Grâce à son Pixel dévoilé le 21 février dernier, Google étoffe sa gamme de Chromebook avec un modèle conçu par ses soins et qui s'éloigne significativement des autres modèles par sa qualité de fabrication. Enfin une vitrine pour Chrome OS ?
Jusqu'alors, le Chromebook, c'était un ordinateur portable à bas prix, dont les composants étaient proches de ceux de feu les netbooks. Ainsi il ne brillait pas forcément par son équipement. C'était le cas des premiers modèles d'Acer ou de Samsung sortis en 2011 (voir notre test), ou encore du dernier Chromebook en date, celui de Samsung (que nous avons également testé ici).
Aujourd'hui, la donne semble changer. En effet, le Chromebook de Google, dénommé Pixel, n' a rien d'un netbook. Car ce portable d'à peine 13 pouces est doté d'un processeur véloce, d'un écran de 2 560 x 1 700 pixels, et d'une qualité de fabrication tout bonnement exemplaire. Ne nous-y trompons pas, le Pixel chasse très clairement sur les terres du MacBook Pro Retina 13 pouces, ni plus ni moins.
Google voit-il en ce Pixel un nouveau moyen de promouvoir son Chrome OS ? En effet, ce premier portable by Google est doté de son système d'exploitation ultraléger basé sur son célèbre navigateur. Une machine de luxe pour un OS très pauvre ? Même si le Pixel n'est pour le moment pas disponible en France, nous voulions en savoir plus sur le premier portable de Google et vous faire partager nos impressions.
Sur les traces du MacBook Pro Retina 13 pouces
Il a fière allure, ce Chromebook. Il faut dire que Google a mis le paquet : le châssis d'un bloc en aluminium anodisé est du plus bel effet. Le design anguleux de l'appareil pourra paraître un peu abrupte à certains, d'autres trouveront ce choix au contraire très sobre, mais toujours est-il que personne ne pourra remettre en cause la qualité de fabrication de ce Pixel.Pour un premier portable, Google a donc vu les choses en grand et atteint, en un coup d'essai, la finition d'un MacBook Pro. Et le géant de Moutain View a visiblement le produit d'Apple en ligne de mire, puisqu'il a en partie aligné la fiche technique de son Pixel avec celle du MacBook Pro Retina 13 pouces.
Concernant l'ergonomie, tout d'abord. On apprécie tout d'abord la large encoche que Google a prévu pour ouvrir son Pixel.
Le clavier chiclet est large, les touches bien proportionnées (mis à part une touche Enter trop étriquée et un pavé directionnel comme souvent quelque peu sacrifié), et le rétroéclairage appréciable. Un dispositif qui est piloté par le capteur de luminosité dont est équipé ce portable. Enfin, on se réjouit également de la présence d'une rangée de touches prévue pour les raccourcis les plus usuels.
Petit regret en revanche concernant la course des touches du clavier (hors raccourcis), qui aurait gagné à être un peu plus longue. La faute aux haut-parleurs que Google a dissimulés sous le clavier et qui surélèvent légèrement ce dernier. Le touchpad en verre prévu par Google est également d'excellente facture. La glisse est parfaite, les dimensions (10,3 x 6,9 cm) le rendent très confortable à l'usage.
Concernant les dimensions, ensuite. Le Pixel mesure 16,2 mm d'épaisseur, contre 19 mm pour le portable d'Apple. Ce dernier pèse 1,62 Kg quand celui de Google ne pèse que 1,52 Kg. Le Pixel fait donc mieux que le produit à la pomme, mais là où le nouveau Chromebook enfonce le clou, c'est au niveau de la définition de l'écran.
En effet, alors que l'écran Retina d'Apple atteint 2 560 x 1 600 pixels, celui du Pixel affiche sur 2 560 x 1 700 pixels, soit une résolution record de 239 pixels par pouces ! Et Google ne s'arrête pas là, puisque son écran dispose d'une couche tactile, comme le font certains des derniers ultrabooks. Alors nous ne sommes toujours pas fans des portables tactiles, mais force est de constater qu'une fois le Pixel sur les genoux (sans avoir le bras tendu en l'air, donc), l'usage est agréable, notamment grâce au très bon équilibre de ce portable et à la précision de la couche tactile. Contrairement à ce que nous aurions pu craindre, la résolution élevée du Pixel ne gêne en rien, les icônes à l'écran étant suffisamment grandes. Enfin, le surprenant format 3:2 pour lequel a opté Google est optimisé pour l'affichage Web, ce qui nous semble pertinent sur une machine mue par Chrome OS et conçue pour le surf.
Un équipement en demi-teinte
Le Pixel bénéficie d'un capteur de luminosité, d'un clavier rétroéclairé, d'un touchpad en verre et d'un écran hors norme. Il dispose également d'une batterie à la capacité confortable de 59 Wh. Notez au passage que sur ce Pixel, l'indicateur de batterie est placé à l'arrière de l'écran et utilise les couleurs de Chrome pour renseigner sur l'état de chargement / déchargement.Au rang des bons points, notez également la présence de non pas deux, mais trois micros intégrés au châssis, ceux-ci devant favoriser l'élimination des bruits parasites lors d'une conversation d'après Google. Enfin, l'aluminium utilisé sur ce Pixel autorise une excellente régulation thermique, qui implique un refroidissement limité et des nuisances sonores particulièrement faibles, voire inexistantes. Ceci dit, pour un simple usage en surf / bureautique, la plupart des ultrabooks en font de même.
Si le Pixel est séduisant, il n'est cependant pas exempt de tous défauts. À commencer par la dalle tactile multipoints, dont le tramage apparaît sous certaines conditions de lumière et selon certains angles, mais qui fait tache à côté de la superbe finesse d'affichage. Plus fâcheux, l'absence de ports UBS 3.0 sur une machine de ce standing. Ce Chromebook est en effet pourvu de deux ports USB 2.0 seulement. On se consolera avec le port mini DisplayPort ou le lecteur de cartes mémoire SD-MMC.
La partie connectivité n'est pas non plus à la pointe de la technologie : pas de Bluetooth 4.0, ni de Wi-Fi 802.11ac, il faudra se contenter de Bluetooth 3.0 et de Wi-Fi 802.11n. Quant au modem 4G/LTE, il n'est fourni qu'en option.
Enfin, si la Webcam 720p offre une qualité d'image acceptable (mais aucun type de réglages), c'est bel et bien la partie stockage qui constitue le parent pauvre de cette configuration : avec 32 ou 64 Go de mémoire flash, il faudra forcément considérer un support externe pour vos fichiers. Car certes, l'achat du Pixel donne droit à un espace de stockage de 1 To pendant trois ans via Google Drive. Mais ce laps de temps écoulé, il vous faudra payer l'abonnement pour continuer à envoyer des fichiers sur votre espace. Comptez à ce jour 49,99 $ / mois pour 1 To, de quoi faire grincer quelques dents...
Une machine sous-exploitée
Si ces points peuvent être considérés comme secondaires, d'autres nous semblent plus gênants. Sans revenir sur les nombreuses limitations de Chrome OS (que nous évoquons largement dans notre test du Chromebook de Samsung), certains manques du système de Google sautent aux yeux sur le Pixel.Il nous semble tout d'abord que Chrome OS n'est pas encore vraiment prêt pour le tactile. Car si le zoom à deux doigts fonctionne sous Google Maps (et encore, pas en mode Street View) ou avec Angry Birds, il n'est pas actif sous Chrome, lorsqu'on visionne une image ou quand on utilise le traitement de texte. À l'heure actuelle donc, cette dalle tactile nous semble sous-exploitée.
Tout comme semble l'être le processeur qui équipe le Pixel : à quoi bon utiliser un Core i5-3427U pour un OS dont l'un des principaux atouts est sa légèreté ? Certes, le HD 4000 semble un minimum vital pour afficher sur l'écran très haute définition du Pixel. Mais les capacités de calcul du Core i5 restent à notre sens disproportionnées par rapport à ce que peut demander Chrome OS. À l'inverse, nous aurions trouvé déplacé l'usage d'un Celeron dans cette machine de luxe...
De même, si l'écran est réellement magnifique, il n'offre finalement un gain de confort qu'en surf, puisqu'aucune application du Play Store ne tire partie à l'heure actuelle d'une telle définition. Pire, les rares vidéos 4K disponibles sur le Net ne tournent pas sur cette machine, le HD 4000 étant insuffisamment puissant en la matière.
Enfin, si le touchpad nous a convaincus par sa glisse, la gestion du multitouch de Chrome OS est encore perfectible : le défilement horizontal et vertical est bien pris en charge, mais c'est bel et bien le seul geste multitouch interprété par Chrome OS. Et l'absence de clic droit pourra en surprendre plus d'un...
En réalité, si le Pixel est si bien équipé (dalle tactile très haute définition, Core i5), c'est à notre sens pour s'afficher comme concurrent potentiel du MacBook Pro Retina, d'une part, mais surtout pour se préparer aux prochains usages. Cependant à l'heure actuelle, Chrome OS ne semble tout simplement pas prêt à tirer le meilleur de cette machine. L'exemple le plus criant ? Nos clés USB ou notre carte mémoire n'ont pas été reconnues par Chrome OS, dont le lecteur vidéo n'a pas été en mesure de lire de façon fluide un simple fichier MP4 encodé en Xvid...
Notre avis
Qu'on se le dise, le Pixel est une magnifique machine. Une finition exemplaire, un design soigné et impressionnant écran en sont les principaux atouts. Connecté, fin, tactile et muni d'un affichage de qualité : le Chromebook Pixel incarnerait donc ce que doit être un ordinateur portable aujourd'hui. Ou plutôt demain.
Car pour le moment, le Pixel est en avance sur Chrome OS, et Chrome OS est en avance sur son temps. Il y a donc un décalage conséquent entre ce portable et les usages de monsieur tout le monde.
Certes, la vélocité de Chrome OS, la légèreté d'un système par ailleurs bien pensé à certains égards (notamment au niveau de l'affichage et de la simplicité d'utilisation) pourraient séduire une certaine frange de la population, hyper-connectée. Mais pour la grande majorité d'entre nous, un portable doit avoir une vie hors ligne.
Enfin, si tout cela peut se tolérer sur des machines à 300-400 euros, c'est plus difficilement supportable sur un portable bien plus onéreux : le Pixel est disponible au Royaume-Uni et aux États-Unis, via Google Play, pour 1 299 dollars dans sa version Wi-Fi. Le modèle LTE est quant à lui commercialisé uniquement outre Atlantique, contre 1 499 dollars. La date de disponibilité du Pixel en France reste pour le moment inconnue... si tant est que cette machine hors norme arrive un jour dans nos contrées !