Fini le simple luxe de ses premiers écouteurs True Wireless, Klipsch passe désormais à des horizons bien plus technologiques. Plus qu'une mise à jour du modèle pour inclure la réduction de bruit active, les T5 II ANC intègrent des options rares, voire uniques sur ce type de produit, et assument un tarif assez élevé (autour des 300 euros). La promesse d'un véritable très haut de gamme est-elle tenue ?
- Qualité de fabrication
- Isolation passive
- Qualité des aigus
- Assez innovant
- ANC et micros encore moyens
- Manque d'autonomie avec ANC
- Quelques instabilités de l'application
Le luxe se décline en induction
On retrouve sur ces T5 II ANC la signature caractéristique de la gamme d'écouteurs Klipsch, à savoir un positionnement esthétique luxueux - plus luxueux que la moyenne en tous cas. Cet élément est d'ailleurs particulièrement remarquable sur les boites de charge, de construction inox, qui surpasse en finitions la quasi-intégralité de ce qui existe sur le marché. Seuls quelques rares concurrents, comme les Master
& Dynamics, peuvent tenir tête à Klipsch sur ce point.
Surtout, Klipsch a légèrement sacrifié l'armure de métal des précédents modèles ou plutôt leur fond plat, maintenant en caoutchouc. Cette modification n'est pas le fruit du hasard : elle permet au boitier d'être compatible avec la recharge par induction et de tenir parfaitement debout.
Pour le reste, le constructeur fait gage d'une certaine épure. Les LED d'état (trois LED indiquant le niveau de charge du boitier) sont toujours discrètement placées derrière le clapet, leur lumière dépassant très légèrement de l'interstice. Pas de bouton ni d'aspérité, ce boitier est un bel objet de décoration qui réussit à dépasser le simple cadre de la recharge. Deux déclinaisons appliquées aux écouteurs et au boitier sont disponibles dans l'Hexagone : « gunmetal » (modèle testé), et « silver » (couleur métal classique).
Les écouteurs, eux, reprennent presque à l'identique la forme des précédents T5 II. Le corps est entièrement en polymère mat, et le dos est cerclé par une couche métallique, conférant un certain cachet. Sans vraiment surpasser des écouteurs comme les Sony WF-1000Xm4, les T5 II ANC imposent un design bien à eux, marqué par leur forme en deux parties : tige d'un côté, corps légèrement cylindrique de l'autre.
Dans le prolongement des modèles précédents, les T5 II ANC sont de vrais intra (canule marquée, et embouts assez pénétrants), ce qui n'est finalement pas si courant sur le marché des True Wireless qui nous a plus habitués aux semi-intra (façon Airpods Pro). Pour ne pas laisser trop d'utilisateurs de côté, pas moins de six tailles d'embouts en silicone sont disponibles (chacun venant avec l'extrémité de canule en plastique associée).
Cette topologie intra est assez intrusive, et de ce fait, pas appréciée de tous, mais Klipsch propose un modèle finalement assez confortable dans son genre, avec une assez bonne tenue, et un forme plutôt discrète une fois dans le creux de l'oreille. Reste que malgré la certification IPX4, il est très difficile d'envisager les T5 II ANC pour un usage sportif.
Enfin, les commandes par bouton impliquent de presser les écouteurs d'une certaine façon, afin de ne pas les pousser vers l'intérieur de l'oreille. Une simple zone tactile à effleurer serait peut-être préférable pour les futures versions.
Commandes complètes et application correcte
Avant même d'évoquer les possibilités atypiques des écouteurs, on note que leur ergonomie, de base, est déjà presque idéale. La disposition asymétrique des commandes permet d'assurer à peu près toutes les fonctions.
L'écouteur droit est chargé de la navigation dans les pistes, via un système de 1, 2 ou 3 clics, et peut appeler l'assistant vocal par défaut du smartphone. Côté gauche, les écouteurs peuvent changer le type de réduction de bruit (1 clic), et changer le volume (2 et 3 clics).
Les commandes à boutons permettent, seules, d'offrir une expérience à peu près complète, mais l'application Klipsch Connect apporte beaucoup. Comparé à notre test des anciens T5 II, son catalogue de possibilités a largement été étoffé.
Claire et polyvalente, Klipsch Connect affiche en page d'accueil, une fois les écouteurs reconnus, le niveau de batterie précis des deux écouteurs, et l'accès rapide (via des simples pastilles) aux fonctions suivantes : Egaliseur (prédéfinis et personnalisable), réglage du mode de réduction de bruit, interaction Bragi (chapitre suivant), accès aux paramètres, aide.
Ainsi, tout est accessible très facilement, et présenté de manière claire. Une fois dans les onglets, comme « paramètres » ou « interactions », de nombreux réglages sont disponibles, ce qui permet d'aller assez loin dans la personnalisation. S'il n'est pas possible de modifier l'action des boutons, un mode mono permet, si l'écouteur gauche seul est connecté par exemple, de lui assigner les mêmes commandes que l'écouteur droit (une gestion de la navigation dans les pistes donc).
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si l'application ne buggait pas. Nous avons en effet eu affaire à quelques plantages assez rares, mais le problème le plus gênant rencontré lors de notre test fut l'impossibilité de reconnaitre les écouteurs, pourtant bien connectés au smartphone. Cette erreur s'est reproduite de manière assez régulièrement, sans que nous puissions identifier la cause précise.
Abracada-bragi
Technologie supplémentaire implémentée dans les écouteurs, le système Bragi permet, ici, d'ajouter des contrôles par la gestuelle de la tête, en se servant de l'accéléromètre/gyroscope des écouteurs. Des mouvements de tête spécifiques permettent ainsi de déclencher une ou plusieurs actions spécifiques.
Il est par exemple possible de définir, dans un onglet dédié, des fonctions aussi simples que répondre à un appel (en faisant plusieurs fois « oui » de la tête), refuser un appel (en faisant « non » de la tête), ou passer des pistes (une option pour le moment en Beta, limitée aux premières secondes d'une piste). Le tout se fait en effectuant un très rapide calibrage, qui demande de tenir la tête droite.
À l'usage toutefois, cette fonction oscille entre le bon et le très moyen. Les mouvements horizontaux ont, dans notre cas, toujours été beaucoup plus
réactifs que les mouvements verticaux. Il faut, surtout, s'habituer au système.
On peut aussi questionner l'utilité du principe. Les actions citées peuvent en effet se faire bien plus simplement, avec une ou deux pressions sur les boutons, alors que la gestuelle de tête peut être synonyme de moment gênant en public, le tout sous la menace d'un déclenchement très aléatoire.
Et puis ces fonctions sont peu nombreuses pour le moment. Il est largement envisageable, à l'avenir, de proposer des actions plus poussées, qui seraient impossibles via les boutons. L'option « sauter la piste », que le constructeur indique en Beta, pourrait être une première étape vers un vrai écosystème par gestuelle. Pour l'heure, ces fonctions Bragi relèvent davantage du gadget que d'une fonctionnalité indispensable. Il y a du potentiel mais un manque de maturité. À voir si le constructeur assure un véritable suivi dans l'avenir.
Un lien des plus classiques, autonomie un peu légère
Si la forme et l'ergonomie des Klipsch T5 II ANC sont légèrement hors normes, leur connexion est bien plus classique. Sans doute pour conserver l'autonomie et la stabilité de la connexion, la marque fait l'impasse sur le support du codec AptX, comme c'était déjà le cas sur les modèles précédents. Les T5 II ANC ne prennent plus en charge que le SBC et l'AAC. Une régression qui n'est pas bien grave en pratique, mais qui aura sans doute un petit effet sur le marketing.
Sans trop de surprise, la connexion n'est pas multipoint, il n'est donc pas possible d'appairer le produit à plusieurs appareils (en audio).
En revanche, nous le disions précédemment, les Klipsch s'appuient toujours sur une connexion de type sniffing, avec possibilité d'utiliser les deux écouteurs en mono. Cette connexion est très stable, avec très peu de décrochages, bien que la portée reste moyenne.
L'autonomie des T5 II ANC dépend de plusieurs facteurs, principalement de l'utilisation ou non de la réduction de bruit active. Ici, la marque annonce environ 5 heures avec ANC, et 7 heures sans. Avec le boitier, cette autonomie passe à 21 heures.
En pratique, nous avons atteint environ 4 heures 40 d'utilisation avec ANC, et 6 heures 45 sans ANC. La performance est correcte, mais tout de même assez faible en mode ANC pour des écouteurs haut de gamme. La compacité du produit a clairement un rôle dans cette performance. Relevons tout de même que, avec trois cycles de recharge supplémentaires, le boitier rend la performance générale tout à fait acceptable.
Réduction de bruit active moyenne, microphone à tester
Une réduction de bruit assez performante n'étant déjà plus de la magie pour des écouteurs à moins de 100 euros, un modèle à 300 euros type T5
II ANC se doit de nous plonger dans un silence des plus complets.
Grâce à sa structure intra, et aux nombreux embouts, une isolation passive d'un excellent niveau est atteinte. Les aigus sont bien sabrés, et les médiums déjà assez attaqués.
En partie à cause de cette isolation passive déjà assez impressionnante, l'isolation active ne donne pas l'impression de se comporter comme celle d'un modèle haut de gamme. Klipsch propose une fonction correcte, mais qui nous laisse franchement sur notre faim par rapport à ce qui existe chez Sony ou, pour comparer à des écouteurs de même tarif, chez Devialet avec les Gemini.
La gestion des microphones est déjà bien plus agréable en mode Transparence. À défaut d'être extrêmement naturel, il est plutôt convaincant pour un modèle aussi isolant (en passif). Les médiums sont plutôt bien reproduits, sans exagération, et les aigus sabrés suffisamment tard pour ne pas donner une sonorité trop étouffée.
Malgré d'assez grandes prétentions, la partie « main-libre » n'est pas un modèle du genre. La qualité de captation est correcte en environnement calme, encore que la clarté ne soit pas le fort des T5 II ANC. En environnement bruyant, malgré une bonne réduction de bruit de fond, la voix peine un peu plus à ressortir. Une performance assez correcte, sans plus.
Un son multifacette
Avec les écouteurs True Wireless, « ce n'est pas la taille qui compte » : les meilleurs modèles du moment, comme les Sony WF-1000Xm4, ne dépassent pas les 6 ou 7 mm de diamètre, et Klipsch confirme cet adage avec son transducteur maison de 5,8 mm et sa membrane ultraplate de 3µm.
Aussi, en s'alliant avec Dirac, le constructeur apporte une nouveauté de taille à ses écouteurs : le Dirac HD. Ce traitement sonore, activé par défaut (mais désactivable dans l'application dédiée), analyse la reproduction sonore dans le conduit auditif, et améliore le son en temps réel grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle.
Cette analyse permet surtout aux écouteurs de s'adapter en permanence aux caractéristiques propres de notre oreille, afin de reproduire une
ébauche de « son 3D ». Cela se traduit plutôt par une sorte d'algorithme avancé, censé rendre l'espace sonore plus ample, plus cohérent, et par la même occasion augmenter le niveau de détails/séparation des détails.
Synthétiser notre expérience d'écoute est assez complexe, puisqu'il nous faut séparer les deux modes Dirac (activé et désactivé), et ANC. L'isolation de bruit active ne donne pas la même sonorité que les modes Transparence et ANC off (ces deux derniers étant équivalents). D'une manière générale, le mode ANC est moins technique que les deux autres, il creuse les bas-médiums pour accentuer les basses, ce qui donne plus de rondeur à l'écoute, et déborde même un peu sur les voix.
Sans Dirac HD
Vous aimiez le très bel équilibre tout en technicité des précédents écouteurs Klipsch ? Il faudra vous habituer au caractère un peu plus folâtre des T5 II ANC. Néanmoins, le tout reste assez contenu sans ANC, ce qui donne une sonorité plutôt équilibrée à l'oreille, même si un peu fluctuante dans les aigus.
Dans cette première configuration, Klipsch propose un rendu à la fois percutant et toujours assez technique. L'une des grandes forces de la
marque est sa bonne gestion des aigus, qui malgré un pic assez marqué dans les 8 kHz (un peu trop brillant selon les morceaux), délivre dans ce qui se fait de plus riche dans le secteur du True Wireless. Une certaine aération est là, les écouteurs savent être détaillés et tranchants sans être agressifs.
Le bas du spectre est plus percutant que rond, moins reposant que des Sennheiser Momentum TW2 par exemple, mais la bosse générale leur permet de ne pas sonner « plat ». Néanmoins, dans ce mode précis, les écouteurs ne seront pas pour tout le monde. Une cible relativement « audiophile » (je prends ce terme avec beaucoup de pincettes) y trouvera clairement plus son compte qu'avec l'immense majorité des écouteurs du marché. Seuls quelques modèles, comme les Kef MU3, se permettent encore plus de neutralité.
Avec ANC, et que cela soit volontaire ou non, la gestion des basses/médiums est déjà bien plus atypique. Les bas-médiums se creusent, et une montée sensible dans les basses fait son apparition. Cela a pour conséquence, en plus de mettre les voix en retrait, de substituer à son caractère percutant une personnalité bien plus ronde.
Les basses sont plus amples, ce qui a des avantages et des défauts suivant les pistes. Clairement, l'écoute reste intéressante, mais perd tout de même en aération, et s'éloigne déjà nettement de ce que propose Klipsch habituellement.
D'une manière générale, ce mode Off ne propose pas un son flamboyant, mais son excellent niveau technique lui permet de tenir le rang, en particulier dans les hautes fréquences. Le modèle est assez éloigné ce que des marques comme Sony, Devialet, ou même Sennheiser, ont pu mettre en place dans le haut de gamme, la scène sonore n'est par exemple pas d'une largeur et d'une profondeur fabuleuse, mais le résultat est pourtant plus qu'appréciable.
Dans l'ensemble, les Klipsch proposent une écoute dans la continuité technique des précédents écouteurs. Il y a plus expressif, plus maitrisé
dans les basses, et plus aéré, mais les écouteurs ne manquent pas d'intérêt. Nous pouvons tout de même regretter que la montée en gamme ne se répercute pas sur le son.
Avec Dirac HD
Difficile à définir, la qualité sonore avec le système Dirac dépend beaucoup des styles musicaux. À l'instar des mix en Atmos/360 Reality
Audio, cette représentation sonore censée être 3D se démarque surtout sur les pistes Live, ainsi que sur les morceaux déjà posés et aérés, type « bar jazz ».
Pour les autres morceaux, les écouteurs ont tendance à élargir la scène, et ramener les voix en avant. Cela peut donner des effets divers, en aérant l'écoute dans la plupart des cas, mais en introduisant potentiellement des effets de réverbération peu naturels. Tout est une question de dosage. Surtout, le volume sonore est plus élevé dans ce mode, ce qui participe à construire une illusion de meilleure qualité.
Avec Dirac, le son est sensiblement plus expressif, avec une signature en W très éloignée de ce que propose Klipsch habituellement. Le seul gros reproche à adresser au mode Dirac Off concerne l'apparition d'un pic très marqué dans les aigus, qui fatigue davantage à l'écoute. Avec un peu
d'habitude, ce mode est souvent plus adapté à une écoute nomade. Il accentue l'énergie, les détails, le tranchant, et arrive à le faire avec bien plus de maîtrise que l'essentiel des traitements sonores type 3D.
Pas inutile, le mode Dirac est plus à voir comme un complément de l'écoute standard. La marque s'essaie à un DSP avancé pour casser son image habituelle, et le rendu est loin d'être atroce. Il ne faut en revanche pas le voir comme un atout essentiel.
Klipsch T5 II ANC : l'avis de Clubic
Positionnés comme les écouteurs True Wireless les plus ambitieux de Klipsch, les T5 II ANC cumulent effectivement quelques superlatifs. Leur fabrication reste excellente, parmi les rares qu'on pourrait qualifier de luxueuses. Plus encore, le constructeur ose se démarquer de la concurrence par l'introduction de technologies atypiques, comme le traitement sonore Dirac HD et l'analyse de mouvements Bragi.
Malgré cette débauche de moyens, et un résultat globalement convaincant, les Klipsch sont loin d'être sans défaut.
La réduction de bruit active, cœur de ce type d'écouteurs, est très légère pour du haut de gamme, à l'instar de la gestion des microphones en mode main-libre. Pour les habitués Klipsch, la qualité sonore trahit légèrement les habitudes neutres de la marque, tout en conservant une très bonne qualité dans les aigus. D'autres petits détails, comme l'autonomie moyenne, ou l'application un peu instable, laissent encore une certaine marge d'amélioration à l'ensemble.
Bien finis, innovants et forts d'une très bonne qualité sonore, les Klipsch T5 II ANC font un joli pas en avant par rapport aux T5 II. Dommage que la marque n'ait pas insisté sur des points clés comme l'ANC et l'autonomie.
- Qualité de fabrication
- Isolation passive
- Qualité des aigus
- Assez innovant
- ANC et micros encore moyens
- Manque d'autonomie avec ANC
- Quelques instabilités de l'application