Le Foris FG2421 d'Eizo
Présentation de l'écran
Le Foris FG2421 table sur une dalle PVA (Patterned Vertical Alignment). Ce type de dalle est supposé moins rapide que celui TN (5 ms, contre 1 ms au mieux), mais grâce à une technologie de rafraîchissement à 240 Hz, le constructeur parvient à annoncer un temps de réponse inférieur à 1 ms et un retard d'affichage de seulement 1,5 image toutes les 120 images ! Nous verrons qu'il s'agit en fait de 120 Hz dopés. La dalle de 23,5 pouces en résolution Full HD est presque mate, disons satinée : elle reflète, mais très peu. Et les angles de vision sont bien larges, horizontalement comme verticalement (176° avec taux de contraste supérieur à 10:1). Ça c'est un des atouts connus du type VA, qui se confirme ici. Moins épatant qu'avec de l'IPS, mais bien plus confortable que du TN. On perçoit un très léger tramage de lignes obliques par endroit à la surface de l'écran, du cross hatching nous dit-on chez Eizo, lié à la technologie de panneau VA.Le moniteur est équipé de prises DisplayPort, HDMI et DVI Dual Link. Eizo précise que seuls les DisplayPort et DVI peuvent encaisser un signal d'entrée en 1080p à 120 Hz. Le port HDMI plafonne lui au 1 024 x 768 pixels en 120 Hz. Serait-il possible qu'Eizo soit resté dans une version antérieure au HDMI 1.4 ? Eizo nous a confirmé qu'effectivement, c'est la norme HDMI 1.2 qui équipe les Foris. Les futurs écrans 4K devraient adopter des normes plus modernes (1.4 a minima). Le FG2421 dispose également d'une entrée et une sortie audio mini jack, d'une prise casque et d'un hub USB comptant 2 ports.
En matière de taux de contraste, Eizo assène un 5 000 : 1 difficile à croire, mais pourtant proche de la réalité, que nous avons mesurée par défaut à 4 155 : 1 ! Le calcul est plutôt simple : un point blanc à 415,5 cd/m² d'un côté et un point noir à 0,10 cd/m² de l'autre. Ecran calibré, le point noir descend à 0,04 cd/m² : c'est ce qui s'appelle un noir intense. Bref, une image contrastée comme nous n'en avions jamais vu sur un moniteur !
Taux de contraste mesurés
Quelques mots sur l'ergonomie
Eizo a pensé à l'essentiel, en dotant son moniteur d'un hub USB, comme évoqué plus haut, mais aussi en perchant la dalle sur un pied réglable en hauteur. Au dos de l'écran, une poignée dessinée dans le carénage, permet de relever l'ensemble ou de déplacer l'écran facilement. Le logo lumineux Eizo vient apporter une petite touche de fantaisie inattendue chez ce constructeur qu'on connait (ou croit connaître) très sérieux. Mais pas de rotation de la dalle en portrait.L'utilisateur se balade aisément (via des touches physiques en façade) au sein d'un OSD classiquement conçu. Eizo propose plusieurs modes de préréglages : trois totalement paramétrables, trois autres dédiés au jeu (deux FPS, un RTS) et un baptisé Web. Le Foris FG2421 se règle sur un ensemble de paramètres assez complet : luminosité, contraste, gamma, température de couleur, niveau de noir, couches RVB, espace colorimétrique, contraste dynamique et le fameux Turbo 240 dont nous parlerons plus loin.
Consommation énergétique
Pas de changement depuis le Foris que nous avons testé il y a presque trois ans : la consommation maximum reste aux alentours des 37,1 W, quasiment le niveau par défaut (35,4 W) puisque le rétroéclairage est poussé à fond de base, et plus que 22,6 W calibré. Eizo a doté son moniteur d'un véritable interrupteur qui coupe totalement la consommation électrique. Et le mode EcoView (adaptation de la luminance en fonction de la lumière ambiante) figure toujours dans les attributs du FG2421. Tout comme la garantie 5 ans.Quid de la colorimétrie
Outre l'excellent niveau de contraste qui se perçoit au premier coup d'œil, on sent également que la colorimétrie n'est pas mauvaise. Ce après, après avoir réglé la température sur 6500 K et baissé un peu la luminosité. On arrive alors à un Delta E moyen de 3,4, avec une pointe à 6,2 dans le vert. Relativement juste, même si le gamma pourtant réglé à 2,2 est trop élevé. Après calibrage, on tombe à un Delta E moyen de 0,9 et un pic à 2,7 dans le cyan, c'est parfait.A gauche, la colorimétrie de base, à droite une fois le moniteur calibré
L'homogénéité est très bonne puisque l'écart moyen de luminance par rapport au centre n'est que de 8,7 %, avec un pic à 14,3 % dans le bord supérieur gauche et une répartition des écarts plutôt équilibrée. La colorimétrie reste bien stable sur l'ensemble de la dalle : les Delta E moyens ne varient que de 33 % avec le centre (0,3 point en moyenne).
Et pour des images en mouvement ?
C'est là que le Foris FG2421 est particulièrement attendu. Comment parvient-il à proposer du 240 Hz sachant que dans le paramétrage de la résolution de la carte graphique, on voit bien qu'il s'agit d'un écran nativement rafraîchi à 120 Hz ? Le whitepaper Eizo, expliqué par José Lazaro, responsable technique Eizo France, nous fournit toutes les explications nécessaires. L'électronique de l'écran va dans un premier temps se charger de dupliquer les images reçues : d'un signal de 120 images par seconde en entrée, on arrive ainsi à 240 images. La deuxième étape consiste à transformer ces doublons en écrans noirs, en synchronisant le rétroéclairage du moniteur pour qu'il clignote à 240 Hz. L'idée, c'est ainsi de reproduire le fonctionnement des écrans CRT, qui n'affiche rien entre deux images, plutôt que de rester sur le fonctionnement du LCD, qui maintient toute image affichée jusqu'à la suivante. La parade permet effectivement de rendre les images en mouvement plus nettes, mais elle comporte aussi le risque de générer une sensation de scintillement sur des images fixes. Eizo préconise alors de désactiver le Turbo 240.Le premier schéma explique la différence entre LCD et CRT, le deuxième extrapole sur le principe du Turbo 240
Dans les faits, si on constate effectivement que l'écran est fluide, le principe du Turbo 240 ne nous permet pas de mener à bien notre test du logo animé : l'appareil capture trop d'images noires pour que nous puissions effectuer un comptage fiable. Ce que l'on peut dire, c'est que les statistiques Turbo 240 désactivé sont très bonnes : la moitié des images sont alors parfaitement nettes, 2 sur 10 sont quasi nettes, 2,6 sur 10 sont doublées et 0,3 triplée. Soit 70 % de bonnes images, sans le Turbo 240.
La meilleure image et la moins bonne, sans le Turbo 240. Quand on active le Turbo 240, l'appareil photo est perturbé par les écrans noirs qu'ajoute le moniteur
Visuellement, le Turbo 240 parvient effectivement à estomper la rémanence naturelle de l'affichage. Ça fonctionne plutôt bien, pour du jeu comme du film. À noter en contrepartie que l'intensité lumineuse diminue, une image sur deux étant un écran noir...
Conclusion
Demander un peu plus de 500 € pour un écran de 23,5 pouces en 1080p peut sembler totalement déraisonnable. C'est effectivement un prix très corsé, auquel on trouve soit des diagonales plus grandes, soit des résolutions plus denses. Et même parfois les deux. Mais c'est le prix à payer pour avoir un affichage à la fois de qualité et rapide. Pas tout à fait aussi fluide qu'une dalle TN 1 ms comme l'Asus VG248QE, mais suffisamment pour jouer dans de très bonnes conditions. Et quel taux de contraste !!! La colorimétrie est agréable, l'ergonomie satisfaisante, la garantie 5 ans rassurante. Bref, Eizo est cher, mais pas sans raison. Le Foris FG2421 compte assurément parmi les meilleurs moniteurs gamer du moment. C'est surtout un des plus polyvalents. Maintenant, on attend de voir ce que donneront les premiers écrans G-Sync et comment se déploiera la technologie NVIDIA dans l'année.