Alors que les États-Unis prennent régulièrement des mesures contre TikTok, la France semblait jusqu'alors regarder tout cela de loin.
Mais les choses pourraient bien changer. Les conclusions d'une enquête parlementaire, présentées aujourd'hui par le sénateur Claude Malhuret, sont assez accablantes pour la plateforme. Cette dernière, au minimum, a de bonnes raisons de s'inquiéter quant à son avenir dans l'Hexagone, au vu de la liste de griefs présentée par le sénateur.
Le gouvernement chinois en ligne de mire
Claude Malhuret en avait gros sur le cœur. Le rapporteur de la commission d'enquête sur TikTok n'avait effectivement pas grand-chose de positif à dire à propos de la plateforme. Il a commencé par critiquer la posture de cette dernière, qu'il qualifie « de transparence opaque ». Il a ainsi souligné le grand écart entre les protestations publiques du réseau social qui tente de convaincre de sa transparence et la difficulté, voire l'impossibilité, d'obtenir des réponses à nombre de questions que les parlementaires ont pu lui poser.
Mais ce n'est pas tant la posture qui est un problème, si l'on se fie aux autres griefs soulevés par le sénateur. Le principal d'entre eux, comme aux États-Unis, est bien sûr la suspicion d'ingérence ou d'espionnage de la part du gouvernement chinois. Si l'enquête ne le démontre pas formellement, elle souligne au moins que le contraire serait invraisemblable. D'abord parce que, contrairement à ce que ses porte-parole en dehors de Chine affirment, le réseau social ne peut pas être totalement indépendant de sa maison mère. Comme Malhuret l'explique, « c’est en Chine que sont réalisées les principales opérations techniques. Les milliers de brevets déposés appartiennent à la société mère, l’algorithme et les ingénieurs sont en Chine ».
Il note aussi qu'avec 1 milliard d'utilisateurs dans le monde, dont 22 millions en France, « les autorités chinoises ne peuvent pas ne pas s’y intéresser. Ce serait une faute professionnelle de la part de leurs services ». Enfin, il s'étonne que TikTok ne soit toujours pas rentable et fonctionne à perte, contrairement à ses concurrents, ce qui serait surprenant si son objectif n'était pas autre chose que la rentabilité.
Désinformation, respect de la loi… TikTok a du pain sur la planche
Les parlementaires ne reprochent toutefois pas uniquement à TikTok ses liens réels ou supposés avec la Chine, et ont en ligne de mire un certain nombre de pratiques de la plateforme. La lutte contre la désinformation y serait quasiment inexistante. En moyenne, 40 minutes d'utilisation suffisent pour se voir proposer des vidéos mensongères traitant d'actualité. Une étude menée par Global Witness démontre que 90 % des contenus de désinformation sont approuvés par la plateforme. Même Facebook n'est qu'à 20 %.
Par ailleurs, le rapport d'enquête pointe les pratiques de TikTok en matière de données personnelles. Cinq ans après être arrivé en France, le réseau social ne respecte toujours pas les règles et est le pire élève parmi les principaux réseaux sociaux, loin derrière Google et Meta, pourtant multi condamnées en la matière. Et la liste ne s'arrête pas là. La plateforme est également accusée de ne pas respecter la propriété intellectuelle en matière de musique. Elle est accusée de piraterie intellectuelle par la SACEM, et ses pratiques addictives sont aussi pointées du doigt.
Après l'exemple des États-Unis, TikTok a intérêt à prendre réellement au sérieux les conclusions de cette enquête pour éviter au minimum de colossales amendes et, au maximum, une interdiction pure et simple en France.
- Interactions faciles
- Réseau social engageant
- Très divertissant
Sources : Public Sénat sur Twitter, Sud Ouest