Le groupe suédois a trouvé un accord avec la justice américaine pour mettre fin à une enquête lancée après avoir versé des millions de dollars de pots-de-vin à divers pays.
Ericsson trainait l'affaire comme un boulet depuis plusieurs années. Le géant de matériels de télécommunications suédois était accusé de malversation pour avoir mis en place un système complexe de pots-de-vin destiné à renforcer ses activités dans son secteur phare. L'entreprise a accepté de payer plusieurs amendes pour un total dépassant le milliard de dollars, pour enterrer le dossier et se lever cette épaisse épine du pied.
Ericsson a vu venir...
Le groupe suédois, qui n'a pas nié les faits, a versé entre 2000 et 2016 plusieurs millions de dollars de pots-de-vin dans cinq pays : en Chine, en Indonésie, au Vietnam, à Djibouti et au Koweït. L'activité de corruption a permis à Ericsson d'augmenter ces profits. Mais la société a pu se mettre d'accord avec la justice américaine, pour mettre un terme à l'affaire.Ericsson s'est ainsi engagée à payer 520 millions de dollars d'amende au pénal, comme le réclamait le ministère américain de la Justice, ainsi que 540 millions dollars au civil à la U.S. Securities and Exchange Commission, qui est l'équivalent de l'Autorité des marchés financiers française. La firme, qui collabore avec la justice américaine depuis 2013, avait tout prévu puisqu'elle avait déjà provisionné 1,2 milliard de dollars, en prévision du règlement de l'amende.
De juteux contrats décrochés grâce aux pots-de-vin
Avec le but de décrocher des contrats, Ericsson a versé des dizaines de millions de dollars en cadeaux divers sur le territoire chinois sur ces seize sombres années. À Djibouti, l'entreprise a transféré 2,1 millions de dollars de pots-de-vin à des hauts responsables du pays entre 2010 et 2014 en passant par une filiale, ce qui lui avait permis de signer un contrat lui rapportant plus de 20 millions de dollars. Toujours en passant par des filiales ou des sociétés obscures, Ericsson a versé 4,8 millions de dollars au Vietnam, 45 millions de dollars en Indonésie et 450 000 dollars au Koweït, ce qui avait permis au groupe suédois de décrocher un très lucratif contrat de 182 millions de dollars.« Cela reflète un comportement extrêmement embarrassant et inacceptable dans le passé, et bien sûr, c'est une chose dont nous avons honte en tant qu'entreprise et dont j'ai personnellement honte », a réagi le PDG d'Ericsson, dans des propos relayés par nos confrères de Bloomberg. « Mais le règlement nous permet également de mettre un terme à un processus très long et de grande envergure qui nous permet maintenant d'aller de l'avant et de bâtir une entreprise beaucoup plus forte pour l'avenir », a-t-il poursuivi. Car c'est bien connu : l'argent ne fait pas le bonheur, mais dans le monde des entreprises, il efface bien des peines.
Source : Bloomberg