© Alexandre Boero pour Clubic
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Filmés en permanence au cours de leur tournée de livraison, les vidéos de livreurs Amazon se multiplient désormais sur les réseaux sociaux.

Pour les opérateurs de services de livraison travaillant pour Amazon aux États-Unis, les vidéos de leurs livreurs prises en continu sont apparemment dans le domaine public. En tout cas, ils n'hésitent pas à en poster par dizaines, notamment sur Reddit, pour y gagner quelques points de karma. Les livreurs concernés n'ont pas l'air d'avoir leur mot à dire sur la question.

Mise à jour, le 19/07/2023 à 17h55 :

Nous avons ajouté en pied d'article les précisions apportées par Amazon concernant ce dispositif.

Une nouvelle trend de vidéos

Sur le subreddit r/AmazonDSPDrivers, qui est dédié aux entreprises gérant les livreurs de colis Amazon, une nouvelle tendance de vidéos émerge depuis quelques semaines. On y voit des livreurs, filmés de face au cours de leurs tournées, en train d'interagir avec d'autres personnes, de jouer avec des animaux, ou de faire des actions globalement hors du commun. Au vu de la quantité de contenu ainsi produite par ces systèmes, il n'est pas étonnant que de temps à autre, certaines vidéos soient assez exceptionnelles pour devenir virales.

Ce qui l'est un peu plus, c'est que ceux qui postent ces vidéos, vraisemblablement pas les livreurs eux-mêmes, considèrent apparemment que ces derniers n'ont pas réellement le droit à la vie privée. N'ayant pas conscience de tout ce qui peut rendre ce genre de posts problématiques, au moins, ou dystopiques, au pire, leurs auteurs sont cependant régulièrement rappelés à la réalité dans des commentaires généralement très critiques.

camera surveillance

Mais au fait, pourquoi Amazon filme ses livreurs ?

Depuis quelques années, pour avoir la chance de devenir livreur pour Amazon, il faut préalablement signer un formulaire de consentement biométrique. Celui-ci autorise l'entreprise à utiliser les informations biométriques des livreurs, récoltées par une caméra, opérée par une intelligence artificielle qui identifie leur visage, mais aussi leurs actions sur la route. Sont ainsi enregistrés leurs mouvements, leurs décisions de conduite, mais également la vitesse de leurs véhicules et leur environnement. Amazon, qui place apparemment la sécurité en priorité, avait répondu lors de l'installation de ces systèmes par la voix de l'un de ses porte-paroles : « ne croyez pas les critiques intéressés uniquement par eux-mêmes qui déclarent que ces caméras sont ici pour une autre raison que la sécurité ».

Ces « critiques intéressés uniquement par eux-mêmes » avaient pourtant au moins raison sur un point : les caméras sont utilisées pour punir les livreurs qui ne respectent pas les règles édictées par l'entreprise. Là où elles sont fortes, c'est qu'elles prennent la décision par elles-mêmes, et qu'il semble extrêmement compliqué pour les livreurs de faire appel de ce type de sanction. Pourtant, nombre d'entre eux se sont plaints d'erreurs, comme s'il arrivait que l'IA en fasse.

S'il est vrai que les vidéos de ce système de contrôle absolu ne sont pas directement mises en ligne par Amazon, on ne peut pas pour autant l'absoudre de sa responsabilité. Plusieurs livreurs interrogés ont expliqué n'avoir pas eux-mêmes accès à ces flux vidéo, et ce sont donc leurs superviseurs qui prennent la liberté de partager leur vie privée. Amazon, au grand minimum, devrait s'assurer que cela ne se produise pas.

Notez que ce système de surveillance n'a pas été mis en place en France.

Amazon a souhaité apporter les précisions suivantes :

Dans les pays où cette technologie est utilisée, les caméras Netradyne servent à assurer la sécurité des livreurs dans les territoires sur lesquels ils opèrent. Les partenaires de livraison ont accès au portail Netradyne sur lequel le contenu vidéo des caméras embarquées est automatiquement téléchargé en cas d’incident. Ces derniers peuvent choisir de partager les séquences vidéos avec leurs salariés. Néanmoins, pour des raisons de confidentialité, la publication du contenu en externe constitue une violation des politiques du programme.

Source : Vice (1), Vice (2)