Le 23 mai, Donald Trump a évoqué pour la première fois un litige avec le géant des télécommunications Huawei, qu'il considère comme « une menace pour la sécurité américaine ».
« Huawei est quelque chose de très dangereux », a déclaré Trump à la presse américaine. « Vous regardez ce qu'ils ont fait du point de vue de la sécurité, du point de vue militaire. Très dangereux ».
Une affaire floue
Malgré cela, Trump a déclaré qu'il y avait une « bonne possibilité » que Washington parvienne à un accord avec Beijing pour mettre fin au conflit commercial qui s'aggrave, et qu'il « était possible que Huawei soit inclus dans un accord commercial ». Les deux parties ont en effet durci leurs positions : les Etats-Unis ont mis sur liste noire les smartphones de la société de télécommunications, par inquiétude que la Chine les utilisent comme outil d'espionnage, tandis que Pékin accusait Washington de « brutaliser » l'entreprise.Les commentaires de Trump contredisent directement les paroles du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, qui déclarait quelques heures auparavant que « Huawei et la question du commerce n'étaient pas liés ».
Dans une interview à CNBC, Pompeo a souligné qu'il existait deux éléments distincts : « le composant de sécurité nationale » et les efforts « visant à créer une relation commerciale équitable, réciproque et équilibrée entre les deux pays ». Il a ajouté : « J'espère que nous pourrons garder ces problèmes à leur place. Nous devons impérativement protéger la sécurité nationale des États-Unis. Nous devons également veiller à bien respecter ces règles commerciales ». Mike Pompeo a, en outre, rejeté les déclarations de Huawei concernant ses relations avec le gouvernement chinois, et a déclaré que toutes les données saisies par la société risquaient de tomber entre de mauvaises mains. « Dire qu'ils ne travaillent pas avec le gouvernement chinois est une fausse déclaration » a-t-il affirmé. Huawei « est profondément attaché non seulement à la Chine mais également au parti communiste chinois ».
De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a averti mercredi que Beijing était prête à « se battre jusqu'au bout » dans sa guerre commerciale avec Washington. « L'utilisation par les Etats-Unis du pouvoir étatique pour exercer de manière arbitraire des pressions sur une société chinoise privée telle que Huawei constitue un harcèlement économique typique », a ainsi déclaré Wang.
Une « urgence nationale »
Les législateurs américains semblent quant à eux se rallier à la position de Washington avec une proposition bipartite, visant à aider les réseaux de télécommunication à éliminer Huawei lors de la mise à niveau des systèmes 5G. Selon le sénateur démocrate Mark Warner, le projet de loi vise ainsi à empêcher « les entreprises soumises aux instructions extra-judiciaires d'un adversaire étranger d'infiltrer les réseaux de communication du pays ». Les entreprises du monde entier s'efforçant de se conformer à la liste noire des États-Unis, arrêteraient de fournir des composants technologiques ou des logiciels américains à Huawei.Panasonic a été le dernier à annoncer qu'il suspendrait les transactions avec Huawei. La société, également japonaise, Toshiba a pour sa part annoncé avoir repris l'expédition de produits à Huawei, quelques heures seulement après avoir annoncé un arrêt temporaire, afin de vérifier si des pièces fabriquées aux États-Unis étaient impliquées. Les principaux opérateurs mobiles japonais et britanniques ont annoncé cette semaine qu'ils retarderaient la sortie des nouveaux smartphones Huawei, à la suite des sanctions imposées par les États-Unis.
Aux États-Unis, les fabricants d'équipement Inphi Corp, Qorvo, Neophotonics et Rogers Corp. ont tous déclaré qu'ils verraient leurs ventes baisser en raison des sanctions imposées via Huawei. La semaine dernière, Trump a déclaré une « urgence nationale » interdisant aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de télécommunication étranger, considéré comme un risque pour la sécurité nationale - une opération considérée comme visant Huawei. Le département du Commerce américain a également annoncé l'interdiction faite aux entreprises américaines de vendre, ou de transférer, de la technologie à Huawei... bien qu'il ait ensuite accordé un sursis de 90 jours. Google a déclaré qu'il couperait les appareils Huawei de certains services sur le système d'exploitation Android.
Huawei a depuis indiqué qu'il pourrait déployer son propre système d'exploitation mobile, cette année en Chine, et à l'international l'année prochaine.
Source : Space Daily