Pilo lance une pile auto-rechargeable pour les objets connectés

Thomas Pontiroli
Publié le 10 décembre 2014 à 17h22
Dans la vision de Pilo, jeune start-up présente à la conférence LeWeb 2014, améliorer une batterie, c'est réussir à s'en passer... La start-up a déjà mis sur pied une pile qui se recharge toute seule.

A chaque fois que les batteries de nos smartphones s'améliorent, de plus grands écrans et de nouvelles fonctionnalités viennent combler la progression. Comme les fabricants ne sont pas décidés à doubler l'épaisseur de leurs appareils pour ajouter plus de batterie et plus d'autonomie, il reste deux approches.
Celle de StoreDot, une start-up qui veut accélérer le rechargement significativement (30 secondes pour un smartphone) en employant des molécules biologiques. L'autre approche est celle de la jeune pousse Pilo.

Présente au concours de start-up de la conférence LeWeb 2014, elle est venue présenter, mercredi 10 décembre, sa conception de la recharge : elle doit être permanente. « Dans notre vision, on ne regarde pas l'autonomie des batteries, elle est ridicule d'ailleurs », nous confie même le fondateur, Nicolas Topper.


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Nicolas Topper, fondateur de Pilo


Le premier produit présenté est une simple pile. Exit la pile rechargeable sur secteur, celle-ci le fait sans source externe d'énergie. En fait, si : l'énergie cinétique. S'appuyant sur le principe de la récolte d'énergie (comme une éolienne avec le vent et un panneau solaire avec les rayons du soleil), cette pile doit être agitée pour se recharger. « L'idée est de produire l'énergie qui sera immédiatement consommée », appuie le PDG.

Une pile qui dure 10 ans

Cette pile AA de 1,5 V se recharge à l'aide d'un aimant et d'une bobine et pouvant atteindre sa pleine capacité en deux minutes - cela fera aussi un peu de sport. « Les piles classiques sont très polluantes en raison des éléments chimiques qui les composent, et ont une faible durée de vie. Notre pile peut être utilisée jusqu'à dix ans d'après nos calculs, et nous fournissons une garantie sur cette durée », nous explique Nicolas Topper.

Les applications de cette pile d'un nouveau genre se trouvent du côté du grand public. La télécommande de la télévision, souvent en mouvement lorsqu'on la saisit, est l'exemple que la start-up aime à citer. Une souris sans fil pour ordinateur s'y prêterait bien aussi. Mais le plus vaste champ d'application est l'Internet des objets. Nicolas Topper l'espère secrètement. « Tous les objets, selon leur fonction et leur demande en énergie ne se satisferaient pas de notre technologie, mais il existe clairement des débouchés », pense-t-on.

Taillée pour les objets connectés

Le fondateur de la jeune start-up - qui n'a pas encore déposé ses statuts, mais a déjà entamé des démarches de dépôt de brevet, aux Etats-Unis -, imagine un autre scénario : un collier GPS de suivi d'un chien. Dès que l'animal se met en mouvement, de l'énergie est générée et le système est alimenté. Si le chien reste dans sa niche, l'énergie emmagasinée suffit à fixer sa position. Et lorsque la pile est vidée, ça n'est pas grave puisqu'il n'y a, a priori, pas d'intérêt à géolocaliser son toutou s'il ne bouge pas. C'est un autre exemple.

La pile auto-rechargeable est pour l'instant disponible en pré-commande au tarif assez élevé de 10 euros. Mais à terme, le prix devrait se réduire drastiquement et peut-être s'aligner sur celui d'une pile rechargeable.


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Si les smartphones sont encore trop gourmands, Pilo espère, un jour, placer sa pile dans les montres connectées. « Les montres automatiques se rechargent en les agitant, mais c'est parce qu'elles réclament très peu d'énergie. Pour les montres connectées, elles vont encore devoir baisser leur consommation », souligne le responsable, espérant que la loi de Dennard continue de prévaloir - c'est le corollaire de la loi de Moore, selon laquelle les transistors divisent leur consommation énergétique par deux tous les 18 mois.

Une batterie mobile à manivelle ?

Mais la question qui nous taraude est : est-ce que cette pile, ou ce principe de recharge, suffirait à alimenter un smartphone ? « Franchement, non », nous répond, sans ambages, Nicolas Topper. « Nous avons fait des simulations, car c'était notre cible à la base, et on est arrivés au constat qu'il faudrait dix heures de marche pour recharger la batterie de son smartphone. Il faudrait aussi accepter qu'il soit vraiment plus épais... »

Pilo a quand même une solution : le smartphone à manivelle. « Cela existe déjà, concède Nicolas Topper, mais notre système est bien moins contraignant puisqu'il suffit de quelques tours de manivelle pour que le mobile soit utilisable. » Cet appareil sera avant tout vendu dans les pays en voie de développement.

« En Occident, les téléphones ont été conçus pour être rechargés régulièrement car nous avons des prises partout. Dans d'autres pays, surtout en Afrique, il y a parfois du réseau mobile mais pas assez de raccordements électriques pour recharger son mobile », résume Nicolas Topper qui a, lui même, déjà rencontré ce problème lors d'un voyage en Colombie. Ce téléphone sera vendu une quarantaine d'euros.

Une solution pragmatique

Pour l'optimiser, l'équipe a d'abord allégé Android pour diviser par deux ses demandes énergétiques. Elle a ensuite développé ce qu'elle qualifie de super-batterie, un mix entre un super-condensateur capable de récupérer de l'énergie et une batterie classique servant à la stocker. Ici aussi, un brevet a été déposé.

Nicolas Topper tient à le préciser : « Comparé à StoreDot qui travaille au niveau des semi-conducteurs, nous sommes des bricoleurs. Alors qu'eux essaient de modifier ce qu'est une batterie en réfléchissant en profondeur, nous, nous composons avec l'existant et voulons proposer un produit pragmatique utilisable dès aujourd'hui. » Mais à terme, son but est bien de se passer de la batterie au sens où on l'entend à ce jour.

« Pour nous, faire une meilleure batterie, c'est s'en passer », déclare-t-il. Ce téléphone sera bientôt produit un peu à la façon de Wikio, en s'appuyant sur un fabricant chinois. La société n'exclut pas de fabriquer certains éléments avec leur imprimante 3D. Une vingtaine de distributeurs auraient déjà manifesté leur intérêt pour ces technologies. Après le concours à LeWeb, Pilo cherchera à lever des fonds. Nicolas Topper est convaincu qu'une fenêtre de tir s'est ouverte à eux, et il espère simplement ne pas la gâcher.


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