« Nous n'avons évidemment pas rempli toutes les attentes à court terme des analystes et des investisseurs. Nous tentons d'améliorer la situation », déclarait le PDG de BlackBerry début juillet, face à ses actionnaires inquiets. Pour poursuivre son redressement à l'abri de la pression des marchés, Thorsten Heins pourrait bientôt retirer sa société de la bourse.
Rien n'est confirmé pour l'instant. La société n'a formulé aucune offre de rachat de son capital par des investisseurs privés, indique une source au fait du dossier consultée par Reuters, mais « il y a un changement de ton au sein du conseil d'administration ». « Perdant à la fois de l'argent et des abonnés, BlackBerry risque d'avoir du mal à convaincre des fonds de capital investissement », estime l'informateur.
L'an dernier, le groupe annonçait vouloir économiser 1 milliard de dollars sur l'année fiscale 2013. Pour ce faire, la direction avait mis en place un plan de réduction d'effectifs concernant 5 000 employés. Le dernier épisode de cette restructuration a eu lieu en juillet avec la suppression de 250 postes au sein du siège social à Waterloo. Quelques jours plus tard, ce sont trois dirigeants qui larguaient les amarres.
Les ventes restent insuffisantes
Le plan d'économies aura permis au groupe de ramener sa perte à 84 millions de dollars en juin 2013, contre six fois plus il y a un an (518 millions). Si le chemin emprunté semble le bon, cela ne suffit pas à rassurer des actionnaires qui rongent leur frein. Et qui attendent plus du constructeur en termes de ventes. BlackBerry a renouvelé sa gamme de smartphones en janvier, mais peine à regagner du terrain.
Ce renouvellement, qui prend de plus en plus une allure de baroud d'honneur, a permis de relancer le chiffre d'affaires. Mais pas autant que l'espéraient les analystes financiers : 3,1 milliards de dollars en juin (+9%) contre 3,36 attendus. Si BlackBerry a bel et bien amélioré ses ventes, de 13%, à 6,8 millions d'unités entre mars et juin, il reste loin de son niveau passé et fait face à des concurrents acharnés.
L'optimisme était pourtant revenu sur les marchés quelques semaines avant la présentation des Z10 et Q10. Des prévisions de ventes rehaussées de l'analyste de la National Bank, Kris Thompson, avaient dopé le cours de bourse de BlackBerry, anciennement RIM, de 12%. Tendance qui s'est maintenue un temps après le lancement officiel : le titre tutoyait même un plus haut de deux ans à 18 dollars fin janvier.
Les actionnaires n'y croient plus
La période de grâce aura duré trois mois, durant lesquels le cours de l'action est resté au-delà des 14 dollars. La présentation des résultats du deuxième trimestre en juin a refait plonger le titre, lequel perdait près de 40%, et retournait sous les 10 dollars. Depuis l'arrivée des nouveaux smartphones en janvier, le bilan boursier de BlackBerry est donc négatif, puisque sa cote a dégringolé de près de 20%.
La capitalisation du groupe de Waterloo représente désormais 4,8 milliards de dollars alors qu'elle culminait à 84 milliards en 2008. De la même manière que Dell, la réorganisation de la société pourrait être menée plus sereinement, et être plus audacieuse, si elle se tenait hors des marchés. Autre point commun avec le texan, BlackBerry se serait approché de fonds d'investissement Silver Lake Partners.