Maîtriser la chaîne de bout en bout est l'une des marques de fabrique historiques d'Apple et la distribution de contenus en ligne n'échappera vraisemblablement pas à la règle. Alors que la société utilisait jusqu'ici les services de partenaires pour acheminer logiciels, vidéos et morceaux de musique vers ses clients, elle bascule progressivement vers une infrastructure gérée en interne. D'après Dan Rayburn, analyste chez Frost & Sullivans, Apple procède en effet actuellement à la mise en route de son propre réseau de distribution de contenus (ou CDN, pour Content Delivery Network).
Il estime que d'ici la fin de l'année, Apple aura investi plus de 100 millions de dollars dans ce projet. A ce stade, la société n'aurait pas l'intention de s'émanciper totalement de ses prestataires actuels : Rayburn affirme ainsi qu'elle continuerait à travailler avec Akamai pour les contenus liés à iTunes ou avec Level3 pour ce qui touche à l'offre Radio. En revanche, elle devrait de plus en plus souvent faire appel à ses propres infrastructures pour le reste de sa distribution, à commencer par des sorties de logiciel très attendus comme les futurs iOS 8 ou OS X Yosemite.
Reste à voir quel est l'intérêt pour Apple de conduire un tel chantier ? Traiter en interne cette mission ne sera pas forcément plus économique (surtout à court terme), mais disposer de son propre CDN permet à Apple de gérer en direct les contraintes financières associées... à commencer par l'épineuse question de la liaison entre ses propres infrastructures et le réseau des grands fournisseurs d'accès à Internet, à commencer par les acteurs américains. Sur ce terrain, Apple avancerait sans trop de complexes, en acceptant de payer les grands FAI pour s'interconnecter avec leur réseau.
D'après Rayburn, plusieurs contrats auraient déjà été signés, notamment avec Comcast : une information qui tombe sans doute à point nommé pour alimenter la polémique suscitée par Netflix qui, lui, refuse de payer pour injecter ses contenus sur le réseau des grands fournisseurs d'accès américains (certains internautes français connaissent la problématique suite à une bisbille similaire survenue entre Free et Google / YouTube). La question ne se pose évidemment dans les mêmes termes pour Apple, ses colossales réserves de cash et ses ambitions, que l'on imagine toujours plus importantes, quant aux marchés numériques de demain.
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