L'année dernière, Google troquait son emblématique slogan "Don't be Evil" ("Ne soyez pas malveillants") pour une formule plus timorée : "Do the right thing" ("Faites ce qui est juste"). En cette fin juin, Alphabet, la maison mère de l'entreprise californienne, brouille les cartes en rejetant un ensemble de mesures soumis par ses actionnaires pour lutter contre le harcèlement (sexuel notamment) et améliorer le sort des employés contractuels.
En rejetant l'intégralité des 13 mesures suggérées par ses actionnaires pour remédier à certaines turbulences internes, Alphabet pourrait bien avoir enfreint l'ancien slogan de Google... comme son nouveau. Cette semaine, la firme tenait son assemblée annuelle des actionnaires. Une assemblée suivie de très près par plusieurs centaines d'employés, massés à proximité du lieu de l'événement. Il devait notamment être soumis au vote un ensemble de propositions relatives au harcèlement sexuel, mais aussi aux questions d'antitrust, et à la politique générale en matière de diversité et de travailleurs contractuels. Aucune de ces propositions n'a été adoptée par le conseil d'administration d'Alphabet.
Un Bad buzz supplémentaire pour Google
Le groupe était pourtant soumis à de fortes pressions, tant par ses actionnaires que ses employés. Et pour cause, Alphabet et sa filiale Google se sont ces derniers mois compromis sur plusieurs dossiers. L'assemblée annuelle des actionnaires devait donc être l'occasion de remettre à plat la gestion houleuse des allégations de harcèlement sexuel, ainsi que les préoccupations éthiques entourant ses systèmes d'intelligence artificielle, ou encore la gestion discutable des effectifs contractuels. Les préoccupations découlant du projet Dragonfly (navigateur censuré, destiné à reconquérir le marché chinois), comptent aussi parmi les points de tension entre Alphabet et ses actionnaires et employés. Elles faisaient l'objet d'un vote cette semaine.A l'issue de sa réunion annuelle, Alphabet a rejeté des propositions visant à modifier ses pratiques en termes de recrutement, notamment à l'égard des nombreux travailleurs contractuels employés par les filiales du groupe de Larry Page (PDG d'Alphabet et co-fondateur de Google), ainsi qu'à mettre un terme définitif au principe de "forced arbitration", qui force les employés à régler en interne les différents qu'ils peuvent avoir à l'encontre de l'entreprise. Ce principe avait été très fortement pointé du doigt fin 2018, alors que plusieurs employé(e)s dénonçaient des cas de harcèlement sexuel au sein de Google. Google avait d'ailleurs été contraint de suspendre l'arbitrage forcé de sa politique, mais ce dernier subsiste dans d'autres filiales d'Alphabet.
Enfin, la firme a décliné les mesures appelant à la publication d'un rapport sur le projet Dragonfly et les problématiques qu'il soulève quant au respect des droits de l'homme en Chine.
Google préfère annoncer de nouveaux produits
Parallèlement à cette réunion annuelle, précise The Guardian, les employés et actionnaires de Google ont manifesté en faveur de l'abandon des accords de non-divulgation en vigueur au sein du groupe. Leur revendications portent aussi sur l'octroi de recours publics en cas de harcèlement ou de discrimination. Le quotidien britannique ajoute que cette union des employés et actionnaires de Google contre le géant californien constitue une première dans son histoire.Parallèlement aux votes, Alphabet et Google ont profité de l'assemblée pour annoncer le lancement de nouveaux produits Google aux actionnaires, dont Google Lens, Pathways (nouvelle fonctionnalité dédiée à la recherche d'emploi) et de nouveaux services permettant d'avertir les utilisateurs de catastrophes naturelles sur Google Maps.
Source : The Guardian