WeWork jette l'éponge pour son entrée en Bourse, la limite des levées de fonds a-t-elle été atteinte ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 01 octobre 2019 à 12h19
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WeWork Coeur Marais (Paris 3) - Common Areas (© WeWork)

Le champion du coworking, WeWork, devait signer la deuxième plus grosse introduction en Bourse de l'année. Au lieu de ça, la société américaine a renoncé, et plonge un peu plus dans une crise qui pose question.

WeWork est en train de devenir un cas d'école des effets potentiellement pervers des entreprises qui subsistent grâce aux levées de fonds. Pour vous situer le contexte, la société est un peu aux bureaux partagés ce qu'Uber est aux VTC, ou qu'Airbnb est à la location de logements en ligne. WeWork, c'est le géant du coworking, dont le principe est de mettre à disposition d'entreprises ou d'indépendants des bureaux, postes de travail et locaux. Sauf que son business model ne tient plus.

WeWork n'aura pas convaincu suffisamment d'investisseurs

« Nous avons décidé de reporter notre introduction en Bourse afin de nous concentrer sur notre cœur de métier, dont les fondamentaux restent solides », ont annoncé, fatalistes, les nouveaux patrons de la firme, Artie Minson et Sebastien Gunningham, à peine nommés le 24 septembre après la démission d'Adam Neumann, Co-fondateur de WeWork.


La société renonce donc à son IPO au Nasdaq via sa maison mère, The We Company. Une situation qui était inéluctable pour elle, tant ses difficultés sont importantes. Et si le nouveau tandem de dirigeants affirme avoir « la ferme intention que WeWork devienne une société cotée », ce n'est sûrement pas demain la veille qu'elle y parviendra. L'entreprise n'est pas parvenue à convaincre suffisamment d'investisseurs susceptibles de souscrire des titres, alors même que sa valorisation théorique était en baisse.

Softbank, l'arbre qui cache(ait) la forêt

WeWork, dont l'activité en France se résume à une quinzaine de bâtiments à Paris, a pratiqué une féroce politique d'acquisition (ou de location) de biens immobiliers pour favoriser son expansion rapide. Avec pour conséquence la perte de 2 milliards de dollars l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 1,82 milliard de dollars. La holding japonaise Softbank a multiplié les rallonges à coup de milliards de dollars, permettant à WeWork de lever des fonds avec une facilité déconcertante.

Sauf que lever des fonds ne suffit pas à assurer sa pérennité dans le temps. Uber commence à toucher du doigt cette situation, en affichant toujours des pertes colossales, tandis qu'Airbnb repousse son introduction en Bourse, même si le groupe affirme tous les ans vouloir y faire son entrée.

Licenciements, vente d'actifs, une cure d'austérité s'annonce

Le modèle même de ces super-entreprises avançant à marche forcée pose question. La semaine dernière, l'agence de notation SP Global avait jeté une petite bombe en affirmant, au sujet de la maison mère de We Work, que sa situation en termes de liquidités était « moins que suffisante », les rentrées d'argent ne compensant pas les investissements de ses mécènes. L'introduction en Bourse pouvait lui rapporter 3 milliards de dollars ainsi qu'une ligne de crédit de 6 milliards de dollars, grâce aux banques. Elle va devoir faire sans. Et peut-être précipiter sa chute.


WeWork pourrait, dans les semaines qui viennent, supprimer plusieurs milliers d'emplois, et se livrer à une cure d'austérité majeure. Certains de ses actifs, comme WeGrow pour le secteur éducatif ou WeLive pour la colocation, devraient être mis en vente, car éloignés du « cœur de métier de la société ». Aujourd'hui, la WeWork est présente dans 29 pays et « héberge » quelque 527 000 entreprises et indépendants.

Source : WeWork
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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