La rumeur courait depuis quelque temps déjà, elle a trouvée confirmation hier soir quand Intel, numéro un des puces pour PC, a annoncé lors de ses résultats financiers son intention de réduire de près de 11% la taille de ses effectifs avec pour objectif un recentrage sur les puces à destination des data centers et de l'Internet des objets. Une annonce qui fait suite à des résultats pour le premier trimestre 2016 plutôt positifs avec une hausse de 7% du chiffre d'affaires à 13,7 milliards de dollars et une marge brute à 59,3% pour un bénéfice net de 2 milliards de dollars.
Une nouvelle qui intervient dans un contexte, longtemps nié par Intel, où le marché du PC est en net repli. Ainsi Gartner et IDC annonçaient un recul de près de 10% des ventes de PC au premier trimestre 2016 avec 64,8 millions d'unités livrées. Des mauvais chiffres qui ont contraint le géant de Santa-Clara à revoir ses prévisions de chiffre d'affaires à la baisse pour l'année en cours. Car si Intel a pu un temps contrebalancer les chutes des ventes de PC aux Etats-Unis et en Europe, la Chine et les marchés émergents voient également leurs ventes chuter. Un nouveau phénomène pour la firme emmenée par Brian Krzanich.
12 000 départs à la mi-2017
Cette nouvelle vague de licenciements au sein d'Intel devrait se composer de départs volontaires et de licenciements qui interviendront à la mi-2017, étant entendu que les salariés concernés seront notifiés dans les 60 jours. Intel espère économiser à terme 1,4 milliard de dollars par an malgré une charge exceptionnelle immédiate de 1,2 milliard de dollars pour le deuxième trimestre 2016. Avec à date 107 000 employés à travers le monde, Intel n'en comptera plus que 95 000 à l'issue de cette restructuration. Reste à connaître l'impact opérationnel de ces licenciements sur les usines et leur personnel notamment alors qu'Intel évoque vaguement des consolidations de sites et des gains d'efficacité.Brian Krzanich, CEO d'Intel lors d'une conférence
Une stratégie centrée sur le data center et l'IoT
Dans un email à ses troupes, le CEO d'Intel annonce donc une restructuration dont les contours restent flous. Brian Krzanich part du constat que les lignes d'activité autour du data center et de l'Internet des objets sont les principaux moteurs de la croissance du groupe. Combinés avec les activités mémoire et FPGA, ces centres de profits ont généré 40% du chiffre d'affaires l'an dernier avec 2,2 milliards de dollars de croissance. Ici donc point n'est question de mobilité, un secteur qu'Intel a laissé filer malgré de nombreuses tentatives plus ou moins fructueuses. Le marché historique des processeurs n'est pas non plus évoqué et l'on suppute ici qu'Intel gérera dans les trimestres à venir sa décroissance alors que ces dernières semaines, l'exécutif à la tête du Client Computing Group, a été remanié avec le départ de Kirk Skaugen.Intel semble donc tout miser sur le Cloud et plus précisément sur les data centers qui l'animent. Un pari logique, où Intel a effectivement une carte à jouer d'autant qu'il est aujourd'hui en position de force. Mais cette position ne sera peut être pas éternelle tant l'ombre d'ARM, qui a déjà taillé des croupières à Intel dans le monde de la mobilité, semble se préciser au cœur des data centers. ARM et pas seulement, d'ailleurs, puisque l'intelligence artificielle qui occupe beaucoup les esprits en ce moment, se base en partie sur le deep learning, une technologie qui a pour le moment recours avant tout à... des GPU et ici ce changement sera évidemment bénéfique avant tout à NVIDIA et dans une moindre mesure à AMD.