Jusque-là vice-président Advocacy de Qwant, Tristan Nitot devient le numéro deux du moteur de recherche respectueux de la vie privée, en prenant le poste de directeur général. Il répond aux questions de Clubic.
Quinze mois après son arrivée chez Qwant comme VP Advocacy, Tristan Nitot prend déjà du galon et est nommé, ce 19 septembre, directeur général du moteur de recherche français, devenant le numéro deux dans la hiérarchie derrière son co-fondateur et président Éric Léandri. Désireux de faire passer l'entreprise « à l'étage supérieur », celui qui a fondé l'association Mozilla Europe en 2003, passé par Cozy, veut très vite s'atteler à deux chantiers majeurs : le produit Qwant et l'ingénierie. Il s'est confié à Clubic en marge de sa nomination.
Tristan Nitot va occuper un rôle plus opérationnel
« En quinze mois, j'ai pris beaucoup de notes », nous livre en riant Tristan Nitot. Bosseur et méthodique, le désormais directeur général de Qwant a profité de l'année et demi écoulée pour faire du relationnel, discuter avec les communautés du logiciel libre et participer à des conférences. À présent, il retrouve un rôle beaucoup plus opérationnel, avec « une réserve d'idées à appliquer pour faire passer Qwant à l'étage supérieur. »« Faire en sorte que les collaborateurs de la société puissent travailler plus efficacement »
En posant un pied devant l'autre, Qwant avance doucement, se construit une réputation, et réalise un important travail de fond en développant, en interne, différents services. Tristan Nitot, lui, a l'intention de mener « un focus sur le produit et l'organisation de l'ingénierie, pour optimiser le fonctionnement de l'équipe. »
Éric Léandri, P.-D.G. de Qwant, réplique : « Des gens sont allés très loin pour nous déstabiliser »
« Ensuite, il faut réfléchir à ce que l'on veut mettre dans la culture d'entreprise. Je vais faire en sorte que les collaborateurs de la société puissent travailler plus efficacement, et que cela se ressente sur leur bien-être », nous précise-t-il.
Développer Qwant à l'international
Bilingue en anglais, Tristan Nitot disposera également de la liberté nécessaire pour développer Qwant sur le plan international. « C'est aussi pour cela que j'ai été choisi. Je vais avoir l'occasion de mettre encore plus à profit l'expérience et les relations construites en partie durant l'époque Mozilla. » L'internationalisation, c'était l'une des priorités du prédécesseur de Tristan Nitot, François Messager, qui ne sera donc resté chez Qwant qu'un an et demi.« Voir à plus grande échelle et renforcer notre base de clients »
Qwant travaille actuellement sur une nouvelle version de son moteur de recherche. Une tâche délicate, qui prend du temps. Mais cette dernière devrait être dévoilée aux utilisateurs en 2020. Pour le directeur général, « ce n'est jamais facile de sortir un produit, surtout dans un cas comme le nôtre où vous avez une base installée et où il ne faut pas perturber l'utilisateur. »
L'exemple du moteur de recherche vaut aussi pour la régie publicitaire maison, Qwant Ads, dont les premiers tests ont été concluants, comme nous le confiait Éric Léandri récemment. « Cette régie publicitaire est très importante pour nous », ajoute Tristan Nitot. « Nous disposons déjà d'une première version, que nous avons pu tester à petite échelle, comme vous le savez. Maintenant, il faut là aussi voir à plus grande échelle et renforcer notre base de clients. »
Sur l'indice Next40 ? « Qwant n'en fait pas partie. Cela s'est joué à peu de choses. Mais globalement, je trouve que c'est une bonne idée. C'est même très important. Nous avons, en France, un écosystème de financement qui n'est pas suffisamment large. Beaucoup d'entreprises européennes finissent par migrer aux États-Unis, ce qui est dommage, car nous sommes sur un marché avec des consommateurs solvables, et l'une des puissances les plus riches du monde. Les Anglais, Allemands et Français ont toujours été les marchés favoris des Américains. Nous n'arrivons pas à passer à la vitesse supérieure dans le pays. J'espère que ça aidera. »
Concernant les multiples enquêtes sur les GAFA aux États-Unis ? « C'est également une bonne nouvelle. Leur pouvoir est presque régalien. Les gens ne s'en rendent pas bien compte, mais la liberté de l'internaute peut grandement être menacée. Admettons qu'on vous écarte de Facebook, vous ainsi que vos contenus. Vous ne pourrez rien y faire et perdrez tout. Je pense que nous n'avons encore rien vu de ce que les GAFA sont capables de faire dans des tas de domaines insoupçonnés. »