MWC 2012 - Adobe : "Nos stratégies sur Flash et AIR sont dictées par le marché"

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 01 mars 2012 à 10h09
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La société Adobe a récemment dévoilé ses nouvelles stratégies sur le mobile ainsi que ses visions sur les technologies Flash, AIR et HTML5 sur le long terme. Mais à quoi peut-on s'attendre dans les prochaines années ? Micheal Chaize, Adobe Developer Evangelist, a accepté de répondre à nos questions.

Vous avez récemment annoncé vouloir stoppé le développemenrt du plugin Flash sur les terminaux mobiles. Jusqu'à quand les mobinautes pourront véritablement profiter de Flash Player ?

Michael Chaize : Au mois de novembre nous avons effectivement annoncé que nous arrêterions la recherche et le développement de Flash sur le mobile. Cela signifie que les nouveautés de Flash Player ne seront pas disponibles sur les smartphones. Il y a quelques années nous avons formé un groupe baptisé Open Screen Project rassemblant 70 acteurs. Nous leur avons fait savoir que nous donnerions le code source à ceux souhaitant prendre en charge la R & D. RIM nous a informé que la présence de Flash Player sur leur terminaux serait un facteur différenciant et ils ont accepté de continuer ces travaux.

Vont-ils continuer à développer Flash Player pour l'ensemble des membres de l'Open Screen Project ou simplement pour leurs produits ?

M.C : Ils ne continueront à travailler sur Flash Player que pour QNX, pour leur propres smartphones.

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Finalement peut-on dire que Steve Jobs a eu gain de cause contre Adobe sur l'adoption de HTML5 sur mobile par rapport au lecteur Flash ?

M.C : Il s'agissait surtout d'arguments techniques. Apple avançait que Flash Player ne pouvait tourner sur un smartphone. Trois semaines après nous avons tout de même prouvé le contraire en présentant Flash sur Android et BlackBerry. Donc ces arguments techniques n'étaient pas fondés.

Après il y a la réalité du marché. Aujourd'hui la majorité des tablettes et des smartphones sont basés sur Webkit. Les agences interactives ont progressivement fait usage des technologies du HTML5 pour Webkit. Elles n'avaient pas le choix puisque c'était dicté par Apple. Nous avions realisé un Flash Player très performant mais les usages étaient autre part. Pour obtenir une expérience plus riche sur leur smartphone, les utilisateurs n'attendaient pas Flash mais passaient directement par le téléchargement d'applications sur la boutique. Finalement, c'est donc le marché qui a dicté notre stratégie.

Vous parlez beaucoup de WebKit mais quid des autres moteurs de rendu avec le développement de Firefox Mobile ou même Internet Explorer et Opera ?

M.C : Aujourd'hui Webkit c'est quand même le grand acteur du mobile. Ils reposent sur un modèle open source très flexible nous permettant de tester notre code ou d'en rajouter. En fait c'est notre plateforme R & D. Nous souhaitons innover pour Flash mais également pour le HTML5. Nous cherchons à savoir comment améliorer le web et les standards.

De quelle manière par exemple ?

M.C : Nous avons par exemple proposé CSS Region permettant une mise en page avancée avec du texte. Nous avons planché sur la transformation des algorithmes en CSS au sein de Webkit. Après nous faisons une proposition de standard auprès du consortium W3C. Par la suite ce n'est plus du ressort d'Adobe et les autres navigateurs qui ne sont par basés sur WebKit peuvent choisir d'embarquer cette fonctionnalité.

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Il y a quelques temps vous avez fermé l'Adobe AIR MarketPlace puis stoppé le développement du runtime sur Linux. Parallèlement vous poussez les développeurs à encapsuler leurs applications sur les OS mobiles. Doit-on s'attendre à l'abandon du runtime disponible sous Windows et OS X ?

M.C : AIR sur Linux demandait de gros efforts alors que nous n'avions que très peu de téléchargements. Nous avons demandé au membres de l'Open Screen Project si quelqu'un souhaitait continuer le développement. Aucun acteur a manifesté son intérêt.

Le développement d'AIR sur Windows et Mac est différent puisqu'il s'articule autours du même noyau que sur iOS et Android. En fait il s'agit de la même équipe. Les développeurs ont le choix de mettre à disposition des fichiers de type .air pour les consommateurs ayant déjà téléchargé le runtime ou bien, s'ils ne veulent prendre aucun risque, d'embarquer le runtime directement au sein de leurs applications afin de générer les .exe ou dmg.

Mais conrètement où l'internaute téléchargent-il désormais ces fichiers en .air après la fermeture de l'Adobe MarketPlace ?

M.C : Nous avions lancé un projet visant à regrouper l'ensemble des fichiers hébergés sur différents sites, mais ce dernier a été abandonné. Généralement les développeurs mettent ces derniers à disposition sur leurs propres sites.

Pourriez-vous revenir sur les décisions d'Adobe concernant Flash Player sur Linux ?

M.C : Nous avions le même problème que AIR sur Linux. Une fois de plus nous avons demandé au membres de l'Open Screen Project si l'un d'entre eux était intéressé pour poursuivre le développement et Google a réagi. Ils voulaient faire quelque chose avec Pepper Plugin (PPAPI), un ensemble d'API permettant d'écrire le fonctionnement d'un plugin sur un navigateur.

Donc les autres éditeurs, tels que Firefox, devront changer les API de Netscape Plugin pour celles de PPAPI s'ils veulent continuer à proposer Flash Player ?

M.C : Voilà tout à fait.

Et finissons sur Flash Player pour les télévisions connectées. Quel était le problème ?

M.C : Oh il fonctionnait très bien. nous avions conçu de nouvelles interfaces de programmation pour la prise en charge du full HD. Notre player était intégré dès la première génération des Google TV. Cependant nous pensons que les télévisions interactives vont devenir des tablettes géantes. Les agences vont devoir refaire leurs sites pour adapter la navigation classique à celle de la télécommande tout en adoptant le HTML5. Evidemment ce n'est pas le cas des jeux ou des véritables applications qui nécessiteront un modèle d'applications. Là encore, il s'agit de suivre la tendance du marché.

Je vous remercie.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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