Flattr va changer quelque peu son mode de fonctionnement ce week-end. Rien de très exceptionnel au niveau technique, mais la nouvelle version du service va totalement bouleverser son fonctionnement, puisqu'il ne sera plus nécessaire d'ajouter de l'argent à son compte pour recevoir des paiements.
C'est un billet de blog qui annonce la nouvelle version de Flattr : à partir de dimanche, explique Linus Olsson, l'un des fondateurs du projet, « nous supprimons la nécessité d'ajouter de l'argent à votre comte pour conserver votre bouton Flattr actif. » Flattr, un service de micro-paiement lancé en mars 2010 par Linus Olson et Peter Sunde (ex-Pirate Bay), permet d'ajouter un bouton Flattr sur n'importe quel contenu : billet de blog, article, page web, etc. Pour les utilisateurs, il suffit de payer au minimum 2 euros par mois, et de distribuer la somme au gré de sa navigation, en cliquant sur les boutons Flattr implémentés sur les sites.
Le système est donc un outil de micro-paiement qui fait office de système de don. Un article ou un billet apprécié, un service utile... Le micropaiement est censé apporter une réponse au financement des contenus qui ne nécessitent ainsi plus d'abonnement régulier. Aux fournisseurs de contenus de faire la promotion de l'outil de dons ensuite, pour assurer leur revenu, à la manière de ce que font déjà depuis longtemps certains développeurs de gratuiciels.
Jusqu'à ce week-end, pour implémenter un bouton Flattr sur son site, il fallait obligatoirement souscrire au service, verser une certaine somme et décider de la dépenser chaque mois par tranche de 2 à 100 euros. Mais il fallait aussi que ce crédit ne soit jamais épuisé pour s'assurer d'avoir suffisamment d'argent pour que les boutons restent actifs. C'est même la règle du système : « You need to give to get » (vous devez donner pour recevoir). L'argent est automatiquement crédité chaque mois (de deux à cent euros), et tout ce qui n'est pas dépensé en fin de période est reversé à une association caritative. Sauf que c'est terminé : à partir de dimanche, plus besoin de verser de l'argent chaque mois pour recevoir des paiements.
Le système passe donc à une solution de micropaiement plus classique, et cherche visiblement à devenir un outil de monétisation des biens digitaux. La stratégie s'éloigne certes de son fondement caritatif, mais s'inscrit ainsi comme une solution concurrente à Paypal for Digital Goods, par exemple. Pourquoi ce changement ? Flattr estime dans son billet de blog que sa règle numéro un « a bien servi son outil. Plus de 175 000 choses ont fait l'objet d'un paiement Flattr, presque 500 000 fois. » Mais selon le service, cette règle a aussi empêché beaucoup de gens d'utiliser Flattr.
La question du manque de confiance dans les nouveaux systèmes demandant un numéro de carte bancaire est par exemple évoquée par le blog. C'est a priori décorellé, mais Flattr semble considérer que si plus de fournisseurs de contenus se mettent à Flattr grâce à la nouvelle règle, plus de gens auront confiance dans le système. Autre raison avancée : « Il semblerait que nous n'en ayons pas besoin. Au départ nous pensions que "Donner pour recevoir" était nécessaire dans un monde où tout le monde est à la fois créateur et consommateur du contenu. » Mais apparemment, « plus de la moitié des utilisateurs payent les autres sans attendre d'être payés en retour sur Flattr. »
Flattr précise que le montant minimal sera toujours de 2 euros, et que le principal changement, c'est que les boutons resteront actifs lorsque l'utilisateur est à court de crédit. Les premiers commentaires sont positifs sous le billet de blog. Pour Flattr, il s'agit surtout d'élargir son audience pour que son service survive face aux mastodontes, Paypal en tête.