Le géant de l'Internet russe, Yandex, étroitement lié au Kremlin, continue de se développer en validant des coopérations et acquisitions stratégiques sur les secteurs qu'il maîtrise.
Tout roule pour Yandex. Le géant de l'Internet russe, coté à New-York et valorisé à 12 milliards de dollars au Nasdaq, a vu ses recettes grimper de 40 % en un an (à 588 millions d'euros) au deuxième trimestre, venant consolider sa stratégie d'expansion. En Russie, son moteur de recherche jouit d'une part de marché de 56 % et devance nettement Google (40 %), qui peine à s'imposer au pays des Tsars. Mais étonnement, c'est une autre activité qui attire la lumière sur le groupe fondé par Arkady Volozh.
Yandex et Uber, comme deux amis
Le groupe moscovite possède une filiale forcément peu ou pas connue des Français, mais qui a pignon sur rue en Russie, Yandex.Taxi. Cette entreprise parallèle, qui exerce sur les marchés des taxis réservés en ligne et de la livraison de repas, est née de la fusion avec Uber en 2017. Et ne vous y trompez pas, Yandex.Taxi est bien aux mains de Yandex, et non d'Uber, qui ne possède qu'une part minoritaire de la firme. Cela permet à la firme russe d'être le leader local sur ces deux marchés, en plus de son moteur de recherche.Et la coentreprise Yandex.Taxi vient d'étendre son influence après avoir bénéficié du rachat par sa maison-mère de la propriété intellectuelle et des centres d'appels en Russie de Vezet, qui est tout simplement l'un des concurrents de la firme dans les services de taxi. Désormais, Yandex en a le contrôle.
La stratégie de la société moscovite en la matière s'avère être une réussite puisque le chiffre d'affaires issu de ses taxis a bondi de 116 % au second trimestre, pour atteindre 21 % du chiffre d'affaires du groupe.
Une diversification réfléchie sur les terrains du numérique et de la mobilité
Yandex possède une autre filiale Yandex.Drive, fondée fin 2017, qui constitue la société de covoiturage la plus puissante de Russie, la deuxième d'Europe et la troisième au monde. La firme veut désormais s'étendre à l'autopartage, comme en témoigne le partenariat conclu avec le groupe Renault-Nissan-Avtovas, par lequel 2 millions de leurs véhicules devraient être équipés de Yandex.Auto. Comme l'indiquent nos confrères des Échos, les véhicules seront aussi équipés de l'assistante vocale maison de Yandex, Alice, qui épaulera le conducteur durant son trajet.Au jeu des alliances, Sberbank, la première banque russe, a officialisé il y a quelques jours un partenariat avec Mail.ru, un concurrent de Yandex, pour créer une plateforme numérique estimée à 100 milliards de roubles (1,42 milliard d'euros) et qui proposera des services de réservation de taxis et de commande de repas en ligne. Sauf que la société Yandex a prouvé qu'elle n'était pas rancunière en s'associant également avec la banque russe, avec laquelle elle développe Yandex.Market, une coentreprise de e-commerce.
Si le groupe Yandex a tendance à prouver qu'il est fort et puissant, la suspicion pèse sur lui. Certains experts du secteur craignent que ses liens avec le pouvoir ne le poussent à diffuser des informations et données personnelles des utilisateurs, à des fins d'espionnage.
Source : Les Échos