Armé de son expérience chez Twitter, et de l'actuel spectacle désolant en la matière, Jack Dorsey tente de réinventer les règles de la modération chez Bluesky.
Et la philosophie derrière la modération sur ce réseau social qui aimerait bien prendre la place de Twitter est la même que celle qui régit le reste de la plateforme : laisser les utilisateurs décider. Un système à la carte, donc, qui permet de se prémunir de la plupart des procès en censure, mais qui ne supprime pas pour autant le recours du site à des modérateurs.
Le fonctionnement de Bluesky
Si la charte graphique et l'affichage de Bluesky ressemblent sans même s'en cacher à ce que fait Twitter, sa politique de contenu et de modération pourrait difficilement en être plus éloignée. Ainsi, en plus des posts de personnes qu'ils suivent, les modérateurs peuvent tailler comme ils le souhaitent le type de contenu qui leur est recommandé. S'il est possible de tout faire à la main, la plateforme a prévu d'accueillir les clients tiers (une autre différence avec Twitter) qui présentent déjà des listes de recommandations et de contenus auxquels s'abonner.
Bluesky présente cette méthode comme un moyen de faire de sa plateforme un bien public, qui ne peut pas être directement contrôlé par une entreprise, ici eux-mêmes, pour ne pas précariser du jour au lendemain les personnes dont le mode de vie ou le travail repose dessus. Et si sa version beta n'en était pas encore là, l'objectif est de rendre cela possible en en faisant un outil décentralisé, notamment grâce à des serveurs sur lesquels Bluesky n'aurait pas de contrôle.
La modération chez Bluesky
Au vu du fonctionnement global de Bluesky, l'approche de l'entreprise par rapport à la modération n'est donc pas réellement surprenante. En effet, l'idée est ici une nouvelle fois de laisser les utilisateurs décider du type de contenu ou de langage qu'ils ne souhaitent pas voir apparaître sur leur fil d'actualité, soit en le précisant dans leurs réglages, soit au cas par cas lorsqu'ils voient des posts qu'ils ne souhaitent pas. Cela sera rendu plus lisible grâce à la création de « labels », qui sont des tags qui permettent de contextualiser le contenu de chaque post (nudité, spam, usurpation d'identité, etc.). Ces labels peuvent être appliqués par les auteurs des posts, ou, une nouvelle fois, par des applications tierces.
Mais la grosse différence avec ce qui peut se faire ailleurs vient de la construction décentralisée de Bluesky. Car si la plateforme a bien établi des règles de communauté pour les serveurs qu'elle héberge (pour l'instant, tous les serveurs de Bluesky) et a donc engagé des modérateurs pour les faire respecter, ceux qu'elle n'hébergera pas ne seront en revanche pas obligés de s'y plier.
Si ces communautés complètement à la carte répondent assurément à une vraie demande de retirer des mains des réseaux sociaux le pouvoir de choisir le contenu qui peut être posté, ce sera également un bon moyen pour Bluesky de se désolidariser des abus qui vont nécessairement en découler.