Malgré le blocage américain, l’Europe ne veut pas exclure Huawei

Cyril Garrech-Casanova
Publié le 20 mai 2019 à 16h20
Huawei

Alors que le torchon brûle entre la Maison Blanche et Huawei, l'Europe opte davantage pour une coopération qu'une confrontation.

Face à un parterre de journalistes, d'entrepreneurs et de PDG de la tech, Emmanuel Macron n'aurait pas pu trouver meilleur endroit pour réaffirmer la position de la France face à Huawei et à son récent blocage aux Etats-Unis. A l'occasion de sa venue au salon Vivatech, Emmanuel Macron a rappelé qu'une « guerre technologique ou commerciale » n'était pas appropriée, avant de prôner la « coopération » et le « multilatéralisme ». Une position pragmatique que ses homologues européens semblent vouloir adopter.

Droit de réponse envoyé par Huawei le 20 mai :
« Huawei a contribué de façon importante au développement et à la croissance d'Android à travers le monde. En tant que l'un des partenaires clés d'Android à l'échelle mondiale, nous avons travaillé étroitement avec leur plateforme open source pour développer un écosystème qui profite à la fois aux utilisateurs et à l'industrie. Huawei continuera d'apporter les mises à jour de sécurité et d'assurer les services d'après-vente à tous les smartphones et tablettes déjà vendus et tous ceux disponibles sur le marché à travers le monde. Nous continuerons de construire un écosystème logiciel sécurisé et durable afin d'apporter la meilleure expérience à tous les utilisateurs dans le monde ».

L'Europe continuera à faire affaire avec Huawei

En février déjà, Mike Pompeo, secrétaire d'État des États-Unis, a mis en garde les alliés américains : si ces derniers continuent d'impliquer les équipements de Huawei dans leurs infrastructures de communication, la Maison Blanche pourrait cesser de « partager des renseignements » avec eux, comme l'explique Wired. Une menace entendue par les gouvernements européens, mais qui n'a pas empêché le Royaume-Uni de donner le feu vert à Huawei pour construire une partie de son réseau 5G, comme le rapporte The Telegraph. L'Allemagne pourrait lui emboîter le pas : « Si Huawei répond à toutes les exigences, il peut prendre part au déploiement du réseau 5G », a indiqué Jochen Homann, le président de l'agence de réseau fédérale de l'Allemagne.

Pour Chetan Sharma, analyste de l'industrie mobile, si les gouvernements européens font la sourde oreille face aux Etats-Unis, c'est avant tout pour des raisons économiques : « Si vous voulez avoir de l'équipement 4G de Huawei, il est tout simplement logique d'avoir aussi leur équipement 5G, car il y a des incitatifs financiers qui ne peuvent pas être négligés. Ni les exploitants ni les gouvernements n'ont les fonds nécessaires pour remplacer Huawei de leurs réseaux ».

Malgré les interdictions, Huawei continue d'afficher une bonne santé

Perdre l'Allemagne et le Royaume-Uni pourraient porter un coup dur à Huawei qui est « bien implanté » sur le territoire. Si l'Union Européenne a enjoint ses membres à évaluer d'ici juin les risques que pourrait impliquer la 5G de Huawei pour leurs infrastructures, aucune mesure restrictive n'a été prise ou annoncée. Huawei semble pourtant pris en grippe au-delà des frontières européennes : l'Australie et le Japon ont en effet interdit aux fournisseurs chinois de construire des réseaux 5G, Taiwan a renforcé l'exclusion de Huawei déjà interdit d'usage dans les services gouvernementaux, et la Maison Blanche a déclaré « l'urgence nationale » pour signer un décret anti-Huawei.

Malgré ces interdictions, les affaires de Huawei n'ont pas terni. Fin mars, la firme aurait déjà signé 40 contrats pour fournir sa 5G, principalement en Europe. Avec une augmentation de 39% de ses revenus au premier trimestre, on se demanderait même si toutes ces mauvaises presses ne lui feraient pas de la publicité.
Cyril Garrech-Casanova
Par Cyril Garrech-Casanova

Rédacteur couteau-suisse depuis des années, j'aime avant tout écrire sur des sujets qui me passionnent et qui changent profondément le monde : sciences et nouvelles technologies, énergie, business, innovations et autres gadgets en tous genres, rien ne m'arrête ! Avec tout de même un petit penchant pour les sujets business et environnement. Je suis aussi un éternel fan de sushis, de raclette et de Final Fantasy.

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Commentaires (7)
sandalfo

Si exclure Huawei ralentit la propagation de la 5G ou la rend plus onéreuse, c’est dommage. Tout le monde (développé) bénéficiera des apports de la 5G.

hmn

Le problème, ce ne sont pas les failles supposées de Huwei, mais bel et bien une simple guerre commerciale entre la chine et les usa. Si les usa savaient comme les chinois on s’en tape de leurs interdictions. C’est pourquoi les ricains veulent embarquer une Europe faible. Perso moi je boycotterai les produits américains, qui sont plein de failles, qui nous espionne à longueur de journée et qui revendent nos données personnelles au plus offrant. A oui, c’est vrai les usa ne nous espionnent pas, c’est pas vrai ma phrase précédente est fausse. Echelon et la NSA sont des organismes d’aide au développement.

Rumpelstiltskin

l’Europe ne fait rien , ce sont des toutous

playAnth95

+1000, l’europe reste spectateur au lieu d’être acteur, au lieu de developper des propres solutions européenes on torche le cul à la chine et aux usa, on porte bien le nom de vieux continent. C’est dommage on a les informaticiens et compétences parmi les meilleurs au monde, mais à cause des dirigeants successifs, de Bruxelles et ces lois à la con, on avance pas on stagne. Existe il une marque européenne d’électronique qui cartonne dans le monde, avons nous un apple ou un samsung européen ? On reste dépendant aux technologies étrangères, à leur bon vouloir et aux guerres commerciales que peuvent se livrer ces dernières. Triste Europe.

dredre

Nous avions, Nokia

dredre

Peut-être parce que l’Europe n’arrive jamais à se mettre d’accord. On voit bien que c’est pas les petits pays divisés qui pourront faire qqch contre les USA et la Chine. Il faut une Europe FORTE pas qui se fait sans arrêt des petites guerres politique entres ses pays.

dredre

Et Airbus est né d’union de nations européennes, d’ou l’importance d’une Europe forte.

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