Alors que le torchon brûle entre la Maison Blanche et Huawei, l'Europe opte davantage pour une coopération qu'une confrontation.
Face à un parterre de journalistes, d'entrepreneurs et de PDG de la tech, Emmanuel Macron n'aurait pas pu trouver meilleur endroit pour réaffirmer la position de la France face à Huawei et à son récent blocage aux Etats-Unis. A l'occasion de sa venue au salon Vivatech, Emmanuel Macron a rappelé qu'une « guerre technologique ou commerciale » n'était pas appropriée, avant de prôner la « coopération » et le « multilatéralisme ». Une position pragmatique que ses homologues européens semblent vouloir adopter.
« Huawei a contribué de façon importante au développement et à la croissance d'Android à travers le monde. En tant que l'un des partenaires clés d'Android à l'échelle mondiale, nous avons travaillé étroitement avec leur plateforme open source pour développer un écosystème qui profite à la fois aux utilisateurs et à l'industrie. Huawei continuera d'apporter les mises à jour de sécurité et d'assurer les services d'après-vente à tous les smartphones et tablettes déjà vendus et tous ceux disponibles sur le marché à travers le monde. Nous continuerons de construire un écosystème logiciel sécurisé et durable afin d'apporter la meilleure expérience à tous les utilisateurs dans le monde ».
L'Europe continuera à faire affaire avec Huawei
En février déjà, Mike Pompeo, secrétaire d'État des États-Unis, a mis en garde les alliés américains : si ces derniers continuent d'impliquer les équipements de Huawei dans leurs infrastructures de communication, la Maison Blanche pourrait cesser de « partager des renseignements » avec eux, comme l'explique Wired. Une menace entendue par les gouvernements européens, mais qui n'a pas empêché le Royaume-Uni de donner le feu vert à Huawei pour construire une partie de son réseau 5G, comme le rapporte The Telegraph. L'Allemagne pourrait lui emboîter le pas : « Si Huawei répond à toutes les exigences, il peut prendre part au déploiement du réseau 5G », a indiqué Jochen Homann, le président de l'agence de réseau fédérale de l'Allemagne.Pour Chetan Sharma, analyste de l'industrie mobile, si les gouvernements européens font la sourde oreille face aux Etats-Unis, c'est avant tout pour des raisons économiques : « Si vous voulez avoir de l'équipement 4G de Huawei, il est tout simplement logique d'avoir aussi leur équipement 5G, car il y a des incitatifs financiers qui ne peuvent pas être négligés. Ni les exploitants ni les gouvernements n'ont les fonds nécessaires pour remplacer Huawei de leurs réseaux ».
Malgré les interdictions, Huawei continue d'afficher une bonne santé
Perdre l'Allemagne et le Royaume-Uni pourraient porter un coup dur à Huawei qui est « bien implanté » sur le territoire. Si l'Union Européenne a enjoint ses membres à évaluer d'ici juin les risques que pourrait impliquer la 5G de Huawei pour leurs infrastructures, aucune mesure restrictive n'a été prise ou annoncée. Huawei semble pourtant pris en grippe au-delà des frontières européennes : l'Australie et le Japon ont en effet interdit aux fournisseurs chinois de construire des réseaux 5G, Taiwan a renforcé l'exclusion de Huawei déjà interdit d'usage dans les services gouvernementaux, et la Maison Blanche a déclaré « l'urgence nationale » pour signer un décret anti-Huawei.Malgré ces interdictions, les affaires de Huawei n'ont pas terni. Fin mars, la firme aurait déjà signé 40 contrats pour fournir sa 5G, principalement en Europe. Avec une augmentation de 39% de ses revenus au premier trimestre, on se demanderait même si toutes ces mauvaises presses ne lui feraient pas de la publicité.