Le président de l'Arcep, Sébastien Soriano, a fait part de sa sensibilité quant au démantèlement potentiel des GAFA, et propose même une seconde solution pour mettre fin à ces super-monopoles.
Beaucoup considèrent que les géants du numérique comme Google, Apple, Facebook et Amazon, lancés à pleine allure et pour certains en situation de monopole extrême, doivent être freinés avant qu'il ne soit trop tard, appelant à un « démantèlement » de ces géants. Invité de l'émission On n'arrête pas l'éco chez nos confrères de France Inter le 14 septembre, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) pense que la question mérite d'être posée. Il va même un peu plus loin.
L'Arcep compte sur l'action de Margrethe Vestager
« Je crois que la question du démantèlement devra faire partie des questions importantes que devra regarder Margrethe Vestager », a réagi Sébastien Soriano. Lorsqu'on l'interroge sur le démantèlement des GAFA, le patron de l'Arcep pense instantanément à la Commissaire européenne à la Concurrence, véritable bête noire des grands noms du numérique, dont les pouvoirs ont d'ailleurs été fraîchement renforcés. La Danoise a notamment épinglé à plusieurs reprises Google, infligeant à la firme de Moutain View des amendes de plusieurs milliards d'euros.Sensible à la question du démantèlement, le régulateur y voit peut-être une opportunité de ramener un certain équilibre. « Je ne veux pas préjuger, mais la question doit se poser avec force », avance-t-il. « Mais le démantèlement n'est pas la seule possibilité (...), nous avons oublié qu'à la base, ce n'est pas Google qui a inventé YouTube, c'est une entreprise qui a été rachetée », ne manque-t-il pas de rappeler. Et c'est très juste, puisque le service vidéo fut bâti par d'anciens de PayPal en 2005, puis racheté un an et demi plus tard par le géant américain.
L'autre solution : annuler les acquisitions ayant permis aux GAFA de s'ériger en géants
Ainsi, Sébastien Soriano propose, comme solution alternative à un démantèlement, de se pencher sur les acquisitions réalisées par les GAFA. « Ne faut-il pas annuler ces acquisitions qui ont permis la constitution d'empires absolument colossaux », se demande-t-il, en faisant sans doute référence à ladite acquisition mais aussi à celles de WhatsApp et Instagram par Facebook, ou à celle de Twitch par Amazon, par exemple.Le président de l'Arcep considère aussi que la situation française des télécoms doit être un exemple pour créer un vrai marché autour des GAFA. « La seconde question, c'est celle que l'on a résolue dans les télécoms, il y a 20 ans. Il y avait un monopole, France Telecom. Nous avons créé les conditions pour que des entrepreneurs, comme Martin Bouygues, Xavier Niel et d'autres, puissent se lancer, être des concurrents et apporter du choix au consommateur. Et grâce à ce choix, créer une pression sur les monopoles et faire que les monopoles ne soient plus en capacité de dicter leurs conditions ».
« On ne peut pas accepter tout et n'importe quoi »
Cette dernière proposition a le mérite de faire écho à celle des responsables de la Commission européenne, qui ont récemment appelé leur présidente, Ursula von der Leyen, à créer un fonds de 100 milliards d'euros qui servirait à titiller les GAFA en aidant à la création de concurrents à la hauteur.« Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un choix extrêmement binaire, qui est de savoir si nous acceptons les conditions des GAFA, ou si nous nous passons de leurs services », constate Sébastien Soriano. « Vous n'avez pas le choix, c'est Google ou Google. On ne peut pas accepter tout et n'importe quoi (...) de la part d'entreprises qui se sont érigées en monopole et qui se comportent parfois comme des seigneurs féodaux ».
Source : France Inter