Le boom du financement participatif en France

Thomas Pontiroli
Publié le 16 février 2016 à 17h32
Le financement participatif est en train de trouver sa place en France. Les plateformes se multiplient, touchent de plus en plus de secteurs, de types de financements et d'investisseurs.

Le crowdfunding double chaque année en France. En 2015, les plateformes de financement participatif ont collecté un total de 300 millions d'euros, contre 152 millions l'année précédente, révèle Compinnov dans son baromètre pour l'association Financement Participatif France auprès de 60 sites. Entre les dons (avec et sans récompense), les prêts (aux entreprises et aux particuliers) et les investissements, il y a de grandes disparités.

Les dons

C'est la forme de crowdfunding popularisée par Kickstarter aux États-Unis, ou KissKissBankBank en France. Le don ne pèse pourtant que 50 millions d'euros sur le total collecté en 2015, dont une large majorité (41,9 millions), concerne le don contre récompense. Le reste (8,3 millions), est donné sans aucune récompense.

Dans le premier cas, le montant moyen de la collecte est de 4 181 euros, contre 3 247 dans le second cas. La contribution moyenne est de 56 euros avec récompense, et 64 euros sans. Le don avec récompense se destine à une association dans un tiers des situations (contre 99 % sans récompense), et 50 % des cas à un particulier.


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Les secteurs qui bénéficient le plus du don sont l'humanitaire, l'audiovisuel, la musique et l'éducation. En deux ans, l'évolution de ce type de financement a connu une courbe linéaire, coïncidant avec la notoriété de plus en plus grande du crowdfunding. Mais ce n'est pas lui qui est au cœur de la croissance de ce secteur.

Le prêt

Sur 300 millions d'euros collectés, 196,3 millions vont au prêt, dont 137,5 millions en prêt rémunéré aux particuliers. Le reste se partage entre des prêts rémunérés aux entreprises, à hauteur de 31,6 millions d'euros, en obligations (24,1 millions) et en prêts non rémunérés (3,2 millions). Le montant de la collecte moyenne est de 224 152 euros en prêt rémunéré, et 454 027 euros en obligations, car il s'agit à 84 % de prêts immobiliers.

Depuis quelques années, des plateformes comme Wiseed, Anaxago ou Lymo ont lancé la possibilité d'investir dans l'immobilier de cette façon. La contribution est de 4 211 euros en moyenne, contre 426 euros pour les prêts rémunérés. Un site comme Prêt d'Union - soutenu par le Crédit Mutuel - permet par exemple de faire des prêts à la consommation (rémunérés jusqu'à 8 %). MAis c'est pour les entreprises qu'il y a le plus de plateformes.

Unilend, Prêt PME, Lendix, Lendopolis, Hellomerci (KKBB) ou Finsquare pour le prêt à court terme... plus d'une vingtaine de plateformes ont fleuri en France depuis la création par le loi en 2013 du statut de Conseiller en investissement participatif, qui a débloqué le prêt de particuliers aux entreprises. Pour beaucoup, le choix du crowdfunding constitue un financement d'amorçage, et s'avère être un excellent tremplin vers une banque.

Un tiers des prêts rémunérés vont à des commerces et services de proximité, un cinquième à des services.


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L'investissement

Dernière catégorie, l'investissement pèse 50,3 millions d'euros dans les collectes faites en 2015, soit cinq fois plus qu'en 2013. À cheval sur l'immobilier et l'entreprise, ce type de financement est aussi connu sous le nom d'equity crowdfunding, car il permet une prise de participation en actions dans les entreprises financées et une rétribution financière via les dividendes et la plus-value. Dans ce cas, les investisseurs deviennent actionnaires.

La collecte moyenne est donc également élevée - 448 460 euros en 2015 -, ainsi que le ticket moyen investi par chaque personne, de 4 342 euros. Réservé à un public plus averti, il concerne à 80 % de personnes âgées de 35 à 64 ans. Dans les faits, à peine un cinquième des investissements vont dans l'immobilier, presqu'autant dans la santé et la recherche (17 %), et le reste dans l'environnement et l'énergie (14 %) et enfin les services (14 %).

Pour inciter le grand public à soutenir les PME plutôt qu'à placer son argent sur un livret A, le législateur a créé une mesure incitative, ouvrant le droit à défiscaliser jusqu'à 18 % du montant investi de l'impôt sur le revenu.


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