Mort de l'email : les réseaux sociaux d'entreprise lui laissent du répit

Antoine Duvauchelle
Publié le 10 mars 2011 à 07h18
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Le mois dernier, l'ancien ministre et PDG d'Atos Origin Thierry Breton annonçait la mort à trois ans de l'email dans son entreprise. L'outil était jugé dépassé et envahissant, ce qui devrait a priori ravir les réseaux sociaux d'entreprises, cités comme nouvelles bonnes pratiques... Sauf que ces mêmes acteurs, rencontrés sur le salon Intranet et Travail collaboratif de Paris, ne voient pas vraiment, eux, l'email mourir.

C'est chez le Français Bluekiwi qu'on est le plus enthousiaste. L'email y est jugé inadapté aux nouvelles pratiques de l'entreprise, et doit se contenter à l'aide aux personnes, selon Amélie Launay, Marketing Manager de Bluekiwi. « Et même s'il ne s'agit que d'une question, dès que trois personnes entrent dans la communication, c'est que la question a le potentiel pour intéresser tout le monde. Il faut donc l'intégrer dans une plateforme collaborative. »

De fait, l'email reste un canal privilégié des relations dans l'entreprise et vers l'extérieur. Pour Eric Merle, président de la toute jeune startup Cara Mel, il est cela dit de plus en plus difficile à appréhender. « On passe tellement de temps à consulter ses emails, pour séparer ce qui est bon de ce qui ne l'est pas, que c'est une perte de temps énorme. » Selon Eric Merle, Thierry Breton s'avance tout de même un peu. « Je lui souhaite bon courage. Le seul moyen de mettre fin à l'email dans trois ans, c'est de couper le serveur de messagerie. »

L'email serait donc loin d'avoir le moindre orteil dans la tombe. Et d'ailleurs, sa mort n'est pas forcément souhaitable, ou souhaitée par les réseaux sociaux d'entreprise. Paradoxal a priori, sauf que pour Telligent, un acteur important aux Etats-Unis qui vient de s'implanter en France, il n'en est pas questions. Stephen Poncini, le vice-président EMEA de Telligent, explique que la question, c'est « la valeur ajoutée que nous apportons avec les réseaux sociaux et les plateformes collaboratives par rapport à l'email. Par exemple, nous sommes capables d'intégrer les emails à nos outils. »

Récupérer les emails pour les stocker ? L'idée n'est pas farfelue, si on prend le point de vue de Telligent : le principal de problème ne serait pas sa profusion, mais son caractère éphémère. « Par le canal de l'email, la connaissance est perdue, et est inutilisable pour les autres personnes de l'entreprise. Notre idée, c'est qu'une fois émis, le mail peut être redirigé vers un blog ou un forum s'il est jugé digne d'intérêt. » Bref, la mort de l'email, « il est possible que ça se fasse, » selon Stephen Poncini, mais c'est loin d'être fait.

Et de toute façon, si l'on en croit Eric Merle, « il ne faut pas prendre ce qu'a déclaré Thierry Breton au pied de la lettre. Mais son constat est juste : les gens sont submergés par les emails, donc il faudra apprendre à les utiliser de manière intelligente, avec un classement par exemple. Mais la mort, non : on ne change pas les gens comme ça. » Petit instant nostalgie : « quand j'étais jeune ingénieur, » dit ce patron de PME, « on m'a dit que le COBOL était un langage qui serait mort dans les cinq ans. Dépassé, vieux, inadapté, il n'avait aucun avenir... » Dont acte.
Antoine Duvauchelle
Par Antoine Duvauchelle

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