Derrière son portail en ligne, Amazon est une vraie usine logistique, et il le prouve encore. Le géant du e-commerce a annoncé ce weekend le déploiement de 15 000 robots dans dix de ses entrepôts américains. Objectifs : améliorer la productivité de sa chaîne logistique pour mieux supporter les pics d'activités qui ont surtout lieu durant les fêtes de fin d'année, mais aussi réduire ses coûts d'exploitation d'un cinquième.
Extrait de la série TV Real Humans.
Cette intégration est le fruit d'un gros rachat, opéré par l'américain en mars 2012. Ces robots sont en effet conçus par la société Kiva Systems, acquise par Amazon pour 775 millions de dollars. Si ce dernier utilisait déjà des systèmes d'automatisation dans ses entrepôts, la technologie de Kiva Systems lui permet d'améliorer d'apporter directement les produits aux employés afin qu'ils les prennent, les emballent et les chargent.
Un robot Kiva ressemble à un gros aspirateur autonome tel qu'on peut en avoir chez soi, mais en plus gros, puisqu'il pèse 145 kg. Capable de porter 280 kg, il permet à Amazon d'augmenter de 50% le nombre d'articles traités et d'abaisser le temps pour une livraison le jour même sur différents sites. L'américain a aussi déployé des bras articulés (Robo-Stow), figurant parmi les plus gros du monde et capables de soulever 1,2 tonne.
L'enjeu pour Amazon est de taille. Alors qu'il est déjà réputé pour sa rapidité de livraison, l'américain ne veut pas se faire dépasser par des concurrents comme eBay ou Alibaba - qui a pris une participation en 2013 dans ShopRunner, spécialiste de la livraison en un jour. S'il réussit à équiper ses 80 centres de traitement aux Etats-Unis, ce qui représente environ 10 000 robots de ce genre, il pourrait accélérer la livraison d'un cran encore.
Vers une détérioration des conditions de travail ?
Ces avancées sont toujours gratifiantes pour le client final. Mais elles ont un versant social moins reluisant. L'américain n'en est pas encore au même degré d'évolution que dans la série TV Real Humans, où l'on peut voir un centre logistique n'employant quasiment que des robots humanoïdes, et ne s'arrêtant que pour se recharger. Pour autant, cette initiative d'Amazon a bien vocation à remplacer une partie de ses effectifs.Si les machines ne supplantent pas encore tout le personnel dans les entrepôts, se pose bien la question de la cohabitation entre les deux. Ce problème était déjà bien illustré par Charlie Chaplin dans Les temps modernes en 1936. Près de 80 ans plus tard, il perdure. Il y a un an, un journaliste de la BBC, Adam Littler, décrivait les conditions difficiles imposées dans ces centres géants (75 000 m²), où la cadence est effrénée.
Or, les conditions de travail présentées ne prenaient pas en compte à l'époque les robots Kiva. Si le nombre d'articles traités augmente de 50%, quel sera l'impact sur la façon de travailler des magasiniers ?