Le géant chinois réclame de la patience de la part des autorités britanniques. Dans le même temps, il se dit prêt à collaborer avec l'ensemble des gouvernements et parlements européens.
Malmenée depuis plusieurs mois sur fond d'espionnage potentiel pour le compte de Pékin, Huawei poursuit son opération séduction en Europe. Ou plutôt son opération reconquête. La société chinoise doit d'un côté rassurer et répondre aux inquiétudes britanniques, et de l'autre, convaincre l'Union européenne de sa volonté de coopérer en toute transparence. Le but est connu de tous : prouver que Huawei ne menace en rien la sécurité nationale des États.
Huawei demande du temps au Royaume-Uni
En décembre dernier, BT Group, entreprise mère du principal opérateur britannique EE, avait confirmé exclure Huawei de ses appels d'offres pour une grande partie du développement des réseaux 5G. Le National Cyber Security Center (NCSC) avait, pour sa part, émis des réserves sur les produits de Huawei, évoquant des « lacunes ». En réponse, la firme de Shenzhen s'était engagée à investir 2 milliards de dollars pour atténuer sa vulnérabilité en matière de piratage et d'espionnage.Aujourd'hui, Huawei demande du temps aux autorités britanniques pour se conformer aux exigences en matière de sécurité nationale. Ryan Ding, Président de la branche équipement de la société, a adressé une lettre à la Commission des sciences et des technologies de la Chambre des communes, dans laquelle il indique qu'il s'agit d'un « processus très complexe qui prendra au moins trois à cinq ans pour déboucher sur des résultats tangibles ». Et le dirigeant d'espérer que le gouvernement britannique le comprenne, en rappelant qu'aucune preuve d'espionnage n'a été rapportée à ce jour.
La cybersécurité, plus un « problème technique » qu'idéologique, pour la firme chinoise
Il n'y a pas qu'avec les Britanniques que Huawei consent à faire d'importants efforts, puisque l'entreprise est ouverte à la supervision des gouvernements de l'Union européenne. Abraham Liu, Représentant principal de Huawei auprès des institutions européennes, a indiqué jeudi à Bruxelles en marge du Nouvel An chinois que « la cybersécurité devrait rester un problème technique plutôt qu'un problème idéologique. Parce que les problèmes techniques peuvent toujours être résolus avec les bonnes solutions, contrairement aux problèmes idéologiques », rapporte l'agence Reuters.« Nous sommes toujours disposés à accepter la supervision et les suggestions de tous les gouvernements, clients et partenaires européens », ajoute Liu qui, à l'instar de Ryan Ding, rappelle également que les appareils Huawei, passés à la fois dans les mains des opérateurs de télécoms et des régulateurs, n'ont pas causé d'infractions graves à la cybersécurité.
Face à la volonté des États-Unis de convaincre leurs alliés de ne pas utiliser les équipements Huawei, tout n'est pas noir pour la firme chinoise. En France, le Sénat a rejeté mercredi un amendement visant à renforcer les contrôles sur les équipements, tandis que l'Allemagne hésite encore et encourage la mise en place de normes de sécurité encore plus élevées.