Foxconn : après l'émeute, les ouvriers reprennent le travail

Thomas Pontiroli
Publié le 25 septembre 2012 à 18h46
L'activité a repris, mardi, dans l'usine Foxconn de Taiyuan, dans le nord de la Chine. L'émeute impliquant 2 000 salariés a causé 40 blessés dont 3 graves dans la nuit de dimanche à lundi. Selon des sources syndicales, les impératifs de production liés à la sortie de l'iPhone 5 y auraient contribué.

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L'origine de cette rixe géante, survenue dimanche soir dans un dortoir de l'usine Foxconn de Taiyuan entre 2 000 ouvriers, n'est pas connue officiellement. Pour autant, l'activité de l'usine a repris ce mardi. Selon le taïwanais, la rixe avait été déclenchée par un conflit entre les travailleurs, et pas en raison des conditions de travail.

D'après des militants syndicaux et des salariés, interrogés par Reuters, et qui affirment que des composants de l'iPhone 5 sont assemblés dans cette usine, la sortie du smartphone ne serait pas totalement étrangère à ces tensions. La forte demande pour le smartphone d'Apple, écoulé à 5 millions d'exemplaires en trois jours, aurait entraîné des heures supplémentaires venues s'ajouter à des journées déjà bien au-dessus des quotas horaires en vigueur en Chine, ainsi que des pressions en plus sur le personnel. Certains salariés ont affirmé que les objectifs de production avaient été relevés de 20% par rapport à l'iPhone 4S. Une thèse défendue par China Labor Watch qui avance que cette usine produit bien des iPhone 5.

Foxconn de son côté, affirme que le site de Taiyuan produit des composants destinés à de multiples industries. Selon un porte-parole de la société contacté par BusinessWeek, Louis Woo, cette usine fabrique « des composants pour l'automobile, l'électronique grand-public et des moulages de précision ». Selon l'analyste Jeff Pu, de Fubon Financial Holding, les iPhone 5 seraient assemblés sur les sites de Zhengzhou et Shenzhen. L'usine de Taiyuan compte comme clients HP,Sony ou encore Nintendo. Le porte-parole a refusé de préciser si d'autres sociétés s'étaient ajoutées à la liste, ne fermant pas la porte à la possibilité que des composants seulement du smartphone d'Apple soient fabriqués sur ce site.

Les conditions de travail encore pointées du doigt

L'émeute a éclaté entre les salariés et les gardes de sécurité. Près de 5 000 policiers ont été déployés pour maîtriser le personnel en colère. Une ouvrier de 19 ans, hospitalisé pour une blessure au dos et aux mains, dénonce, auprès de l'agence, le comportement des gardes qui « sont tout le temps durs, ce qui irrite le personnel au bout d'un moment, et les mène à se comporter ainsi ». Des tensions accrues, selon certains, par l'arrivée récente de nouveaux travailleurs en provenance d'autres sites de production, et venus renforcer la capacité de l'usine de Taiyuan.

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Du côté de Foxconn, une porte-parole a dédouanné la société en précisant que ces gardes étaient employés par une société tierce et que leurs agissements « n'ont pas été bons ». Par le passé, ces gardes avaient fait parler d'eux lorsqu'ils avaient serré la vis auprès des ouvriers afin d'éviter des vols de prototypes d'iPhone. La marque, très attachée au secret, articule sa stratégie autour du buzz créé par chaque lancement produit.

Selon Li Qiang, de l'organisation China Labor Watch, « la responsabilité incombe à Apple qui axe sa politique marketing sur des lancements à grande échelle, tout d'un coup, et sans un minimum de stocks. Ainsi, cela crée une pénurie temporaire et cela booste la demande ». La contrepartie se fait sentir sur les cadences de travail dans les usines, qui doivent être corrélées aux impératifs dictés par la firme de Cupertino.

Si le lien de cause à effets entre la production du téléphone et la rixe géante est établi, cela fera mentir le rapport de la Fair Labor Association (FLA) rendu le 22 août dernier. Missionnée par Apple, l'organisation avait conclu que les conditions de travail étaient en voie d'amélioration dans les usines du taïwanais. Une enquête sur laquelle plane un léger doute de partialité, dans la mesure où des représentants d'Apple siègent au conseil d'administration de la FLA.
Thomas Pontiroli
Par Thomas Pontiroli

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