L'américain HP publiait hier, mardi 20 novembre, le bilan d'une année fiscale 2012, de laquelle on retiendra essentiellement une perte colossale de 12,7 milliards de dollars, dont 6,9 milliards rien qu'au dernier trimestre. Sur les charges liées au rachat de l'éditeur de logiciels britannique Autonomy, 8,8 milliards de dollars, quelque 5 milliards seraient issus d'un trucage des comptes de la part de cette société. C'est en tout cas ce qu'affirme HP.
« HP est extrêmement déçu de constater que des anciens membres de la direction d'Autonomy aient eu recours à des irrégularités comptables et des déclarations mensongères pour surévaluer la société », peut-on lire dans le communiqué de l'américian. En somme, Autonomy, cible de l'offre publique d'achat de HP conclue en octobre 2011, aurait monté sa valeur à 11,7 milliards de dollars. Au-delà de la réalité, selon l'acquéreur.
HP dénonce « un effort délibéré pour gonfler les données financières de l'entreprise afin d'induire en erreur les investisseurs et les acheteurs potentiels » ce qui se sera avéré « nuisible » à son évaluation. Le géant de l'informatique a ainsi saisi le gendarme de la Bourse aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC) et le bureau britannique des fraudes graves, le Serious Fraud Office. D'après Bloomberg, le FBI aurait commencé à enquêter, répondant à la demande de la SEC.
HP veut des dédommagements, Autonomy dément
La p-dg de HP, Meg Whitman, compte demander « des dédommagements auprès des parties concernées devant différents tribunaux », dans le but de récupérer le maximum pour les actionnaires de la société. Mais cela pourrait prendre du temps. La patronne du groupe informatique a dit s'attendre à des procédures pouvant durer plusieurs années. Elle a par ailleurs pointé du doigt son prédécesseur, Leo Apotheker, artisan de cette opération qui n'avait pas été remise en question à l'arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, s'en remettant aux données financières auditées par Deloitte et KPMG. « Nous nous en voulons terriblement », a-t-elle confessé.
De son côté, Autonomy ne partage pas le même point de vue. Interrogé par AllThingsD, son fondateur, Mike Lynch, avoue être surpris par les accusations de HP. Il estime ne pas savoir sur quelles bases se fonde Meg Whitman pour accuser Autonomy de fraude. « De toute façon, il existe des différences entre les normes comptables IFRS, en vigueur en Grande-Bretagne, et le système américain GAAP ».
Mike Lynch dément toute fraude et soutient que les comptes d'Autonomy ont été audités et vérifiés par des centaines de personnes. Il considère enfin que HP « ne comprend pas le business des logiciels » et qu'Autonomy « n'a pas été gérée en 2012, ce qui a probablement réduit sa valeur » depuis son rachat.