Les investisseurs d'Apple vont étudier une proposition qui obligerait l'entreprise à détailler les demandes de censure venues du gouvernement chinois. Si la société estime en faire déjà assez en matière de transparence, la motion a cependant reçu le soutien de deux grands groupes d'influence.
Dans un passé récent, Apple a plusieurs fois été accusée de se soumettre au gouvernement chinois et à sa politique de censure. En 2017, plusieurs VPN, utilisés notamment pour contourner la surveillance des autorités, avaient été supprimés de l'App Store en Chine. Il y a quelques mois, c'était au tour de l'application HKmap.live de se voir retirée, pendant les manifestations à Hong Kong.
Demande de transparence quant à la liberté d'expression
Ces décisions ont inévitablement suscité la controverse et poussé l'ONG SumOfUs, qui milite pour la défense des droits individuels, à proposer une motion. Celle-ci contraindrait Apple à publier chaque année un rapport sur sa politique en matière de liberté d'expression et d'accès à l'information, dans tous les pays. L'idée serait, entre autres, de détailler « les mesures prises par Apple, lors de l'année écoulée, en réponse aux demandes des gouvernements ou de tierces parties susceptibles de limiter » ces droits.Néanmoins, une telle proposition doit recevoir l'approbation des investisseurs pour être appliquée. Mais elle a déjà reçu deux soutiens de poids : ceux des sociétés de conseil aux actionnaires ISS et Glass Lewis. Celles-ci ont en effet envoyé un rapport à leurs clients, les encourageant à voter en faveur de la motion, lors de l'assemblée annuelle prévue ce mercredi. « Nous pensons qu'il serait judicieux que l'entreprise fasse preuve d'une plus grande transparence quant au respect de la liberté d'expression », écrit notamment Glass Lewis.
Apple n'estime pas nécessaire de s'expliquer davantage
La bataille n'est toutefois pas encore gagnée. Le conseil d'administration de la société, comprenant son P.-D.G., Tim Cook, ou l'ancien vice-président américain Al Gore, reste opposé à la proposition. Apple affirme que cette dernière est « inutile, compte tenu des nombreuses informations déjà communiquées publiquement » auprès de ses investisseurs et utilisateurs. Car chaque année, l'entreprise publie des données quantitatives sur les demandes de suppression d'application. Mais les défenseurs de la nouvelle obligation regrettent le manque de contexte de ces rapports.Cette désapprobation fait écho à un autre refus exprimé par Apple, toujours au sujet de ses rapports avec la Chine. Hier, le Washington Post apprenait en effet que la firme avait décliné une invitation du Congrès des États-Unis, pour une audience portant sur les relations entre l'industrie de la tech et la Chine.
Source : The Guardian