique », il faut se demander si vos habitudes de jeu sont compatibles avec ce format. Si vous n'êtes pas prêt à faire des concessions pour obtenir une autonomie acceptable, ou que vous ne possédez pas déjà une bibliothèque de jeux dématérialisés, la formule ne fonctionne pas. Par contre, si la flexibilité de Windows vous attire, vous aurez la meilleure machine possible pour faire du Cloud Gaming, de l'émulation et du jeu AAA nomade dans de bonnes conditions.
ASUS ROG Ally : l'avis de Clubic
ASUS reprend la formule (gagnante) du Steam Deck et l'améliore sur quasiment tous les aspects. La prise en main est excellente, l'appareil plus compact et moins lourd. Le très bon écran fait toute la différence, et le Z1 Extreme permet non seulement de délivrer des performances impressionnantes pour le format, tout en maitrisant la chauffe et les nuisances sonores grâce à l'excellent refroidissement mis en place par ASUS. L'autonomie dépendra des réglages que vous effectuerez, mais avec des concessions, il est possible de jouer plusieurs heures sans avoir à se brancher au secteur. Bien sûr, en configurant le TDP de l'appareil sur 30 W, vous ne jouerez guère plus d'une heure et demie.
Si Windows 11 permet une compatibilité totale avec la ludothèque PC sans aucune bidouille, SteamOS apporte lui un environnement totalement pensé pour le Steam Deck, avec une facilité d'utilisation proche de l'univers des consoles traditionnelles et une optimisation poussée pour le hardware. Sur ce point, ASUS a encore du travail, et Armory Crate SE doit s'améliorer pour gagner en réactivité et stabilité. Si le constructeur met autant d'effort que Valve sur le suivi de sa console, alors la ROG Ally a de beaux jours devant elle. Pour son premier essai sur le marché des consoles portables, ASUS a fait de l'excellent travail.
- L'écran flatteur et l'excellent contraste
- Les performances
- La prise en main
- Les faibles nuisances sonores
- Windows 11 pour la compatibilité
- La console ultime pour le cloud gaming
- La surcouche Armory Crate SE pas encore au point
- Les profils optimisés pour les jeux inexistants
- La croix directionnelle
- L'autonomie « tout à fond »