Lyft et la municipalité de New-York se feront prochainement face devant les tribunaux. Principal concurrent d'Uber sur le marché des VTC aux Etats-Unis, Lyft dénonce la mesure de salaire minimum horaire appliquée depuis peu à New York.
Au travers d'une loi entrée en vigueur ce 1er février, le conseil municipal de New York impose en effet que les chauffeurs de VTC soient rémunérés à hauteur de 17,22 dollars de l'heure. Une mesure jugée déloyale par Lyft, qui a annoncé mercredi porter l'affaire devant la justice.
Lyft craint pour sa rentabilité face à un Uber surpuissant
Si l'application assure ne pas viser la loi en elle-même, elle dénonce les modalités précises de sa mise en oeuvre, qui porteraient préjudice à sa rentabilité et défavoriseraient son service face à celui de son principal concurrent, Uber. Notons que la mesure de salaire minimum voulue par la ville de New York est destinée à s'appliquer à l'ensemble des acteurs du secteur VTC. Lyft et Uber sont donc concernés, au même titre que Juno ou encore Via.La racine du problème pour Lyft toucherait en réalité à sa position sur le marché. Tandis qu'Uber, en bon leader du secteur, n'a aucun mal à trouver des clients pour ses chauffeurs, Lyft pour sa part souffre d'une clientèle moins dense... et donc d'un rendement horaire fluctuant. Une situation que la municipalité de New York tendrait à ignorer, faisant ainsi le jeu d'Uber qui fonctionne pour sa part en flux tendu. Après quelques molles protestations, le numéro 1 du VTC semble d'ailleurs enclin à se plier à cette nouvelle mesure qui pourrait bien le débarrasser de son concurrent direct.
C'est en tout cas ce que pointe un porte-parole de Lyft dans un communiqué relayé par Wired. « Ce n'est un secret pour personne, Uber par le passé tenté de nous mettre en faillite. Ils ont échoué à plusieurs reprises, mais la TLC (Taxi and Limousine Commission, qui a avalisé ce projet de loi proposé par la ville de New-York, ndlr) ne devrait pas les aider dans leurs efforts pour y parvenir ».
Le maire de New-York indigné
Comme le rapportent Les Echos, le conseil municipal de New-York semble pour sa part assez peu sensible aux arguments déployés par Lyft, préférant mettre en avant l'enjeu sociétal de la mesure instaurée cette semaine.Et pour cause : près de 77 000 chauffeurs de VTC new-yorkais touchent seulement 11,90 dollars de l'heure en moyenne, alors que le SMIC atteint sur place les 15 dollars. Dans ces conditions, la municipalité de New-York insiste. « Ces nouvelles règles protégeront les milliers de chauffeurs qui travaillent pour les quatre applications de VTC les plus actives », a déclaré un représentant département juridique de la ville de New York suite à l'annonce de Lyft. « Elles leur assurent un revenu minimum juste et légal, et nous les défendront avec vigueur devant les tribunaux ».
Sur Twitter, le maire de New-York, Bill de Blasio, a de son côté qualifié le procès intenté par Lyft d'« inadmissible ». « La grande majorité des conducteurs de ces sociétés gagnent moins que le salaire minimum. Nous ne pouvons pas tolérer cela à New York et nous nous battrons avec acharnement pour que les travailleurs reçoivent le salaire qu'ils méritent », a-t-il ajouté.
Unconscionable. The overwhelming majority of these companies' drivers earn less than minimum wage. We won't stand for it in New York City, and we'll fight every step of the way to get workers the pay they deserve.https://t.co/lwjma86aTj
— Mayor Bill de Blasio (@NYCMayor) 30 janvier 2019