[Silicon Valley] Stéphane Alisse, Ubifrance : « Il faut adopter les usages américains »

Antoine Duvauchelle
Publié le 11 juin 2010 à 09h00
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Stéphane Alisse est responsable du bureau Ubifrance de San Francisco. Organisateur du French Tech Tour, qui permet cette semaine à une quinzaine de startups françaises de rencontrer des clients, des partenaires ou des investisseurs potentiels dans la Silicon Valley, il nous livre sa vision de l'implantation sur la côte pacifique des Etats-Unis.

Bonjour Stéphane Alisse. Que peut-on déduire du cru 2010 du French Tech Tour ?

Nous avons ici le haut du panier dans les startups françaises, puisque ce sont nos partenaire américains qui les ont sélectionnées, mais je pense que c'est un échantillon assez représentatif de ce qui se fait en France : une bonne technologie, des business solides, un bon track record, mais un besoin d'être plus exposé au marché américain.

Ce que j'observe, c'est qu'il y a de plus en plus d'entrepreneurs français qui en veulent vraiment. Ca concerne toutes les générations, mais il y a aussi l'émergence d'une nouvelle génération qui ont lu tous les livres des gourous de la Silicon Valley, qui viennent et qui reviennent. Ils veulent être les Steve Jobs de demain, et ça leur donne une pêche visible. C'est un excellent signe à mon avis car je pense que c'est aussi le cas en France, même s'il est vrai qu'il y a une émulation très particulière ici.

Les initiatives comme le French Tech Tour ne sont-elles pas contre-productives pour le développement d'un écosytème hi-tech en France ?

Je ne crois pas que ce soit contre-productif, que ce soit vis-à-vis des pôles de compétitivité ou d'initiatives intéressantes comme le développement du plateau de Saclay. Ce sont deux choses complémentaires en réalité, car la plupart des entreprises ont un marché potentiellement mondial. La Silicon Valley, qui reste le centre de l'innovation high tech, est un accélérateur pour l'entrée des entreprises françaises sur ce marché mondial. Si ce n'était pas le cas, on n'observerait d'ailleurs pas ce mouvement, qui ne vient pas que de France, mais de tous les pays, vers la Silicon Valley.

Cela n'empêche aucunement les excellentes initiatives qui peuvent par ailleurs exister sur le marché français. Se frotter à l'écosystème de la Silicon Valley, c'est un moyen de valider son business model et l'intérêt du marché mondial pour son produit. Pour de nombreuses entreprises high tech, le développement de l'activité au niveau mondial doit passer par la Silicon Valley.

Quelles sont les caractéristiques que doivent avoir les entreprises pour réussir ici ?

Avant tout, il faut proposer une offre qui permette de régler des problèmes réels. Les americains y sont très sensibles. Plus ces problèmes sont gros, plus le potentiel de marché est important. C'est pour cela que les entreprises francaises, dont les produits reposent souvent sur une technologie prouvée ou de rupture, trouvent ici un echo positif. Mais les americains, qu'ils soient clients, partenaires technologiques ou investisseurs éventuels, regardent aussi l'entreprise et son équipe, sa capacité d'adaptation et d'évolution.
Tout cela, il faut aussi être capable de le montrer en quelques minutes seulement. Sur un marché aussi concurrentiel que les Etats-Unis, il est vital de savoir se vendre en racontant une belle histoire. Le storytelling, c'est aussi un élément sur lesquel Ubifrance aide les entreprises françaises.

Le storytelling (raconter la belle histoire, NDLR) est important, car on ne peut pas réussir si le produit ne change pas quelque chose, si c'est un accessoire. La base est évidemment la technologie, et la capacité de l'entrepreneur à voir à quel besoin il peut répondre sur le marché, mais il faut bien voir que les Américains sont les rois de la communication. C'est un défi énorme pour nous, car ils apprennent depuis leur enfance à prendre la parole en public, à convaincre les gens. Ce n'est pas naturel pour les étrangers, qu'ils soient Allemands, Roumains, ou Français. Or il faut adopter les usages américains.

Merci beaucoup, Stéphane.
Antoine Duvauchelle
Par Antoine Duvauchelle

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