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Nous consommons toujours plus de pétrole, et la situation ne changera pas avant plusieurs années.

La synthèse du sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publiée en mars dernier, dresse un tableau sans équivoque de la situation actuelle. L’activité humaine a provoqué une augmentation de 1,1 °C du climat mondial par rapport à la période préindustrielle, et même si les émissions de CO2 s’arrêtaient brusquement, la température continuerait de croître au cours des prochaines années, atteignant probablement +1,5 °C en 2030 et potentiellement +2 °C en 2050. En d’autres mots, l’augmentation des températures semble inévitable pour les décennies à venir en raison de l’inertie climatique.

Vers un record de consommation en 2023 

Ce constat n’est pas nouveau, cela fait plus de 30 ans que le GIEC travaille sur le sujet et publie des rapports alarmants. Ce qui a toutefois changé, du moins dans une certaine mesure, c’est une prise de conscience de la part de l’opinion publique et la mise en place des premières actions visant à limiter les émissions de CO2 dans l’atmosphère.

Sauf que le climat n’est pas le seul à présenter une certaine inertie, c’est aussi le cas de l’économie mondiale. Et abstraction faite de l’année 2020, minée par la COVID, la consommation de pétrole continue de croître d’année en année. Elle pourrait même battre des records en 2023 à 102,3 millions de barils par jour, selon les projections mensuelles de l’Agence internationale de l’énergie (IEA). Cela va à l'encontre des prévisions faites en 2020.

© RachenStocker / Shutterstock
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La demande de pétrole est tirée par les pays dits émergents, en particulier dans la région Asie-Pacifique, et elle devrait continuer de croître au moins jusqu’en 2028. La Chine devrait ainsi consommer 16,3 millions de barils cette année. À l’inverse, la croissance relativement molle en Europe limite la hausse de la demande avec 14,9 Mb/j en 2023, contre 15,7 Mb/j en 2019 (avant la crise sanitaire), et 24,7 Mb/j, contre 25 Mb/j pour l’Amérique du Nord.

« Nos prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2023 ont été révisées à la hausse à 2,2 Mb/j, le rebond de la Chine étant encore plus fort que prévu. Le deuxième consommateur mondial de pétrole après les États-Unis représentera près de 60 % de la croissance mondiale en 2023. La demande record en Chine, en Inde et au Moyen-Orient en début d’année a plus que compensé la morosité de l’activité industrielle et de la consommation de pétrole dans l’OCDE », précise le rapport de l’IEA.

Le pic de consommation en 2028

Le pic de consommation mondial du pétrole, estimé à 105,7 Mb/j, n’est en tout cas pas attendu avant 2028, selon les estimations de l’IEA.

Viendra alors une lente période de décrue liée à la transformation des économies. C’est ce qu’affirme l'Institut français du pétrole : « Cette tendance s’explique, d’après l’AIE, par l’efficacité énergétique, la pénétration des véhicules électriques et le remplacement du pétrole pour la production d’électricité par le gaz naturel ou des énergies renouvelables, en particulier au Moyen-Orient. »

Source : Le Monde