Des livres électroniques éternels avec un tatouage plutôt qu'un DRM

Romain Heuillard
Publié le 19 mars 2015 à 15h26
Retour sur les conséquences néfastes du DRM sur le livre numérique, alors qu'un éditeur annonce faire un compromis, en passant au tatouage, à l'occasion du Salon du livre 2015.

Une petite maison d'édition profite du Salon du livre de Paris, qui se tiendra ce week-end au Parc des expositions de la Porte de Versailles, pour faire une annonce on l'espère inspirante en matière de livre électronique. Uppr (prononcer upper) abandonne effectivement les DRM (verrous numériques).

S'il est un bien culturel réellement pérenne, c'est le livre. Contrairement à la musique ou au cinéma, réinventés tous les 10 ans par de nouvelles technologies, le livre n'a pas subi de transformation depuis l'invention de l'imprimerie, même lorsqu'il s'est dématérialisé.

Un fichier vidéo contemporain sera certainement dépassé dans 50 ans, mais il y a beaucoup moins de chances qu'un livre électronique le soit. Les DRM sont donc d'autant plus problématiques sur ce marché. À défaut d'empêcher le piratage, puisque les pirates savent les contourner, ces verrous numériques contraignent les acheteurs honnêtes. Ils reposent effectivement sur des plateformes en ligne, auprès desquelles les acheteurs doivent s'identifier lorsqu'ils ouvrent leurs livres sur de nouveaux équipements. Or, quelles sont les chances que les plateformes d'aujourd'hui soient opérationnelles à vie, et même générations après générations ?

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Pas de verrou mais un tatouage, quid du don ou de la revente ?

La collection de livres didactiques d'Uppr ne s'inscrit certes pas dans l'éternité, mais cette maison d'édition 100 % numérique montre néanmoins l'exemple.

Ses livres seront bientôt dépourvus de DRM propriétaires. Ils seront en contrepartie tatoués. On ne sait pas encore comment ce tatouage numérique se matérialise, mais il prend souvent la forme d'un filigrane avec l'adresse email de l'acheteur chez d'autres éditeurs indépendants. L'acheteur peut donc faire presque ce qu'il veut de son achat. Il pourra l'ouvrir avec un logiciel compatible dans 100 ans, sans dépendre d'une plateforme en ligne, il pourra le convertir dans un futur format standard. Mais on pourra l'identifier et le poursuivre s'il distribue son achat illégalement, ce qui pose aussi question pour la revente.

C'est un compromis auquel on l'espère d'autres éditeurs ou libraires se mettront. On attend tout particulièrement qu'Apple en fasse autant sur son iBooks Store, puisque c'est elle qui avait entériné l'abandon du DRM sur la musique dématérialisée. Si les morceaux obtenus sur l'iTunes Store sont tatoués, ceux distribués par beaucoup d'autres revendeurs ne le sont pas. On peut ainsi céder ces morceaux comme on donnerait un CD. Une prochaine étape pour le livre numérique ?

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Conserver des livres électroniques aussi longtemps que des livres papier est possible, sans DRM


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