En fin de semaine dernière, Apple a signé un accord de distribution avec Amazon. Désormais, seuls Apple et une sélection de revendeurs agréés seront autorisés à vendre des produits à la pomme sur le site du leader de l'e-commerce.
Au 4 janvier 2019, Apple ouvrira sa propre boutique officielle sur les étals numériques d'Amazon pour y vendre iPhone, iPad, MacBook et autres produits estampillés Beats. Un accord « pour améliorer l'expérience client », qui signe par la même l'arrêt de mort de certains revendeurs indépendants.
Lutter contre les revendeurs malhonnêtes
Sous couvert de mieux protéger les consommateurs contre des revendeurs tiers mal intentionnés, l'accord lié entre les deux entreprises les plus cotées en bourse va forcer bon nombre de reconditionneurs indépendants à mettre la clé sous la porte.Comme le raconte Techspot, ce nouveau contrat d'exclusivité ne permet qu'à Apple et aux membres du programme « Amazon Renewal », qui garantit l'authenticité des vendeurs de produits reconditionnés sur la plate-forme, de vendre des produits Apple. Mais pour rejoindre ce programme et pouvoir vendre des appareils à la pomme croquée, les les entreprises candidates doivent justifier d'achats trimestriels de produits Apple à hauteur de 2,5 millions de dollars. Une somme que la plupart des revendeurs indépendants ne dégagent même pas en plusieurs années d'exercice.
Apple, bien connu pour proposer sur ses différents appareils des systèmes d'exploitation fermés, semble bien décidé à décliner les barrières à ses circuits de distribution. Une attaque non seulement à l'encontre des petits revendeurs, mais qui vient également dédire la plupart des engagements environnementaux portés par l'entreprise de Tim Cook.
Des enjeux environnementaux jetés à la poubelle
Les revendeurs indépendants de produits reconditionnés rachètent le plus souvent le stock d'ordinateurs d'universités ou d'entreprises, qui renouvellent leur parc tous les 3 à 5 ans en moyenne. Une manœuvre gagnant-gagnant, au sens où les institutions récupèrent un pécule permettant de financer en partie les nouveaux appareils, mais également un soulagement écologique non négligeable. En effet, lorsqu'ils ne sont pas reconditionnés, la plupart des appareils finissent dans d'immenses décharges où s'amassent chaque année près de 44 millions de tonnes de déchets électroniques.Le reconditionnement a donc un triple objectif :
- Lutter contre l'obsolescence programmée en remettant à neuf des appareils électroniques encore en état de fonctionnement
- Réduire la pollution due aux déchets électroniques
- Permettre aux consommateurs de profiter de produits remis à neuf à un prix nettement inférieur
L'accord passé entre Apple et Amazon, les deux entreprises les plus profitables au monde, signe donc au feutre indélébile l'hypocrisie de leurs ambitions écologiques respectives.
Apple, pourtant prompt à défendre l'éco-conception de ses produits (et notamment du dernier MacBook Air, produit à partir d'aluminium recyclé), est d'ailleurs le spécialiste du greenwashing. En avril 2017, Motherboard révélait qu'Apple forçait les centres de recyclage à détruire les iPhone et MacBook qui passaient entre leurs mains.