Après trois semaines de procès, la fatigue et l'irritation se font ressentir au tribunal du district de San José, en Californie. Et alors qu'il ne reste que peu de temps à Samsung et Apple pour présenter leurs arguments, la juge Lucy Koh a pointé du doigt ce qu'elle a considéré comme une « erreur stratégique » de la part de l'entreprise sud-coréenne : cette dernière a utilisé trop de son temps de parole pour mener des contre-interrogatoires de témoins d'Apple, sacrifiant ainsi de précieuses heures pour assurer sa défense.
Résultat, à l'ouverture de l'audience de jeudi, il restait à Samsung à peine une heure et demie de temps de parole sur les 25 heures allouées à l'origine. Apple, qui bénéficiait de la même durée de base, disposait encore de 6 heures, raison pour laquelle les avocats d'Apple se sont permis d'appeler de nouveaux témoins. Du côté de Samsung, les choses se compliquent, puisque la société n'a plus assez de temps pour contre-attaquer : la juge a indiqué que l'entreprise coréenne avait passé 14 heures sur 25 à contre-interroger les témoins d'Apple.
« Samsung a pris une décision stratégique en utilisant plus de temps en contre-interrogatoire » a expliqué Lucy Koh jeudi midi. « Je ne vais pas permettre aux parties de déposer de nouveaux éléments qu'elles seront incapables de produire, parce qu'elles ont fait des erreurs stratégiques. Toute incapacité de Samsung à présenter plus de témoins résulte de ses propres décisions. » La firme coréenne, qui réclame 421 millions de dollars à Apple - contre 2,4 milliards du côté de son adversaire - est donc dans une position délicate à l'heure des dernières contre-attaques.
La mise en garde est intervenue quelques heures seulement après celle faite à l'encontre d'Apple, qui a présenté une liste de plus de 20 nouveaux témoins, que la juge a refusé en tant que telle. Lucy Koh a en effet estimé que l'entreprise n'aurait jamais le temps d'interroger tout le monde en moins de 6 heures.
Apple, 2 heures, 6 témoins : challenge accepted
La firme de Cupertino est tout de même parvenue à interroger 6 nouveaux témoins en 2 heures d'audience : Paul Dourish, Tony Givargis, et Mani Srivastava, trois experts, ont été appelés pour tenter de démontrer que deux des brevets de Samsung liés à la lecture de MP3 et au défilement d'images prises par ses smartphones étaient caduques. Hyong Kim, un professeur de la Carnegie Mellon University, a quant à lui tenté de saper les attaques de la firme liée à la technologie 3G. Enfin, Emilie Kim et Tony Blevins, deux anciens employés d'Apple, ont réalisé des témoignages plus didactiques à base de vidéos pour expliquer au jury le fonctionnement de certains éléments d'iOS.
La rapidité de ces témoignages, qui n'ont occupé qu'environ 2 heures, s'explique par le fait que Samsung n'avait plus assez de temps au compteur pour mener des contre-interrogatoires : Apple a donc pu mener la danse jeudi, face à un adversaire qui n'a presque plus les moyens de riposter.
Au terme de la journée de jeudi, il restait à Apple environ 4 heures de temps de parole, contre 24 minutes pour Samsung. Du temps que les deux firmes devraient utiliser vendredi.