Huawei pourrait voir son déploiement sérieusement freiné en France, alors que la 5G se profile. Pour la première fois, les autorités l'envisagent.
Bientôt, on comptera davantage de pays qui rejettent Huawei que l'inverse. Exagération et humour noir écartés, la France serait en train d'accélérer sur le « cas » de la société chinoise, deuxième fabricant mondial de smartphones au monde. La firme, soupçonnée d'être une espionne de son gouvernement, a déjà été écartée aux États-Unis, au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Le Royaume-Uni et l'Allemagne détournent également le regard.
Huawei continue d'enquiller les mauvaises nouvelles
Alors que Huawei pensait être un leader convaincant et imposant sur le terrain de la 5G, l'entreprise de Ren Zhengfei voit inexorablement les portes se fermer les unes après les autres. Et ce qui est considéré comme une logique implacable d'un côté, est vécu comme une injustice et un acharnement inexplicable de l'autre. Car il est vrai que pour l'heure, les preuves de l'étroite collaboration de Huawei avec Pékin sont inexistantes.Pourtant, la France envisage de prendre des mesures à l'encontre de la firme de Shenzhen. « Le gouvernement veut aller plus vite pour ne pas paraître moins-disant que les États-Unis, il veut faire des annonces très rapidement », explique un acteur du secteur à nos confrères des Échos. L'État pourrait effectivement communiquer bien assez tôt sur le sujet.
Le gouvernement veut déposer un amendement à la loi Pacte, pour mieux contrôler Huawei
Toujours selon le quotidien, le gouvernement français pourrait étendre le pouvoir d'agrément de l'Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information), rattachée au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), et qui verrait également son pouvoir renforcé. Les deux services étant placés sous l'autorité du Premier ministre, cela donnerait la possibilité au gouvernement de mieux contrôler Huawei.L'État envisagerait donc de déposer un amendement à la loi Pacte (votée par l'Assemblée nationale en octobre, mais actuellement débattue au Sénat), censée booster la croissance des PME françaises. C'est à Bercy que l'amendement a été dévoilé, lors d'une réunion à laquelle assistaient les opérateurs Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, l'Arcep (le gendarme des télécoms), la Direction générale des entreprises (DGE), l'Anssi et la Fédération française des télécoms (FTT).
L'État pourrait freiner Huawei en se servant des opérateurs de télécoms
Les opérateurs de télécommunications n'ont le droit d'installer sur leurs réseaux que des équipements qui ont été approuvés en amont par l'Anssi. En amont seulement. Mais le gouvernement aurait dans l'idée d'octroyer à l'agence un contrôle a posteriori. L'agence de la sécurité des systèmes d'information pourrait également se voir attribuer un droit de regard rétroactif, qui lui permettrait de toucher aux équipements 3G et 4G précédemment installés.En somme, le gouvernement n'interdirait pas légalement Huawei, mais pourrait le bloquer en faisant porter le chapeau aux opérateurs français, qui refusent d'assumer cette charge. D'autant plus que Huawei est une entreprise très présente en France, où elle est le premier employeur chinois, qui a accessoirement massivement investi dans la 5G et qui, aux yeux des opérateurs, présente des équipements de qualité.