Google rejette (aussi) un plan contre le harcèlement sexuel et pour la diversité

Nathan Le Gohlisse
Par Nathan Le Gohlisse, Spécialiste Hardware.
Publié le 24 juin 2019 à 09h44
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L'année dernière, Google troquait son emblématique slogan "Don't be Evil" ("Ne soyez pas malveillants") pour une formule plus timorée : "Do the right thing" ("Faites ce qui est juste"). En cette fin juin, Alphabet, la maison mère de l'entreprise californienne, brouille les cartes en rejetant un ensemble de mesures soumis par ses actionnaires pour lutter contre le harcèlement (sexuel notamment) et améliorer le sort des employés contractuels.

En rejetant l'intégralité des 13 mesures suggérées par ses actionnaires pour remédier à certaines turbulences internes, Alphabet pourrait bien avoir enfreint l'ancien slogan de Google... comme son nouveau. Cette semaine, la firme tenait son assemblée annuelle des actionnaires. Une assemblée suivie de très près par plusieurs centaines d'employés, massés à proximité du lieu de l'événement. Il devait notamment être soumis au vote un ensemble de propositions relatives au harcèlement sexuel, mais aussi aux questions d'antitrust, et à la politique générale en matière de diversité et de travailleurs contractuels. Aucune de ces propositions n'a été adoptée par le conseil d'administration d'Alphabet.

Un Bad buzz supplémentaire pour Google

Le groupe était pourtant soumis à de fortes pressions, tant par ses actionnaires que ses employés. Et pour cause, Alphabet et sa filiale Google se sont ces derniers mois compromis sur plusieurs dossiers. L'assemblée annuelle des actionnaires devait donc être l'occasion de remettre à plat la gestion houleuse des allégations de harcèlement sexuel, ainsi que les préoccupations éthiques entourant ses systèmes d'intelligence artificielle, ou encore la gestion discutable des effectifs contractuels. Les préoccupations découlant du projet Dragonfly (navigateur censuré, destiné à reconquérir le marché chinois), comptent aussi parmi les points de tension entre Alphabet et ses actionnaires et employés. Elles faisaient l'objet d'un vote cette semaine.

A l'issue de sa réunion annuelle, Alphabet a rejeté des propositions visant à modifier ses pratiques en termes de recrutement, notamment à l'égard des nombreux travailleurs contractuels employés par les filiales du groupe de Larry Page (PDG d'Alphabet et co-fondateur de Google), ainsi qu'à mettre un terme définitif au principe de "forced arbitration", qui force les employés à régler en interne les différents qu'ils peuvent avoir à l'encontre de l'entreprise. Ce principe avait été très fortement pointé du doigt fin 2018, alors que plusieurs employé(e)s dénonçaient des cas de harcèlement sexuel au sein de Google. Google avait d'ailleurs été contraint de suspendre l'arbitrage forcé de sa politique, mais ce dernier subsiste dans d'autres filiales d'Alphabet.

Enfin, la firme a décliné les mesures appelant à la publication d'un rapport sur le projet Dragonfly et les problématiques qu'il soulève quant au respect des droits de l'homme en Chine.

Google préfère annoncer de nouveaux produits

Parallèlement à cette réunion annuelle, précise The Guardian, les employés et actionnaires de Google ont manifesté en faveur de l'abandon des accords de non-divulgation en vigueur au sein du groupe. Leur revendications portent aussi sur l'octroi de recours publics en cas de harcèlement ou de discrimination. Le quotidien britannique ajoute que cette union des employés et actionnaires de Google contre le géant californien constitue une première dans son histoire.

Parallèlement aux votes, Alphabet et Google ont profité de l'assemblée pour annoncer le lancement de nouveaux produits Google aux actionnaires, dont Google Lens, Pathways (nouvelle fonctionnalité dédiée à la recherche d'emploi) et de nouveaux services permettant d'avertir les utilisateurs de catastrophes naturelles sur Google Maps.

Source : The Guardian
Nathan Le Gohlisse
Spécialiste Hardware
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Commentaires (7)
sebstein

“L’année dernière, Google troquait son emblématique slogan “Don’t be Evil” (“Ne soyez pas malveillants”) pour une formule plus timorée : “Do the right thing” (“Faites ce qui est juste”).”

Je ne dirais pas ça… Faire ce qui est juste est plus restrictif que ne simplement pas être malveillant.
Par exemple, construire des montages fiscaux pour éviter les impôts n’est pas malveillant, mais ce n’est pas juste pour autant…

Daeneroc

Oui enfin on a aucune idée du contenu exacte de ces propositions … Étaient-elles raisonnables ? Étaient-elle complètement disproportionnées ?

Ce n’est pas parce qu’une proposition se bat pour “la bonne cause” qu’elle le fait bien.

Difficile de juger du coup.

toast

Les Etats Unis sont déjà complètement barrés en terme de règles contre le harcèlement sexuel. Dans certains états, un responsable qui invite un/une subordonné(e) à déjeuner peut être assimilé comme du harcèlement.
Donc si les mesures visent à durcir encore plus ce genre de règles, je comprends que Google les ait rejetées.

PsykotropyK

@toast le problème est bien plus compliqué. Le fait est que dans un tribunal américain tout ce qui peut être interprété de travers risque de l’être. C’est pour ça qu’on recommande (et ça reste des recommandation) de ne pas faire de réunion one on one avec quelqu’un du sexe opposé et d’éviter toutes familiarités dans les échanges.

Cela dit, ça n’a pas empêché Google d’avoir son lot de dérapages.

PirBip

Avant de faire des articles sur les propositions rejetées par Google, ça aurait été bien de savoir quelle était la teneur de ces 13 propositions de rejet ! Parce que là, on est à la limite du subjectif.

Même en lisant l’article original du Guardian, rien n’a fuité concernant les modalités de ces mesures. C’est bien de lutter pour une entreprise où les employés n’ont pas besoin de subir des torrents de défécations pour être considérés, encore faut-il savoir ce qui est proposé. Là, c’est l’opacité totale.

De manière intéressante, ce sont les actionnaires, donc les influents de l’entreprise, qui ont vu le CA tout rejeter. Il y aura sûrement une conséquence économique à ces refus, parce que quand tu refuses des choses aux actionnaires généralement ça ne se passe pas sans heurts. A voir ce qu’il se passera, si la nouveauté des produits Google saura offusquer le rejet de ces politiques anti-on-en-sait-rien-parce-que-rien-n’est-clair.

toast

Ben c’est bien ce que je dis : “Peut-être assimilé”, je n’ai pas dit que c’était une loi. Donc oui, ce ne sont que des recommandations, mais qu’on a tout intérêt à suivre…

toast

Super… Un état l’a dit…

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