Le Sénat poursuit ses travaux dans le cadre de la commission d'enquête sur le réseau social TikTok, avec notamment l'audition de deux de ses salariés le 8 juin 2023.
Il n'y a pas vraiment de quoi se mettre quelque chose sous la dent avec des réponses majoritairement sous le signe de la langue de bois, et peu d'avancées concrètes concernant l'impact de TikTok sur les plus jeunes mesuré par Qustodio.
Des auditions aussi attendues que décevantes
Lancée le 8 mars 2023, la commission d'enquête sur TikTok poursuit son travail après de multiples auditions, 16 très exactement, de personnes diversement impliquées dans le secteur des nouvelles technologies ou encore de la santé. Et les 17 et 18e auditions étaient pour le moins attendues, puisque pour la première fois depuis le lancement de la commission parlementaire, des employés de TikTok ont été interrogés. Pendant près de 3 h chacun, Eric Garandeau, directeur des Affaires publiques de TikTok, et Marlène Masure, directrice générale des Opérations France, Benelux et Europe du Sud de TikTok, ont répondu aux questions des sénateurs. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont, tous deux, guère été convaincants.
Les travaux du Sénat portent notamment sur le potentiel caractère addictif de TikTok, qui plus est sur les plus jeunes, sachant que les mineurs passent, selon le Sénat, pas moins de 1 h 47 par jour sur ce réseau social en moyenne selon Qustodio. Lors de son audition, Madame Masure, questionnée sur ce sujet, a rappelé les différentes mesures mises en place pour préserver les plus jeunes, telles que la suppression des comptes utilisateur suspectés d'être âgé de moins de 13 ans, l'interdiction d'accéder à la messagerie instantanée avant 16 ans ou encore la fameuse limite (à mettre en place individuellement) de 60 minutes de visionnage par jour.
Les conclusions de la commission d'enquête s'annoncent d'ores et déjà défavorables à TikTok
Cette limite de temps d'utilisation est au cœur des crispations, car les réponses de Madame Masure n'ont pas été vraiment convaincantes pour les sénateurs. Déjà parce que bon nombre des informations données sont connues, et qu'elles ne sont pas suffisantes au regard des auditions menées par le Sénat. Cette insatisfaction s'est notamment traduite par certaines prises de parole du rapporteur de la commission d'enquête, également médecin, Claude Malhuret, affirmant avoir « parlé avec des experts, des psychiatres, des psychologues, des familles, des associations : je peux vous le dire, ça ne va pas du tout ».
Claude Malhuret a notamment poursuivi : « la réalité, ce sont des mômes qui ne dorment plus, des vidéos qui défilent, c'est de l'addiction […]. On a parlé avec des familles qui ne savent absolument plus quoi faire. » Marlène Masure a pourtant déclaré que « 3/4 des moins de 18 ans n'ont pas désactivé » la limite de 60 minutes de visionnage. Toutefois, elle confirme ne pas posséder de données quant à la fermeture concrète de l'application une fois le message reçu par l'utilisateur lorsque le seuil a été atteint.
Vous pouvez retrouver l'ensemble des auditions de ces responsables de TikTok dans les vidéos publiées sur YouTube et disponibles ci-dessus, mais en l'état, ces déclarations ne devraient pas contribuer à éviter de potentielles conclusions défavorables au réseau social à l'issue de la commission d'enquête, prévue pour le 8 septembre 2023.
- Interactions faciles
- Réseau social engageant
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