32 millions de dollars : c'est le montant de la somme que Canonical souhaite récolter auprès des internautes pour financer la production de son smartphone Ubuntu Edge, terminal ambitieux, visant même à proposer une alternative au sacro-saint ordinateur. Mais malgré d'intéressants avantages - dual boot Ubuntu et Android, usage d'Ubuntu en mode bureau une fois connecté à un écran, spécifications haut de gamme - le terminal ne mobilise pas autant la communauté que prévu.
En effet, à mi-parcours de la campagne, lancée sur Indiegogo le 22 juillet dernier, le bilan n'est pas des plus favorables pour Canonical : sur les 32 millions de dollars souhaités, seuls 8,5 ont été récoltés. Le double serait requis pour que l'entreprise ait une chance d'arriver confortablement au bout de sa démarche, qui s'achèvera le 21 août prochain.
100 smartphones précommandés par Bloomberg
Le projet avait pourtant bien démarré, en franchissant la barre des 4 millions de dollars en un peu plus de 24 heures. Mais rapidement, la collecte s'est ralentie, notamment avec la fin de l'offre à 600 dollars, limitée aux 5000 premiers backers. L'offre suivante, fixée à 830 dollars, se trouvant être nettement moins populaire, Canonical a rapidement ajouté des paliers supplémentaires à 775, 780 et 790 dollars. Mais ça ne suffit pas, pour l'heure, à déchaîner les passions.
On peut par ailleurs souligner que l'offre destinée aux entreprises, qui propose l'acquisition de 100 Ubuntu Edge pour 80 000 dollars, accompagnée d'ateliers de formation et d'un support en ligne, n'a attiré qu'un seul investisseur, à savoir Bloomberg. Un backer de marque que Canonical met en avant sur sa page de campagne, même si, à ce stade, 80 000 dollars représentent une goutte d'eau dans la mer.
10 millions de trop ?
De nombreux médias ont les yeux rivés sur l'ambitieuse campagne de Canonical : The Verge, qui suit l'évolution des investissements depuis le premier jour, expose une courbe imaginaire représentant la manière dont la collecte devrait évoluer pour que les 32 millions soient atteints. Concrètement, il faudrait qu'environ 1,65 million de dollars soient investis chaque jour, ce qui correspond à plus de 19 000 Ubuntu Edge trouvant preneurs au quotidien. Or, mardi dernier, seuls 100 terminaux environ ont été précommandés.
De son côté, The Guardian a interrogé des statisticiens du cabinet de conseil Open Analytics pour avoir une option d'experts concernant la capacité de Canonical à réunir les 32 millions de dollars en temps et en heure. Selon les analystes Jason Waddell et Willem Ligtenberg, la campagne pourrait monter jusqu'à 18 à 22 millions de dollars, et rater son objectif de 10 millions environ.
Tous s'accordent à dire que Canonical a vu trop grand. Interrogé par le Guardian concernant la situation, un porte-parole de l'entreprise a été clair concernant les conséquences d'un échec. « Si nous t'atteignons pas notre objectif, il n'y aura pas d'Ubuntu Edge. Nous apprécions grandement tout le soutien que nous recevrons au cours des 30 jours de campagne. L'objectif de financement prend en compte le coût élevé de la fabrication d'un smartphone haut de gamme. » L'avenir du terminal semble donc, pour l'heure, compromis, même si un rebondissement n'est jamais à exclure dans le petit monde du financement participatif.