« Chez Amazon, les collaborateurs sont encouragés lors des réunions à véritablement réduire en pièces les propositions des autres, à travailler très tard (certains e-mails arrivent après minuit et sont suivis de messages demandant pourquoi ils n'ont aucune réponse). Pour sa part, la société se vante de tenir des objectifs déraisonnablement élevés ». Dans son enquête, le New-York Times décrit ainsi certaines pratiques internes prêtées à Amazon.
Après avoir interrogé plusieurs collaborateurs de la société, le site décrit l'ambiance au sein du géant américain comme très compétitive mais également très cruelle. L'ensemble des cadres étant notés, certains d'entre eux subiraient des injustices et se verraient remerciés s'ils déclarent une maladie ou des problèmes personnels.
Bo Olson, un ancien responsable en charge du marketing des livres numériques décrit certains faits récurrents comme le fait de voir des personnes régulièrement pleurer à leur bureau. Le responsable, qui a passé deux années au sein d'Amazon, confie que la société tire l'énergie de leurs employés sans réellement se soucier de leur condition de vie.
Au contraire, d'autres cadres estiment que le fonctionnement interne du groupe leur a permis de dépasser ce qu'ils pensaient être leurs limites. Certains précisent appliquer les mêmes méthodes au sein de leurs entreprises respectives, malgré les tensions et la pression régulière.
Jeff Bezos, patron d'Amazon, ne reconnaît pas la société ainsi décrite
La direction du groupe n'a pas tardé à formuler une réponse à l'ensemble des critiques. Le département chargé des ressources humaines confie que concurrence et innovation peuvent s'avérer difficiles à supporter au quotidien. « Lorsque vous visez la lune, la nature même du travail que l'on vous demande doit vous motiver. Pour certaines personnes, ce système ne fonctionne pas ».Jeff Bezos, le PDG d'Amazon
De son côté, Jeff Bezos, le PDG d'Amazon est plus direct et critique ouvertement les propos de la presse américaine. Dans une lettre ouverte à ses collaborateurs, il explique : « je ne reconnais pas Amazon, telle que la société est décrite et j'espère qu'il en va de même pour vous. D'ailleurs, je ne pense pas qu'une société ainsi détaillée puisse survivre. [...] c'est pourquoi je pense sincèrement que si ces faits étaient réels, il faudrait être fou pour rester dans une société comme la nôtre ».
Le dirigeant invite ses collaborateurs en difficulté à contacter le service des ressources humaines pour leur indiquer tout problème, ou même à lui envoyer personnellement un e-mail.
Des salariés évalués et classés
La critique est lourde à l'encontre de la société. Si l'ambition de Jeff Bezos est de réduire les lourdeurs inhérentes à de nombreuses grandes sociétés comme la bureaucratie, les dépenses inutiles ou le manque de rigueur, les moyens employés peuvent s'avérer discutables.Outre des évaluations récurrentes par le biais d'algorithmes, la société pratique des compétitions internes baptisées « Organization Level Review » au cours desquelles les managers réassignent de nouvelles tâches à leurs salariés et notent leurs collaborateurs. Une pratique appelée Stack ranking, largement décriée dans certaines grandes entreprises, comme par exemple Microsoft.
Ces évaluations permettraient alors de nourrir le flot important de départs, et ainsi de trouver de nouvelles recrues. Amazon bénéficierait ainsi d'une rotation importante de ses effectifs tout en poussant certaines personnes vers la sortie.
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