La décision du gouvernement philippin concerne principalement les services de cybersexe par webcam ou chat mettant en relation des femmes avec des clients par ordinateur interposé. Dans ce pays, cette activité, très lucrative, est également une plaque tournante pour la prostitution forcée de de jeunes femmes qui ne sont parfois même pas majeures. Précisément, la loi définit le cybersexe comme « l'engagement volontaire, le contrôle, l'entretien, ou l'exploitation, directe ou indirecte, de toute exhibition d'organes sexuels ou d'activité sexuelle, à l'aide d'un système informatique. » Elle cible donc les personnes qui entretiennent de tels réseaux.
A cette interdiction pure et simple s'ajoute de fortes amendes pour les internautes qui seront pris la main dans le sac, jusqu'à 250 000 pesos philippins - soit environ 4 600 euros. Cette dernière pourra être accompagnée d'une peine de prison, pouvant aller jusqu'à 6 mois.
Ce n'est pas la première fois que les Philippines se penchent sur la question du cybersexe : en 2011, deux Suédois ont été condamnés à la prison à vie pour avoir tenu une telle activité dans le pays. Dans la même affaire, trois Philippins ont été condamnés à 20 ans de prison pour complicité.
Cette loi entre dans le projet plus global de prévention de la cybercriminalité, qui interdit également le piratage et le cybersquatting de nom de domaine. Cette nouvelle interdiction intervient donc dans un contexte de criminalité sur Internet : on trouve également une loi visant à restreindre la diffamation en ligne, et qui prévoit de punir sévèrement les auteurs de tels commentaires, jusqu'à 12 ans de prison.
Une situation qui ne manque pas d'inquiéter les observateurs comme l'Electronic Frontier Foundation, qui estime que la loi sur la prévention de la cybercriminalité pourrait avoir un fort impact sur la liberté d'expression sur le Web philippin, en particulier sur ce dernier point.