A peine s'est-il élancé qu'Apple Pay a trébuché. Lundi 27 octobre, CVS Health et Rite Aid, deux distributeurs américains majeurs en produits pharmaceutiques, annonçaient la désactivation du système de paiement sans contact d'Apple dans leurs milliers de points de vente - 4 572 pour Rite Aid. Aujourd'hui, le patron du groupe américain tente d'étouffer l'incendie, chiffres à l'appui, avant qu'il ne se propage à d'autres entreprises.
Trois jours après la mise à disposition d'Apple Pay auprès des possesseurs américains d'iPhone 6, lundi 20 octobre, 1 million de cartes bancaires ont été enregistrées. En photographiant sa carte, une personne peut la lier facilement à son compte iTunes et ainsi régler ses achats, sans contact, dans les magasins partenaires.
Invité à une conférence organisée en Californie par le Wall Street Journal, Tim Cook a souligné que, selon les données de Visa et MasterCard, Apple Pay générait déjà plus de transactions sans contact que les autres systèmes, toutes technologies confondues. Mais le nombre d'utilisateurs effectifs n'a pas été précisé.
De grands distributeurs s'opposent
Adossé à un demi-millier d'établissements bancaires et à un certain nombre d'enseignes importantes comme McDonald's, Nike, Chevron ou Disney, le service de paiement serait sur le point d'attirer « un grand nombre d'autres marchands, prêts à signer, ainsi que des banques et le reste du monde », a insisté Tim Cook. Mais il reste une épine dans le pied du PDG : de très grands distributeurs ne veulent pas d'Apple Pay, et le disent.Pire pour Apple : ils ont préparé une alternative. Réunis au sein de la co-entreprise Merchant Customer Exchange (MCX) depuis 2011, des monuments tels que Wal-Mart, Exxon, Target ou Shell ont pour seul but de s'extraire du joug des émetteurs de cartes qui, pour chaque transaction, prélèvent une dîme de 2 à 3%.
Eux ont développé CurrentC, une application de paiement sans contact proche d'Apple Pay. Sa grande force est d'être compatible avec les terminaux de paiement existants, car elle utilise un QR code plutôt que le NFC. Son autre atout est de ne pas passer par Visa ou MasterCard, et de permettre aux commerçants de prélever directement les clients sur leur compte. Autre différence avec Apple Pay : CurrentC collectera les données...
Alors qu'Apple promet de ne recueillir aucune information liée aux transactions, Tim Cook a rappelé qu'il considérait son système plus sécurisé que les autres : Apple Pay associe l'empreinte digitale de l'utilisateur à un code unique, chiffré et stocké dans une puce dédiée et appairé à un numéro généré à chaque transaction. L'atout de la sécurité est surtout regardé aux Etats-Unis, où la fraude à la carte bancaire est importante.
Alibaba est intéressé par Apple Pay
Si le potentiel de CurrentC n'en demeure pas moins intéressant, du moins sur le sol américain, Apple pourrait s'associer à un partenaire de taille, qui lui donnerait une longueur d'avance : Alibaba. Présent lors de la même conférence, son PDG, Jack Ma, a déclaré qu'il était « disposé à travailler avec Apple dans les services de paiement en ligne », évoquant la possibilité de lier Apple Pay à l'outil Alipay, l'équivalent chinois de PayPal.En visite aux Etats-Unis cette semaine, Jack Ma a déclaré qu'il espérait « pouvoir faire quelque chose ensemble ». Si Apple concrétisait un rapprochement, il ajouterait potentiellement 300 millions de comptes bancaires (deux fois plus que PayPal) à sa base installée de plus de 800 millions, et marquerait une avancée conséquente en Chine, où déjà plus de 20 millions de précommandes d'iPhone 6 et 6 Plus ont été enregistrées.
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