Le 5 août dernier, un Airbus A330 de la compagnie aérienne finlandaise Finnair a effectué son premier vol propulsé par un mélange comprenant 12 % de biocarburant. Le trajet reliant San Francisco à Helsinki a été répété le 7 août, et s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Push for Change » de la compagnie.
Fabriqué à partir d'huiles végétales recyclées et collectées en Californie, le biocarburant utilisé par Finnair lui aurait permis de réduire ses émissions de CO2 de 16 tonnes par vol.
L'initiative « Push for Change » de Finnair
Ces deux vols, propulsés en partie grâce au biocarburant, s'inscrivent dans le cadre de l'initiative « Push for Change » de Finnair. Lancé en janvier 2019, ce programme a pour objectif de favoriser la compensation des émissions carbone des vols de la compagnie.Sur la base du volontariat, les passagers sont ainsi invités à payer une « taxe de compensation » lors de l'achat de leur billet. Cette taxe s'élève à 1 € pour un vol interne et à 6 € pour un vol intercontinental, et permet de financer un projet de réduction de la consommation de charbon au Mozambique.
Aujourd'hui, il est également possible pour les passagers d'acheter du biocarburant à hauteur de 10 €, 20 € ou 65 € selon les vols, pour soutenir son développement et permettre à Finnair d'accroître son utilisation.
Pour la conception de ce biocarburant, la compagnie finlandaise s'est associée aux producteurs de carburants aéronautiques SkyNRG et World Energy, et a également bénéficié du soutien logistique de Shell Aviation. Finnair compte donc désormais sur les contributions des voyageurs pour développer son initiative « Push for Change » et l'utilisation du biocarburant pour ses avions.
Une démocratisation du biocarburant dans l'aviation ?
Finnair n'en est pas à son coup d'essai quant à l'utilisation du biocarburant : en 2011 déjà, la compagnie avait annoncé un vol entre Amsterdam et Helsinki propulsé par un mélange contenant 50 % de biocarburant.D'autres compagnies aériennes comme Lufthansa, Singapore Airlines, ou encore Thomson Airways ont également déjà expérimenté des vols effectués en partie grâce à des biocarburants à base d'algues, de canne à sucre ou encore de déchets organiques.
Pourtant, beaucoup de ces initiatives restent sans lendemain, et le biocarburant ne représente encore qu'une infime partie du carburant utilisé par les compagnies aériennes. En cause ? Son prix, jusqu'à 50 % fois plus cher que le kérosène classique et la nécessité d'adapter les moteurs des avions pour son utilisation.
La compagnie allemande KLM, en partenariat avec SkyNRG et SHV Energy, a annoncé en mai dernier son projet d'ouvrir la première usine européenne de « carburant durable » pour l'aviation. Située dans la province de Groningue, elle devrait voir le jour en 2022 et utilisera les flux de déchets de la région, telle que l'huile de cuisson usagée : une matière première qui n'entrera donc pas en compétition avec les cultures alimentaires et ne nécessitera pas de modifications techniques sur les moteurs.
Le secteur de l'aviation est aujourd'hui largement pointé du doigt : responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre, il est longtemps resté à l'écart des efforts internationaux de réduction des émissions CO2. À l'heure où le trafic aérien ne cesse de croître, il est impératif que les compagnies aériennes prennent enfin leurs responsabilités et s'engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en développant le biocarburant.
Via : aeroweb-fr.net