L'Autorité de la concurrence inflige une amende de 1,1 milliard d'euros à Apple

Benjamin Bruel
Publié le 16 mars 2020 à 13h03
Apple Store

Le gendarme français de la concurrence vient de d'attribuer, ce lundi 16 mars, sa plus grosse amende individuelle connue à ce jour. Apple devra en effet payer 1,1 milliard d'euros pour avoir favorisé ses boutiques et certains grossistes au détriment de revendeurs agréés en France.

Ces sanctions, qui étaient attendues depuis quelques jours, portent sur des « ententes au sein du réseau de distribution » et un « abus de dépendance économique vis-à-vis de ses revendeurs indépendants ». L'affaire remontre à 2012, avec le dépôt de plainte de eBizcuss, ancien revendeur officiel ayant fait faillite.


La plus grosse sanction prononcée par l'Autorité de la concurrence

C'est la plus importante amende individuelle prononcée par l'Autorité de la concurrence (ADLC). Le géant californien devra débourser une amende de 1,1 milliard d'euros pour pratiques anti-concurrentielles sur le territoire français. Le groupe californien a fait savoir qu'il ferait appel de cette décision.

« [...] L'Autorité a estimé, qu'en l'espèce, Apple avait commis un abus de dépendance économique, à l'égard de ses détaillants premium, pratique que l'Autorité considère comme particulièrement grave », explique Isabelle de Silva, présidente de l'ADLC, dans un communiqué de presse.

Deux grossistes, Tech Data et Ingram Micro, ont également été condamnés pour entente, à hauteur de 76,1 millions et 62,9 millions d'euros. Le groupe américain les aurait privilégiés au détriment de certains revendeurs. « Apple et ses deux grossistes se sont entendus pour ne pas se faire concurrence et empêcher les distributeurs de faire jouer la concurrence entre eux, stérilisant ainsi le marché de gros des produits Apple », précise également Isabelle de Silva.


Une affaire qui remonte à la précédente décennie

Les faits remontent à 2009, quand la firme américaine commence à installer massivement ses Apple Store en France. La plainte a, elle, été déposée en 2012.

Elle émanait de la société eBizcuss, ancien premier revendeur de produits Apple en France, considéré comme « Apple Premium Reseller » par la marque. L'entreprise, partenaire d'Apple depuis une trentaine d'années, gérait quinze boutiques en France. L'entreprise américaine aurait privilégié ses propres boutiques et certains grossistes, comme Tech Date et Ingram Micro, en intelligence et au détriment de eBizcuss.

Le revendeur français explique que le groupe américain ne lui livrait plus certains produits, comme les derniers modèles de Mac ou iPhone, tandis que les Apple Store étaient livrés dans les temps. Apple a ainsi « exploité abusivement la dépendance économique de ces distributeurs "premium" à son égard, en les soumettant à des conditions commerciales inéquitables et défavorables par rapport à son réseau de distributeurs intégrés », continue le communiqué de l'ADLC.

eBizcuss a fait faillite en 2012. « Tout a été fait pour nous mettre dans cette situation », avait alors confié le P.-D.G. de l'entreprise aux Échos. Il avait alors porté plainte pour concurrence déloyale, abus de position dominante et abus de dépendance économique. eBizcuss employait 130 personnes.

Source : Les Échos
Benjamin Bruel
Par Benjamin Bruel

Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis quatre ans, souvent devant mon ordinateur et parfois en vadrouille entre deux pays d'Asie. Amateur de bande dessinées, de paranormal et de dark tourism, je voue aussi un culte aux œuvres de Philip Pullman et de Yoko Taro.

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Commentaires (10)
nicgrover

C’est drôle comme l’on n’est guère étonné de ces pratiques « commerciales » limites mafieuses…

Enfin venant de la part de la pomme tout compte fait non, pas étonnant… Ils ne sont certainement pas les seuls à pratiquer ce type de pratiques « commerciales »…

newseven

Je trouve que l’amende est exagéré.
Par-contre c’est vrai qu’il doit être punie mais le choix revient surtout au consommateur.
Mais je ne vois pas comment un compétiteur peut panser qu’il peut compétitionner contre un compétiteur qui vende leur propre produit.
Il aurait du le savoir d’est le début qu’il ne peut pas rivaliser et aurai du faire appel.
Là c’est trop tard.

slim078

je pense que vous avez mal lu l’article. Apple favorisé leurs stores et certains grossistes au détriment des autres et ça c’est pas normal. Si le produit et en rupture, il l’est également pour tout le monde.

Kriz4liD

Surtout quand t’es « Apple Premium Reseller » et que tu travailles avec Apple depuis 30 ans !

T’es là , tu travailles avec ton fournisseur pendant 30 ans , jusqu’à ce que dernier décide que ton temps est fini , tu fermes :’(

ABC

Une amende qui arrive un peut tard. Apple a clairement eu une politique pour éliminer les revendeurs indépendants au profit de ses propres boutiques. Ça a été un carnage avec des chaines spécialisées qui ont été éliminées partout dans le monde. Beaucoup de revendeurs ont été ruinés et dans les grandes villes à travers le monde, il n’y a plus qu’Apple pour vendre des mac, ou des grosses chaines partenaires comme la FNAC.

Les revendeurs indépendants qui assuraient des prestations et un SAV sur mesure, notamment auprès des professionnels, ont presque tous disparus. Ils n’avaient aucune chance avec les règles imposées par Apple qui les pénalisait à tous les niveaux. Il n’en reste plus grand chose, des boutiques qui vivotent dans des petites villes ou en se reconvertissant vers d’autres fournisseurs plus rentables.

ABC

Vendre du Apple est très peu rentable. Certains revendeurs le font pour l’image ou pour récupérer des abonnements (Orange… ). Les marges revendeurs sont très faibles, bien plus que la concurrence. Les marges sont incluses dans le prix de gros du produit et ne profitent qu’à Apple. En vérité, les marges réelles sont parmi les plus élevées du secteur de l’informatique, mais elles sont comptabilisées dans les pays à faibles taux d’imposition via l’optimisation fiscale. Officiellement Apple est une entreprise non rentable qui vent pratiquement « à perte » dans les pays où elle fait le gros de ses ventes.

J’ai lu le terme « mafieux » plus haut, en tout cas ça y ressemble énormément.

ABC

newseven : "Mais je ne vois pas comment un compétiteur peut panser qu’il peut compétitionner contre un compétiteur qui vende leur propre produit.
Il aurait du le savoir d’est le début "

Apple n’avait pas de boutiques. c’est quand ils ont commencé à installer leur propre réseau qu’ils ont mis en place un système pour éliminer leurs anciens partenaires.

philumax

« Apple n’avait pas de boutiques »
« leurs anciens partenaires. »
si ils avaient des partenaires, ils avaient des boutiques.

yoda_net

« si ils avaient des partenaires, ils avaient des boutiques »

Avant d’ouvrir leur propres boutiques, les « Apple Store », leurs produits étaient vendus chez des revendeurs partenaires qui ne vendaient pas exclusivement la marque Apple. Les boutiques n’appartenaient pas à Apple, donc ils avaient bien des partenaires mais pas de boutiques.
Quant ils ont ouvert les Apple Store, ils ont freiné les livraisons vers leur partenaires, et les prix des magasins Apple étaient moins élevés que ceux proposés à leur revendeurs, donc impossible d’être compétitif. C’est de l’entrave à la concurrence

ABC

Non, Apple n’avait pas de boutiques

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