Alors que se profile 2019, la tension monte un peu plus entre les États-Unis et Donald Trump. Le président américain souhaite très vite prendre un décret interdisant l'utilisation d'équipements Huawei et ZTE.
Depuis Washington, et en se basant sur plusieurs sources dites « proches du dossier », l'agence Reuters vient de révéler que le président Donald Trump envisage très sérieusement de prendre un ordre d'interdiction des achats de Huawei et de ZTE. Le président américain voudrait, par décret, interdire aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de télécommunication fabriqué par les deux équipementiers chinois, deux des plus puissants en équipements de réseau au monde.
La loi internationale sur les pouvoirs économiques d'urgence invoquée par les États-Unis
Les USA essaient de se convaincre et de convaincre le reste du monde que les entreprises chinoises pourraient, via leurs équipements, servir d'espions au gouvernement de Xi Jinping. La signature d'un décret d'interdiction par le président des États-Unis pourrait être effective dès le mois de janvier 2019, et aurait pour conséquence d'empêcher les entreprises américaines d'acheter du matériel aux entreprises ciblées, de crainte pour la sécurité nationale.L'exécutif invoquerait, pour la prise du décret, la loi internationale sur les pouvoirs économiques d'urgence. Le texte donne en effet au président le pouvoir de réglementer le commerce en réponse à une situation d'urgence qui menace son pays. Et les opérateurs mobiles américains ont, en attendant, du mal à trouver des entreprises (qui ne sont pas chinoises) capable de développer le futur réseau 5G.
Un coût pouvant atteindre le milliard de dollars dans les zones rurales
Le problème est qu'un tel acte pourrait aussi défavoriser les zones rurales des USA, qui redoutent de devoir détruire les équipements fabriqués en Chine, très largement utilisés, sans obtenir aucune compensation.La Rural Wireless Association (RWA), qui représente les opérateurs de moins de 100 000 abonnés aux USA, estime que 25% de ses membres sont équipés par Huawei ou ZTE dans leurs réseaux. Le décret pourrait coûter entre 800 millions et 1 milliard de dollars aux membres de RWA, pour remplacer les équipements chinois par d'autres.
La Chine regrette la restriction des « activités normales d'échange de technologie »
Du côté de la Chine, on adopte officiellement une posture pacifiste. Via la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, l'Empire du Milieu précise ne pas vouloir commenter l'ordre, tant que celui-ci n'est pas officiel et entériné.Chunying affirme par ailleurs qu'il est « préférable de laisser les faits parler d'eux-mêmes en ce qui concerne les problèmes de sécurité ». La porte-parole chinoise regrette que « certains pays ont, sans aucune preuve et se servant de la sécurité nationale, supposé tacitement que les crimes politisent, voire entravent et restreignent les activités normales d'échange de technologie ». Pour elle, « en réalité, cela se ferme sans doute, plutôt que d'être la porte à la transparence, au progrès et à l'équité ».
Donald Trump semble avoir décidé de définitivement écarter Huawei du sol américain. Les exemples ne manquent pas pour donner du poids à sa démarche, comme la demande d'extradition de la fille du fondateur de l'entreprise de l'Empire du Milieu, ou encore dernièrement le club de foot US des Washington Redskins, qui vient de mettre fin à son partenariat de connexion Wi-Fi dans son stade pourtant conclu en 2014 avec Huawei, sous prétexte que celle-ci pourrait permettre d'espionner des responsables gouvernementaux américains.