Tim Cook n'aurait pas voulu poursuivre Samsung en justice

Thomas Pontiroli
Publié le 11 février 2013 à 13h20
Alors que les procès se sont multipliés entre Apple et Samsung en 2012, l'ère post-Steve Jobs pourrait être signe d'accalmie. Tim Cook l'a réaffirmé auprès de Reuters, la guerre des brevets ne l'intéresse pas.

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Tim Cook, p-dg d'Apple.
Le 25 août dernier, le tribunal de San Jose en Californie condamnait Samsung à verser plus de 1 milliard de dollars de dommages et intérêts à Apple, pour violation de brevets sur plusieurs terminaux. Une décision, épilogue d'un procès géant entre les deux rivaux dont Tim Cook se serait bien passé. D'après des proches de l'actuel p-dg d'Apple consultés par Reuters, celui-ci était opposé à poursuivre Samsung, devenu son principal rival sur les smartphones, mais partenaire technique depuis 2005.

Le principal argument de Tim Cook est que Samsung est avant toute chose un fournisseur très important pour Apple. Une position d'autant plus compréhensible que Tim Cook était en charge des approvisionnements. Pour ses iPhone et iPad, la firme américaine a dépensé, l'année dernière, environ 8 milliards de dollars en composants (SoC, mémoire flash, écrans LCD, etc.) auprès du sud-coréen. Ce partenariat a débuté il y a huit ans quand la firme de Cupertino cherchait à s'approvisionner en mémoire flash. Un composant qui allait permettre de lancer un lecteur MP3 sans disque dur, l'iPod Nano.

À l'époque, le marché de la mémoire était très instable, rappelle Reuters, et Apple voulait s'adosser à un fournisseur solide : Samsung détenait 50% des ventes de mémoire NAND. « Quiconque contrôle la mémoire flash aura le contrôle du marché de l'électronique grand public » aurait alors déclaré Steve Jobs. Ce rapprochement entre les deux géants n'a pas empêché que les relations tournent au vinaigre suite au lancement de l'iPhone en 2007 - quand bien même Samsung en fournit des éléments vitaux, comme le SoC.

« La popularité de l'iPhone est le simple résultat de l'excitation provoquée par des fanatiques d'Apple », avait attaqué publiquement en janvier 2010 le président du groupe sud-coréen, GS Choi. En privé, Samsung avait un autre plan. Pour JK Shin, à la tête de la division mobile, « l'émergence de l'iPhone signifie que le temps où nous devons changer nos méthodes est arrivé ». Une offensive qui allait se matérialiser par la sortie du Galaxy S en juin 2010. Le point de départ d'une série de procès entre les deux groupes.

Le tournant du Galaxy S

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En visite à Cupertino, Steve Jobs et Tim Cook se seraient alors plaints auprès des représentants de Samsung que leur nouveau smartphone ressemblait trop à l'iPhone. Une crainte qui se serait renforcée dans l'esprit du patron d'Apple avec l'arrivée de la tablette Galaxy Tab en 2011, qu'il trouvait très proche de l'iPad, sorti un an plus tôt. Soupçonnant le sud-coréen d'utiliser son statut de fournisseur vital à Apple pour se mettre à l'abri de représailles, l'américain est finalement passé à l'offensive en avril 2011. Et a poursuivi Samsung.

Encore en tête des ventes à ce moment-là, le rapport de force s'est depuis considérablement modifié entre les deux protagonistes des téléphones intelligents. Au quatrième trimestre 2011, Apple était le premier vendeur de smartphones dans le monde avec 23% de parts de marché d'après IDC, talonné par Samsung, à 22,5%. Un an plus tard, Samsung possède 29% des ventes et Apple 22%. Une domination qu'Apple n'a pas réussi à renverser ni commercialement, ni juridiquement - en obtenant l'interdiction de certains modèles Samsung.

Finalement, Apple entame un virage qui est en train d'avoir raison de l'argument de Tim Cook : l'importance de Samsung en tant que fournisseur. Depuis plusieurs mois, l'américain se distancie progressivement du sud-coréen. Sur les écrans LCD à destination de l'iPad d'abord. Puis sur les Soc (system-on-chip) A6X, dont la production pourrait être confiée au leader mondial des semi-conducteurs, TSMC d'ici la mi-2013.

À l'occasion de la conférence D10 en mai 2012, Tim Cook annonçait en des termes triviaux que ces guerres de brevets l'embêtaient sérieusement. Après avoir tranché avec la stratégie de Steve Jobs en lançant l'iPad Mini - que le fondateur d'Apple n'a jamais souhaité - Tim Cook changera-t-il de direction sur la protection des brevets, en rendant sa société plus clémente ? Il faut dire aussi que depuis le verdict de San José, Apple n'a pas obtenu le même succès en justice.
Thomas Pontiroli
Par Thomas Pontiroli

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