Au cœur d'une polémique depuis la mi-avril en raison d'un nombre élevé de suicides - 10 rien que cette année, dont 9 à l'usine de Shenzen - parmi ses employés, l'usine chinoise de Foxconn tente de sauver les apparences auprès des médias du monde entier.
A ce titre, Reuters rapporte que le PDG de Foxconn, Terry Gou, a ouvert aujourd'hui les portes de l'usine de Shenzen à la presse pour rassurer sur les conditions de travail des quelque 400 000 employés de la firme dans le sud de la Chine.
Visite guidée et « mesures radicales »
Au détour de la visite guidée de la piscine destinée aux employés - très fréquentée selon Engadget, qui comptait deux nageurs au moment de la visite - Terry Gou n'a pas cherché à cacher son inquiétude vis-à-vis de la situation, expliquant même ne pas avoir « bien dormi du tout durant le dernier mois » : « D'un point de vue scientifique, je ne suis pas convaincu que nous pouvons arrêter tous les cas » de suicides, a-t-il commenté. « Mais en tant qu'employeur, nous avons la responsabilité de faire un maximum de prévention. »Gou a également insisté sur le soutien qui est apporté aux employés de l'usine, qui bénéficie de l'encadrement de 70 psychiatres, ainsi que de 100 bénévoles formés à la prévention du suicide.
L'AFP souligne que le PDG de Foxconn a également annoncé que des « mesures radicales » allaient être prises pour endiguer la vague de suicide, parmi lesquelles l'instauration d'un document signé par tous les employés de l'entreprise les engageant à ne pas se suicider. Des filets auraient également été tendus autour de l'usine « pour dissuader les sauts dans le vide », indique l'agence.
Dell, HP et Apple mènent l'enquête
Foxconn travaille pour de nombreuses marques d'électronique, parmi lesquelles Nokia, HP, Dell, ou encore Apple. Ces dernières se sont exprimée aujourd'hui sur la situation.
« Nous sommes attristés et bouleversés par les suicides récents chez Foxconn », explique le communiqué d'Apple, ajoutant qu'une équipe de la firme de Cupertino va « évaluer indépendamment de Foxconn les mesures prises à l'encontre de ces évènements tragiques. »
Une décision approuvée par Dell et Hewlett-Packard, qui semblent désireux d'y prendre part, mais tout de même bien tardive quand on sait que le premier suicide de cette série noire date de juillet 2009. A l'époque, un employé de l'usine âgé de 25 ans s'était jeté du toit d'un immeuble de Foxconn après avoir été tenu pour responsable de la perte d'un prototype d'iPhone 4G.
Le ton monte en Chine
En Chine et à Hong-Kong, les associations et les syndicats de travailleurs appellent au boycott des produits Apple issus de l'usine de Foxconn. « La seule chose que nous pouvons faire, c'est informer le public sur les conditions de travail des employés, et laisser les consommateurs faire le choix d'acheter d'autres produits, fabriqués dans de meilleures conditions » explique Debby Chan, porte-parole de la Students and Scholars Against Corporate Misbehavior.Les témoignages d'employés de la firme s'accumulent par ailleurs, et mettent en lumière des pratiques peu propices à l'épanouissement personnel : « L'atmosphère dans l'usine est si tendue et déprimante que nous n'avons pas le droit de nous parler ou alors on se fait réprimander par nos contremaîtres » a déclaré une employée de 21 ans au quotidien hongkongais South China Morning Post, tandis qu'une de ses collègues confie « J'ai l'impression que ma vie est vide et de travailler comme une machine ». En moyenne, les employés de l'usine touchent 2 000 yuans par mois, à peine le prix d'un iPhone.