Google : DragonFly, le moteur de recherche censurable chinois mort et enterré ?

Mélissa Maître
Publié le 19 juillet 2019 à 07h58
Google arrive (à pied) par la Chine
© Shutterstock.com

Ce mardi 16 juillet, Karan Bhatia - vice-président de la politique publique de Google - a annoncé devant le Sénat américain l'abandon du projet DragonFly. Ce moteur de recherche destiné à la Chine avait suscité de vives polémiques, notamment en raison des risques de censure des résultats et d'atteinte à la vie privée des utilisateurs chinois.

Le projet DragonFly aurait permis à la firme américaine, absente du marché chinois depuis 2010, de toucher plus d'un milliard d'utilisateurs supplémentaires.

Un abandon temporaire ?

« Nous avons interrompu le projet DragonFly » : c'est en ces termes que Google a annoncé avoir abandonné le développement de son moteur de recherche en collaboration avec le gouvernement chinois. Cette annonce est aujourd'hui la plus claire émise par Google quant à l'avenir de DragonFly, après ses nombreuses déclarations contradictoires l'année passée.

Toutefois, les intentions de la firme de Mountain View quant au marché chinois restent floues. Le terme « interrompu », en particulier, suscite des interrogations : le projet est-il définitivement enterré, ou simplement mis en pause ? Un porte-parole de Google a répondu aux demandes de précisions des journalistes par la phrase suivante : « Nous n'avons pas l'intention de lancer Search en Chine et aucun travail n'est entrepris sur un tel projet ».

Si, selon les dires de Google, les équipes travaillant sur DragonFly ont été affectées à de nouveaux projets, certains employés soupçonneraient la firme de continuer à travailler en secret sur un moteur de recherche se pliant aux exigences de la Chine.

Genèse d'un projet fortement controversé

Depuis la révélation de son développement par le magazine Intercept en août 2018, le projet DragonFly n'a cessé de faire l'objet de nombreuses critiques. Ce sont tout d'abord les employés de Google eux-mêmes qui ont fait part de leur indignation en adressant une lettre à la direction du géant américain, réclamant l'abandon du projet. Jack Poulson, un des chercheurs principaux de Google, a également démissionné à cette période, en signe de protestation.

Les ONG et les groupes de défense des droits de l'Homme avaient suivi, faisant également entendre leurs voix contre DragonFly. Inquiètes pour le respect de la liberté d'expression, de la vie privée et des droits de l'Homme en Chine, une soixantaine d'organisations dont Reporters Sans Frontières, Amnesty International et l'Electronic Frontier Foundation — pour ne citer qu'elles — ont ainsi manifesté publiquement leur désaccord. Selon elles, DragonFly serait une nouvelle opportunité pour le gouvernement chinois de collecter des données personnelles, notamment celles des journalistes, et de renforcer la censure déjà omniprésente dans le pays.

Après une motion de censure déposée par certains actionnaires de la firme, l'administration Trump s'est également opposée à la réalisation du projet DragonFly.

En effet, en octobre dernier, Mike Pence - vice-président des États-Unis - aurait demandé à Google de stopper son projet pour ne pas renforcer la censure du Parti communiste. Il semblerait que la firme américaine soit finalement revenue à la raison. La récente annonce d'une enquête antitrust contre Google, soupçonné par le gouvernement américain de travailler en secret pour l'armée chinoise y serait-elle pour quelque chose ?

DragonFly n'est pas le premier projet de Google à susciter de vifs débats avant d'être abandonné prématurément. Souvenez-vous du projet Maven, en collaboration avec le Pentagone : suite à une vague de démissions de nombreux employés, la firme avait avorté son projet de drones militaires autonomes, dopés à l'IA.

Source : Neowin
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Commentaires (3)
K4minoU

Franchement, je trouve cela admirable que des employés engagés aient le courage de suivre leur conviction jusqu’au bout, jusqu’à la démission…

Ce n’est pas si évident, lorsqu’on a des obligations et qu’on a une famille… On finit par se plier par crainte de toutes ces contraintes

Saulofein

Enfin c’est pas pour autant que les chinois ont accès a un moteur de recherche non censuré…

Popoulo

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